L'Ombre du Lilas Blanc, Tome 1.

Chapitre XVII

Ji-Min.

Pour une raison que moi-même j'ignore, j'entre dans le département réservé au College of Environmental Design sur la pointe des pieds. En vérité, j'ai tellement peur de tomber sur la dame de mon inscription que je fais de mon mieux pour ne pas me faire remarquer. Mais bon, au bout du compte, je me dis que je ne suis sûrement pas assez connu pour attirer l'attention sur moi. Donc, finalement, je me redresse et je marche normalement pour rejoindre ma salle de classe. Après avoir emprunté des tournants, je vois bientôt l'entrée de l'amphithéâtre « CED A2 » se dessiner dans mon champ de vision.

La salle, gigantesque, est en train de se remplir pendant que j'y mets pieds à mon tour. Je m'avance lentement en tentant de repérer des visages familiers mais je n'en reconnais aucun. Pourtant, quelques regards se posent sur moi, certainement à cause de ce tatouage qui orne mon cou. Ou peut-être du fait de mon magnifique minois.

Amusé par ma propre bêtise, je rigole en baissant la tête. Il faudrait que j'arrête de croire que je suis le centre de l'univers. En relevant la tête, je tombe sur une image qui, en plus de me surprendre, me rend anormalement heureux.

G-Meen est assise au beau milieu de l'amphi. Elle a les cheveux relevés en un chignon et regarde sa voisine de table. Son profil est tout bonnement parfait de là où je suis. L'harmonie entre son front sensiblement ressorti, son nez retroussé, ses lèvres rondes et son menton bien dessiné décrit toute sa beauté. Sa peau, d'un teint métissé Light Skin, est uniforme sur tout le long de sa tête et son cou. Quand je m'attarde sur son cou étiré, je me dis que le parsemer de baisers me procurerait un plaisir exquis. J'ai l'impression qu'elle n'a rien besoin de faire pour que je la trouve attirante.

G-Meen tourne sa tête et fait tomber son regard sur moi. Et c'est comme si elle m'appelle à elle juste par cet acte. Plus vite que je ne le veux en réalité, j'avance vers elle pour la retrouver.

« Ne me parle plus de hasard, dis-je avec un sourire. C'est forcément le destin à ce stade.

- Pour une fois, je suis forcée d'être d'accord avec toi. »

Elle fixe ses yeux ambrés dans les miens, sans dégager aucune émotion. Je devrais en avoir marre, je devrais même me sentir vexé de ne jamais lui faire le moindre effet. Pourtant, je suis euphorique rien qu'à l'idée de pouvoir passer tout un trimestre avec elle dans la même classe. Presqu'aussi excité qu'une puce, je prends place à sa droite.

« Quelles étaient les chances que toi et moi nous voyons dans une salle de classe.
- Je ne sais pas exactement mais la probabilité était très faible, dit-elle avant de reporter son attention sur son ordinateur en face d'elle.

- Le destin fait bien les choses.

- En quoi ?

- Je suis bien heureux de te revoir.

- Pourquoi ?

- On pourra mieux discuter toi et moi.

- Je n'en ai pas envie. »

Pour la connaitre – si tant est qu'on puisse réellement le dire – depuis un mois maintenant, je comprends que je ne dois pas le prendre personnellement : elle est froide et directe avec tout le monde sans exception.

« Tu verras que bientôt, si, dis-je avec une assurance apparente.

- J'admire la confiance que tu as quand tu affirmes ça. Ne sois pas déçu du dénouement final.

- Tu es bien sûre de ce que tu avances. Comment tu peux être certaine qu'on ne pourra pas être amis ?

- Je te l'ai déjà dit, je ne suis pas une bonne amie.