Chapitre 8

65 8 2
                                    




#Roxy

J'avais la boule au ventre.

« Mais les AUTRES t'en n'a RIEN A FAIRE ! »

J'avais crié.

« Tu pourrais tous nous laisser CREVER ! »

J'avais peur. Peur d'avoir raison. Je voulais me tromper, je voulais avoir tort. Parce que je voulais mettre ça sur le dos de la fatigue, de la tristesse, de l'angoisse, de la peur. De ma peur.

« Tu ne sais pas ce que tu dis. »

Non je ne savais pas ce que je disais. J'avais juste envie de fondre en larmes. Comme certains l'ont fait cette nuit, en silence.

« Et quand des gens meurent, on ne s'enterre pas avec eux ! On avance ! »

Avancer. Mais où ? Je guidais le groupe vers une ville sûrement en piteux état. Peut-être même qu'on se ferait de nouveau attaquer là-bas. Et moi je les guidais tout droit vers le danger, vers l'inconnu. J'avais un poids immense sur la poitrine. Le poids de la solitude. Je me sentais terriblement seule. Même si j'avais trente personnes derrière moi. J'avais juste l'impression de sombrer, de tomber. Une chute sans fin.

« Parce qu'il va nous en arriver des merdes ! »

Ce n'est que le début et je sombre déjà. Le début de quoi ? L'enfer sur Terre ? C'était le début et j'avais déjà perdu mon père, ma mère, mon frère. Et maintenant Melissa qui faisait partie de notre groupe. Non. Je ne les avais pas perdus. On me les avait enlevés. Une flamme s'alluma, un feu naissait, une envie grandissait. Celle de la vengeance.

Leslie arriva à ma hauteur et me dit :

-          Je sais que t'es tendue. D'ailleurs tout le monde le sait parce que tu marches dix fois plus vite qu'hier.

Je ralentis le pas me rendant compte que le groupe s'étirait.

-          Je ... Est-ce que ça va ?

-          Je ne sais pas, Leslie. Je ne sais pas si ça va. Je ne sais pas où je les emmène.

-          T'es perdue ?

-          Non. Je veux dire ... qu'est-ce qu'on va trouver là-bas ? On pourrait se faire attaquer.

-          On pourrait ... croiser des « merdes ». C'est vrai. Il a raison.

Je fermais les yeux et pinçais les lèvres. Puis je les rouvris.

-          Ok. Il est sacrément ... comment dire ça gentiment ? chercha-t-elle.

-          Il est brusque.

-          Oui. Il est énervant certes mais il réfléchit, il n'est pas stupide.

-          Je sais.

Un silence tomba, durant lequel les reproches me montaient à la tête. J'avais agi sous le coup de la colère, de la tension et je me trompais. J'avais dit des choses que je ne pensais pas.

-          Je sais aussi que je lui dois des excuses. Je ne pensais pas ce que je disais.

-          Comme quoi ?

Leslie avait le don de pousser les gens dans leurs retranchements, de les pousser à bout. Je suis sûre qu'elle ferait une super négociatrice.

-          Comme le fait qu'il ne pensait qu'à lui. Ou encore qu'il n'en avait rien à faire des autres. Ou que parce qu'il était dans l'armée il pouvait s'en sortir seul.

Survie avec un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant