Survie avec un peu d'espoir

Chapitre 18

          # Maël

J'avais garé la voiture et nous avions fini le chemin à pied. Nous sommes passés par la forêt pour observer la base avant d'y rentrer. Malo, Ryder et moi avions enfilé les habits de militaires. Malo avait pris ça pour un déguisement, Cassia avait dévisagé Ryder certainement en train de l'imaginer quand il était dans l'armée. Et Leslie m'avait gentiment fait une réflexion sur le fait que l'uniforme me rendait plus « autoritaire ». La nuit était tombée depuis longtemps. Nous avions roulé presque une journée entière. Pour cause de ce retard : des gravas d'immeubles effondrés qui bloquaient les routes, et une panne d'essence. Ça ne m'avait que plus énervé. Leslie m'avait fait des reproches, encore. Le ton était monté et la tension dans la voiture aussi. Lorsqu'on se posta en observation, nous nous rendîmes compte du nombre de gardes postés à chaque entrée, d'autres qui faisaient des rondes. Ça n'annonçait que plus d'hommes à l'intérieur. Le visage fermé, les femmes et les hommes qui montaient la garde semblaient aussi énervés que concentrés.

          - Ce qui est sûr c'est qu'on ne va pas passer par là, dit Ryder tout bas.

          - Faut qu'on trouve des portes moins surveillées, indiqua Cassia.

          - Ce n'est pas la peine de perdre notre temps, ils seront à chaque entrée, lui fis-je savoir.

          - Alors on rentre par où si on ne passe pas par les portes ? questionna Malo interloqué comme si, sans porte, on ne pouvait pas rentrer dans un endroit.

          - On va passer par les souterrains, ils sont vieux et inutilisés depuis des années.

          - Tu les connais assez pour ne pas te perdre ? s'assura mon frère.

Je le regardais. Je n'allais pas lui mentir.

          - Y aura des indications.

Leslie s'offusqua mais je ne l'écoutais pas et me relevai pour trouver l'entrée des souterrains. J'ouvris une bouche d'égout sous les regards peu assurés de ceux qui me suivaient. Avant de prendre les escaliers pour s'enfoncer sous terre j'attrapai un gros bout de bois et enroulai le bout avec mon ancien tee-shirt. Ryder sortit son briquet, et mit le feu au tee-shirt. Je descendis en premier suivi de Malo, Leslie, Cassia puis Ryder qui referma l'entrée derrière lui.

Plongés dans le noir, les pieds sur un sol sale et humide, avec pour seule lumière la torche de fortune, nous avancions sans un mot. Il faisait froid mais je ne le sentais pas, j'étais trop concentré. Cassia grelottait et Leslie n'arrêtait pas de se plaindre. Elle ne se la fermera décidément jamais. J'avançais en faisant attention où je mettais les pieds. Je ne pensais qu'à retrouver Roxy saine et sauve. La culpabilité me tiraillait le ventre. Si je n'avais pas su sauver ma mère, je devais sauver Roxy.

Au bout d'un bon quart d'heure dans le noir et au milieu de déchets tous plus vieux, les uns que les autres, Leslie lança :

          - On n'est pas déjà passé par là ?

          - J'espère qu'on n'est pas perdu, commença Cassia inquiète.

          - Moi j'espère qu'on n'est pas en train de tourner en rond, réitéra Leslie agacée.

          - On n'est pas déjà passé par là, grinçai-je à bout de nerf.

Leslie me poussait à bout et la seule raison pour laquelle je ne lui sautais pas à la gorge c'est parce que la priorité c'était Roxy. Pas elle.