Chapitre 1

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          # Roxy

La nuit allait bientôt tomber. La pluie ne s'était pas arrêtée depuis trois bonnes heures. L'autoroute était bouchée. Les voitures ne roulaient plus. Dans les deux sens, elles étaient à l'arrêt. Les plus petits dormaient, certains passagers aussi.

C'était dur de trouver des aires d'autoroutes où il y avait encore de la place pour se garer. Les toilettes, cafés, sandwichs, gâteaux, pompes à essence étaient tous pris d'assaut. Des accidents avaient créé des bouchons, toute la journée. Le trafic avait commencé à ralentir. Les voitures avançaient centimètre par centimètre gagnant des kilomètres par de longues heures d'attente. Au début, dans de nombreuses voitures, on écoutait les infos, la musique, on parlait, on jouait aux cartes, à la tablette, à la DS. En fin d'après-midi, on mettait des films aux enfants pour qu'ils se calment.

La radio n'informait rien de bon.

Seulement que rentrer chez soi allait prendre du temps. Les chassés-croisés des vacances scolaires en automne, étaient déjà compliqués avec le monde sur les routes. Mais cette année les pluies et orages qui s'abattaient en cette saison n'arrangeaient rien, ils empiraient la situation.

Ma musique dans les oreilles, je regardais les gouttes de pluie s'écraser violemment contre la vitre de la voiture. Mon frère à côté de moi, était concentré sur sa partie de Mario kart. Ma mère dormait sur le siège passager et mon père était perdu dans ses pensées devant le volant de notre voiture qui était à l'arrêt depuis longtemps. Depuis trop longtemps. Mes pensées devenaient de plus en plus profondes et je me sentais doucement arrivée dans les bras de Morphée. Puis les paupières lourdes, je crus apercevoir une étoile filante dans le ciel. Je n'en avais jamais vu en vrai, seulement dans les films. Et dans les films elles disparaissent aussi rapidement qu'elles apparaissent.

Cependant, celle-là ne disparaissait pas...

Elle semblait même se rapprocher ... rapidement ... trop rapidement. Mon père leva la tête, fronça les sourcils en regardant le ciel.

Je compris trop tard que ce n'était pas une étoile.

Soudain les gens dans les voitures paniquaient. Certains sortaient, ouvraient les portières, détachaient les enfants, se mettaient à courir. Une fille se mit à hurler dans sa voiture, un cri strident de peur. La panique me gagna et me figea. L'agitation réveilla ma mère, au dernier moment. Arrivée assez bas, la lumière filante sembla disparaître. Je ne la voyais plus, mais je l'entendis. Une explosion.

Forte.

Assourdissante.

Dévastatrice.

Soudain, une lumière éblouissante arriva jusqu'à moi, comme une vague qui engloutit toute l'autoroute.

Je ne voyais plus rien. Le trou noir. Mais je sentais.

Je sentais juste la force de l'explosion faire voler la voiture.

Je sentais juste des éclats de verre me couper le corps.

Je sentais juste l'odeur de brûlé, de cramé.

J'entendais juste à travers un sifflement strident sans fin, des voix, des cris, des pleurs.

J'entendais juste la panique.

Je sentais juste l'angoisse, la peur.

Juste avant de sombrer complètement dans l'inconscience.

                                                                                        ***

Survie avec un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant