#Roxy
Ce soir-là, je me retrouvais seule en train de fixer les flammes qui dansaient au grès du vent et qui consumaient les feuilles d'automne et les bûches. Le froid titillait mes mains qui tenaient une tasse de camping en céramique. Le regard dans le vide, la chaleur du feu parvenait jusqu'à mon visage. C'était une chaleur agréable, réconfortante, chaleureuse, paisible. Une chaleur qui redonnait un peu de force au cœur pour battre. Une chaleur qui redonnait un peu d'air aux poumons. Une chaleur qui redonnait un peu d'espoir aux âmes vagabondes. Perdue dans ma contemplation, je n'entendis pas Cassia venir s'assoir à côté de moi.
- Tu as retrouvé le sourire, dit-elle simplement.
Je hochai la tête sans perdre de vue le feu en train de crépiter. Je sentis Cassia hésiter, mais elle se ravisa et me demanda naturellement :
- Comment tu te sens ?
J'inspirais profondément voulant inhaler toute la chaleur que m'envoyait ces flammes. Puis je lui répondis :
- Ҫa va. Je ... je veux juste qu'ils ...
Elle baissa les yeux ayant compris la fin de ma phrase. Cassia était contre la violence, elle n'aimait pas ça. Et j'aurais voulu garder mon innocence et croire que l'on pouvait régler les choses autrement. Seulement, je n'étais plus innocente. Je savais et ça me faisait peur. Mais je ne pouvais pas l'ignorer.
- Cassia. Ils ne connaissent pas la douceur. Ils ne connaissent que la force et la violence. Je ne suis même pas sûre qu'ils soient en mesure d'entendre ce qu'on aurait à leur dire.
Elle hocha la tête. Des échos d'éclats de rire nous parvinrent. De l'autre côté du feu, j'apercevais, Leslie et Malo pliés de rire face à la mine déconfite de Ryder. Maël était à côté d'eux, un sourire en coin. Je regardais Cassia et vit une étincelle illuminer ses yeux. Une étincelle que j'avais rarement vu dans les yeux de quelqu'un. C'était le genre d'étincelle qu'on imagine briller dans les yeux d'une amoureuse silencieuse. Parce que parfois, il suffit d'un regard pour comprendre.
- Alors ?
- Alors quoi ? me répondit-elle.
- Allez pas avec moi s'il te plaît. Ce n'est pas parce que je ne dis rien que je n'ai rien remarqué.
Elle rougit. Un sourire timide et excité à la fois fendit son visage.
- Je tiens beaucoup à lui, finit-elle par dire aussi rouge que des guirlandes de Noël.
- AH ! J'en étais sûre.
Je sautais presque de joie sur place. Ҫa fait des jours qu'ils se tournent autour et restent collés l'un à l'autre tous les soirs.
- Et lui qu'est-ce qu'il en dit ?
Elle rougit de plus belle et j'avais juste envie de rire face à son immense timidité.
- Bah, pas grand-chose.
- Mais ...
- Mais il y a un mais ! Voilà Roxy ! Arrête de chercher puisque tu sais, pourquoi tu veux que je te le dise, s'énerva-t-elle en rigolant, gênée.
Je n'insistai pas. C'est à ce moment que Stéphane se leva sur un rondin de bois pour être en hauteur et déclara une mission ravitaillement pour demain. Souvent des groupes partaient chercher de quoi arranger le hangar, de la nourriture et tout ce qu'on trouvait utile et qui pourrait nous servir. Je partais pratiquement tout le temps avec deux trois personnes. Cette fois il y allait avoir seulement trois groupes. Maël se porta volontaire sans surprise. Moi aussi je l'étais. Quelques autres mains se levèrent.
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Survie avec un peu d'espoir
ActionDes retours de vacances ils en ont connu un paquet mais celui-là ... Roxy, étudiante, rentre de vacances avec sa famille. Maël, militaire, est en permission avec son frère. Rien ne les prédestinait à se croiser...