Chapitre 28

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# Maël

Les jours passaient et le froid s'amplifiait. Les rations diminuaient pour que nous puissions tous tenir jusqu'aux beaux jours. En attendant, nous nous entraînions. Tous, tous les jours sans exception. Ayant mare d'entendre toujours « camp » ou « hangar » pour désigner l'endroit où nous vivions. Survivions. Malo et Cassia s'étaient amusés à trouver un nom au camp, Brocéliande, par rapport à notre point fort et au point faible des tarés récidivistes du monde. Malo avait trouvé ce nom qui appartenait à la célèbre forêt du roi Arthur, près de chez lui en Bretagne. Tout le monde l'avait pris très au sérieux, et ce nouveau mot faisait maintenant partie du vocabulaire courant.

Si tout le monde prenait au sérieux les entraînements, ils étaient tous animés par une envie de vengeance, vis-à-vis de ces tarés qui leur avaient enlevé leur famille aussi brutalement.

Cette nuit-là, le sommeil ne venait pas. D'habitude j'arrivais à faire le vide dans mon esprit pour me reposer. Mais pas cette fois-ci. Je sentais qu'on bougeait. Puis des pas, discrets, se voulant silencieux se dirigèrent vers la porte. Je me redressai doucement et aperçus une silhouette élancée passer la porte et la refermer en silence derrière elle. Je me levai à mon tour. J'avais deviné à qui cette silhouette appartenait. Quand je sortis, le vent froid me piqua violemment les joues. Je ne la vis pas du premier coup puis j'aperçus du mouvement. Je me dirigeai vers elle. Elle s'étirait prête à faire du sport, à courir certainement. Ҫa ne m'étonnerait pas d'elle qu'elle ait l'idée de courir en pleine nuit. Tout d'un coup, elle s'immobilisa, elle avait entendu mes pas sur la neige.

-          Tu ne dors pas ?

-          Pas la peine que je te retourne la question, répondis-je.

Elle ne souriait pas. Elle était sérieuse, déterminée, prête à en découdre au premier des tarés qu'elle croiserait. Je savais qu'elle avait du mal à dormir. Je savais aussi ce qui la bouffait de l'intérieur sans que personne ne puisse rien y faire. Même pas moi. Elle avait ses démons et essayait de les contrôler comme elle pouvait. Roxy était forte, déterminée, intrépide, audacieuse, réfléchie, par moment seulement. Seulement un manque immense se trouvait en elle, elle était jeune et avait perdu ses parents d'une façon si brutale que je ne pouvais pas l'imaginer. J'étais un militaire, je connaissais la mort, je travaillais à ses côtés, je connaissais la violence, c'était mon arme de travail. Mais elle ...

-          Les jours ne me suffisent plus à me fatiguer pour dormir la nuit, dit-elle soudainement, comme si les mots lui brulaient la langue.

-          Donc tu t'entraînes jusqu'à l'épuisement.

-          Je veux être prête, je veux leur faire payer, leur faire bouffer la poussière comme ils nous l'ont fait bouffer.

Elle se tourna vers moi, dans la nuit je la voyais à peine. Mais je sentais de là où j'étais sa détermination. Sans un regard en arrière, elle s'éloigna puis se mit à trottiner dans la neige, sa queue de cheval se balançait au rythme de ses pas. Elle était belle, déterminée. Je la rattrapai à petites foulées, et nous courûmes, dans la neige et la nuit froide de l'hiver. D'abord tendue et étonnée, elle finit par se faire à ma présence et à se détendre.

Les nuits passaient et nous répétions les mêmes mouvements encore et encore, courions la nuit autour du hangar encore et encore. Je m'entraînais à tirer à l'arc avec elle. Là c'était Roxy qui me donnait des conseils. Je l'aidais à se battre. Je lui donnais des conseils, la repositionnais de temps en temps, lui donnais des tactiques en cas de mauvaise position. Et elle se défoulait sur moi, j'étais devenu son punchingball.

Survie avec un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant