Chapitre 9

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         #Roxy

Je m'empressai de le détacher pour l'aider mais il m'interrompit en m'attrapant le bras de sa main ensanglantée. Je fronçai les sourcils d'incompréhension.

         - Je dois partir. S'il vous plait, aidez-moi, abrégez mes souffrances.

Ma bouche resta ouverte, figée, par la demande de cet homme. Je ne pouvais pas faire ça. Je me tournais vers Maël les yeux grands ouverts, pour être sûre qu'il avait entendu la même chose que moi. Son regard mi-compréhensif, mi-sérieux me le confirma. Je n'avais pas rêvé. Je me retournai vers l'homme.

        - Mais on peut vous aider. On peut vous sortir de la voiture.

        - Et après ? Je vais mourir de mes blessures, je n'ai pas mangé depuis trop longtemps pour que je sache combien de jours exactement, je n'ai plus d'eau.

        - Mais...

        - Roxy, me coupa Maël.

Sa voix grave était calme. Je savais ce qu'il fallait faire, encore une fois je savais mais je ne voulais pas l'accepter. Parce que je n'acceptais toujours pas ce que nous vivions. Et c'est comme si cette réponse je l'avais trouvée dans les yeux de cet homme. Il allait mourir mais n'avait pas peur. Il voulait partir en paix et je n'avais pas le droit de l'en empêcher.

         - Comment vous appelez-vous ?

         - George, me répondit-il avant d'ajouter. Jeune fille, il faut que tu acceptes de ne pas pouvoir sauver tout le monde, vous avez déjà un beau groupe, faites en sorte de survivre à ce qui nous arrive.

Pourquoi je lui avais demandé son nom ? Dans très peu de temps ça n'aurait plus d'importance, personne ne l'appellera plus jamais. Mais au moins, ce ne sera pas un fantôme anonyme. Celui-ci j'aurais eu le temps de lui demander son nom, une information si peu importante face à la situation. Et comme pour m'encourager à me lever, je lus dans les yeux de George, une gratitude sincère qui aurait pu se traduire par « Merci de me laisser partir ». J'inspirais profondément pour me donner la force de laisser partir une personne que je pensais pouvoir aider. Puis me levai après avoir entendu un dernier mot de sa part :

         - Allez.

Ce n'était pas pour lui qu'il l'avait dit, c'était pour moi. Il me regardait dans les yeux avec une gentillesse que je n'avais pas vu depuis longtemps. Il avait dit ce « allez », pour me signifier que je ne faisais pas le mauvais choix, que je ne devais pas m'en vouloir. Je devais juste continuer mon chemin. Maël prit ma place devant l'homme et je lui passai le couteau que j'avais dans ma poche. Il me regarda et sans attendre je hochai la tête pour lui dire de le faire. D'un coup habile de la main sans souffrance et rapide, il abrégea les souffrances de George.

Nous nous étions remis à marcher après avoir vérifié s'il y avait des choses intéressantes dans les voitures. A part quelques outils, dans un camion de chantier qui s'était renversé dans le fossé, nous n'avions rien trouvé. La route était jonchée de plusieurs trous. Des blocs de béton s'étaient arrachés à la route, à cause de la force des missiles qui s'y étaient écrasés. Maël avait distribué les deux, trois outils qu'il trouvait intéressants à garder à des personnes du groupe. On pourrait toujours se défendre avec. Maël marchait à côté de moi et il me semblait moins tendu alors je m'excusai en regardant la route devant moi :

         - Au fait, je suis désolée de t'avoir parlé comme ça. Je ne pensais pas ce que je disais.

Il ne dit rien, il restait imperméable à mes paroles, un vrai mur de briques ce type. J'aurais pu parler à une pierre, elle aurait réagi de la même façon.

Survie avec un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant