Chapitre VII

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Ji-Min.

​« Attends, attends, attends !, je crie soudainement. Laisse-moi respirer un bon coup d'abord.

- Tu es vraiment sûr de vouloir le faire ? C'est la troisième fois que tu fais ça. »

J'ouvre les yeux sur la fille au-dessus de moi puis je baisse le regard sur la machine qu'elle tient entre ses doigts. Il y a quinze minutes, me tatouer avait l'air d'être la meilleure idée de la journée mais là maintenant, c'est tout autre chose.

« Je ne te savais pas aussi peureux Ji-Min, rigole Ashtray.

- La ferme Ducon ! »

Décidant de ne pas plus prêter attention à mon ami allègrement allongé juste à côté de moi, je me concentre sur l'aiguille qui se trouve près de mon cou. C'est moi-même qui ait décidé de me faire tatouer mais c'est beaucoup plus intimidant que je ne croyais. J'ai, maintenant, bizarrement peur de laisser ma peau se faire transpercer.

« Je ne t'aurais pas envoyé ici si je n'avais pas confiance en ce salon de tatouage, fait mon ami tandis que son tatoueur entame son dessin sur son avant-bras. Allez, détends-toi mon pote, ça donnera un super rendu en plus. Tu devrais même en faire deux tant que tu y es. »

J'inspire profondément avant de hocher la tête. Je pense être fin prêt à affronter cette épreuve. La tatoueuse souffle un petit peu avant de finalement commencer son travail. Je m'attendais à avoir un mal de chien mais je me rends vite compte que la douleur n'est pas du tout insupportable, je m'inquiétais pour rien. Peut-être que je devrais vraiment en faire un deuxième comme suggéré par Ashtray.

Le cou étiré vers la gauche et la tête penchée du même côté, je fais de mon mieux pour ne pas avoir des pensées pessimistes. Et si elle perd le contrôle et l'aiguille dévie vers mon oreille pour me casser les tympans ? Et si la tatoueuse me veut du mal en réalité ? Elle pourrait décider de planter la machine à tatouer dans ma carotide et me tuer. Ou pire encore, et si elle ratait mon tatouage ? Le motif que j'ai choisi n'est pas si complexe, mais j'espère qu'elle est aussi douée que Ashtray le prétend. Déjà que je m'expose à une engueulade de la part de mon père pour ça, il faudrait qu'au moins le rendu soit ce que j'imagine.

« Te voir paniquer de la sorte, je dois dire que c'est vraiment jouissif, rigole Ashtray.

- Je ne suis pas en panique, je dis en essayant de paraître le moins tendu possible.

- Ah bon ? »

Ashtray baisse le regard sur sa main que je tiens fermement. J'écarquille les yeux devant nos doigts presqu'entrelacés. Rapidement, je me sépare de lui avant de réprimer une envie de vomir. Je devais vraiment flipper pour l'attraper de la sorte, beurk ! Mon ami rigole à gorge déployer ce qui a le don de m'exaspérer. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois je me laisse entrainer dans ses délires ? Comment est-ce qu'il arrivait à me convaincre de le suivre aussi facilement ?

« Tu vas voir ! Tu vas tellement adorer le rendu que tu voudras revenir une prochaine fois, dit-il dans une grimace de douleur. Regarde, je reviens toujours ici !

- Oui, parce que tu as assez de thune à dépenser ainsi que beaucoup de peau à couvrir encore.

- Les tatouages, c'est class ! Avoue.

- Mouais... »

Ashtray hoche la tête puis la tourne pour se concentrer sur les tableaux ornant les murs de la salle. Il semble se perdre un instant dans ses pensées mais cela ne dure pas bien longtemps : Ashtray n'est pas du genre à rester silencieux, il a toujours quelque chose à dire à chaque moment.

L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant