L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.

Chapitre V

Ji-Min.

​À la minute où je mets un pied en dehors de ma voiture, il tombe une rafale soudaine de pluie qui me fait me demander, pour la n-ième fois de la journée, pourquoi est-ce que j'ai décidé de sortir aujourd'hui. Je me précipite vers un abri et je me rends vite compte que j'aurais très bien pu traverser la route et rejoindre le bâtiment dans lequel je suis supposé aller. Dépité par moi-même, je regarde la pluie se transformer en averse petit à petit. Je crois qu'il est mieux que je brave ce temps pour en finir au plus vite.

​« Ji-Min ? »

Je me retourne vers la voix qui vient de prononcer mon prénom et, en reconnaissant le visage de la personne, je comprends pourquoi j'aurais dû rester chez moi aujourd'hui. Je regrette vraiment de n'avoir pas écouté cette petite voix dans ma tête.

« Comment est-ce que tu vas ?

- J'irais mieux quand je ne te verrai plus. »

Sophiane éclate de rire comme si j'avais dit la blague de l'année. Ses yeux se plissent au point qu'on ne les voit plus et son nez se retrousse un peu tandis qu'elle place devant sa bouche une main parfaitement manucurée pour cacher son rire. Cette fille est vraiment magnifique. Tout chez elle semble faux tellement elle paraît irréelle. Ses longs cheveux bruns et lisses, ses grands yeux bleus, sa peau claire, et ne parlons même pas de son corps... Personne dans le lycée ne pouvait contester sa beauté et pour cause ! Pourtant, sa personnalité est tellement horrible que pour moi, elle est juste repoussante.

« Tu me fais trop rire Ji-Min, dit-elle en me frôlant l'épaule.

- Ce n'est pas une blague !, j'affirme, fixant mes yeux dans les siens. Je me sentirai mieux quand tu ne seras plus dans mes 4 mètres.

- Tu es dur dis-donc. Je pensais qu'on était passé à autre chose toi et moi.

- Tu es la seule à banaliser ce qu'il s'est passé Sophiane. Tu as vraiment été dégueulasse ! »

Son expression toute enjouée s'efface à l'instant et elle affiche une mine exaspérée.

« Orh ça va !, fait-elle. Je n'ai tué personne à ce que je sache.

- C'est sensiblement pareil. »

Elle roule des yeux avant de secouer la tête.

« Tu es vraiment encré dans le passé toi hein !, s'exclame-t-elle avec un sourire. Je n'aime pas les garçons qui ne passent pas à autre chose normalement mais toi, tu restes toujours sexy. »

C'est à mon tour de rouler des yeux. Sophiane est vraiment tout ce que je déteste chez une fille. Pour ne pas passer une seconde de plus avec elle, je me décide enfin à braver « la tempête » afin de me rendre dans le lycée. D'un pas pressé, je me dirige vers le bâtiment qui me fait fasse en faisant de mon mieux pour ignorer la voix de Sophiane. J'aimerai tant ne plus avoir à la revoir...

Après une course aussi dangereuse qu'effrénée, j'arrive enfin à passer les portes de mon lycée. Ça ne fait même pas un trimestre que je n'ai pas mis les pieds dans cette école mais j'ai l'impression de ne pas y avoir été depuis une éternité. Des souvenirs aussi loufoques les uns que les autres refont surface dans mon esprit et tout ça me rend réellement nostalgique. J'aurais tellement aimé passer encore plus de temps dans cet endroit que je trouve réconfortant, mais je dois me rendre à l'évidence que la vie continue. Je me demande comment je vais m'y faire. En réalité, je n'ai jamais été quelqu'un de très ouvert socialement parlant, c'est juste que j'attire l'attention surtout à cause de mes traits physiques. Chacune des amitiés que j'ai tissées avec Éric, Shawn, Ashtray et Félix ont été suscitées par leur fait et non du mien. Je n'ai jamais également eu des tas de copines comme mes amis même si ce n'est pas la file qui est courte. C'est juste que je suis quelqu'un d'un tantinet réservé qui apprécie sa paix. Pourtant, j'ai bien failli croire que ce côté de ma personnalité n'existait pas réellement pendant les trois ans passés dans ce lycée, tellement j'arrivais à facilement m'adapter avec mes amis. Mais en passant ces derniers mois chez moi à ne plus les voir régulièrement, je me dis que ça va être dur de retrouver une vie sociale de ce genre sans eux à mes côtés.