# Roxy
Je reprenais connaissance, doucement. Mes paupières papillonnèrent pour s'adapter à la lumière blanche et aveuglante. Je sentais deux bras me tirer en avant. Mes jambes trainaient derrière et mes genoux heurtaient le sol de temps en temps. Ma tête se mit à bourdonner, j'avais l'impression d'avoir le carnaval de Rio dans ma tête, c'était insupportable. J'entendis une porte se refermer, je sentis le froid me fouetter le visage et les bras. Puis des marches en ferrailles qu'on montait. Soudain mes genoux cognèrent violemment la première marche. On m'attrapa plus fermement et plus maladroitement les bras, et ce fut à mes pieds de recevoir chaque coup de marche. Je n'avais plus de force, je me sentais faible comme jamais je ne m'étais sentie auparavant. Si on ne me tenait pas, je tombais par terre et je n'aurai pas eu la force de me relever. Soudain on s'arrêta, on ouvrit une autre porte, on marcha dans un autre couloir. Pour finir par me balancer dans une pièce sombre et m'enlever le sac de toile que j'avais sur la tête. Face contre terre, j'eus à peine le temps de voir la porte se refermer dans un claquement que la pièce fut plongée dans le noir presque total.
***
Ça faisait longtemps que je n'avais pas mangé. Et même si mon ventre criait dans d'horribles gargouillis de le nourrir, ce n'était pas ma priorité. Je ne pensais qu'à une chose : sortir de cette prison. On m'avait enfermé dans un cachot, une pièce sombre avec pour seule lumière, le jour que laissait apparaître le bas de la porte. C'était une lourde porte de fer, grande et froide qui se dressait devant moi. J'avais la rage. S'il y avait bien quelque chose que je haïssais, c'était d'être enfermée, d'être contrainte. J'en devenais folle. D'abord ces hommes se permettaient de détruire une ville, de détruire une autoroute, de tuer des millions d'innocents. Et ensuite ils prenaient un malin plaisir à m'enfermer.
C'était d'abord la colère et la rage qui avaient parlé. Puis elles avaient laissé place au doute, à la peur, à l'inquiétude. Où est ce que j'étais ? Est-ce que les autres étaient aussi ici ? Est-ce qu'ils étaient encore en vie ? Est-ce que le groupe allait bien ? Et Maël ? L'avaient-ils enlevé lui aussi ? Ou l'avaient-ils tué ? Trop de questions, trop de doutes couraient dans mon esprit sans que je puisse les attraper pour les faire taire. Je doutais, je ne savais pas où j'étais, ni comment allaient les autres. La peur me tiraillait le ventre encore plus que la faim. Ma tête me faisait horriblement mal. Je passais ma main sur mes genoux écorchés, sur mes flancs aussi douloureux. Je devinais les bleus sur mon corps.
Soudain le verrou de la porte se fit entendre. Puis cette dernière s'ouvrit en grand sur trois hommes. Ils étaient grands, et à contre-jour, je ne voyais pas leur visage. Puis celui de droite amena une chaise au centre de la pièce où je me trouvais. Il voulut m'attraper mais je me débattis et m'éloignai de lui. Alors avec l'aide du deuxième, ils m'attrapèrent les bras et me ligotèrent à la chaise. Je ne disais rien mais je les fusillais du regard. Pourquoi je n'avais pas pris des cours de boxe dans une autre vie ? Les deux hommes se placèrent de chaque côté de la chaise, les mains dans le dos. Celui qui était encore sur le seuil de la porte s'avança vers moi, l'air confiant et menaçant. Il avança sa main vers ma tête avec une lenteur déconcertante. J'éloignai mon visage le plus possible. J'aperçus un sourire perfide et moqueur se dessiner sur ses lèvres. Il continua son geste et fit glisser sa main le long de ma joue puis il attrapa ma mâchoire entre ses doigts, la serra me forçant à grimacer. Il fit tourner ma tête et l'analysa sous toutes ses formes avant de me lâcher et de se reculer d'un pas. Sa petite barbe blanche lui donnait l'air mature et vieux.
Je bougeais ma mâchoire qui me faisait mal sans le quitter des yeux. Il ne me quittait pas du regard non plus. Comme s'il était face à un bien qu'il allait acheter, il m'examinait de la tête aux pieds. Puis il me questionna sur un ton pausé comme si c'était son lundi matin habituel :
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Survie avec un peu d'espoir
AçãoDes retours de vacances ils en ont connu un paquet mais celui-là ... Roxy, étudiante, rentre de vacances avec sa famille. Maël, militaire, est en permission avec son frère. Rien ne les prédestinait à se croiser...