Chapitre 21

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         # Roxy

J'étais assise au coin du feu, occupée à nettoyer comme on pouvait les assiettes de substitutions quand le ton entre Leslie et Maël commença à monter. Je les laissai se disputer tout en sachant au fond qu'ils ne se haïssaient pas pour autant. Maël reprochait à Leslie d'être partie sans rien dire quand ils venaient me chercher à la base militaire. Elle essaya d'argumenter :

          - Peut-être mais si je n'étais pas partie, je n'aurais pas trouvé toutes ces expériences.

Il jura :

           - Si t'étais restée calme et que tu nous avais suivis, il n'y aurait pas eu de problème. Mais non, madame doit forcément n'en faire qu'à sa tête et mettre tout le monde en danger.

Elle rétorqua :

          - Ҫa va, c'est bon, ce n'est pas si grave, personne n'est mort tout le monde est rentré, youpi, c'est la fête au coin du feu, arrête de te morfondre.

Là je crois, que Maël le prit mal. En effet, le roc la dévisagea, le regard plein de reproches, mais Leslie ne se ravisa pas pour autant et soutint son regard. D'une oreille distraite, je les écoutais tout en ramassant une autre assiette. Lorsque je me redressai, je sentis une électricité frémissante chatouiller l'air. Les yeux de Maël s'étaient assombris, le visage de Leslie était moins confiant. Ils se disputaient en silence maintenant.

          - Et si on se calmait, tentai-je prudente comme si j'étais entouré de deux marmites dont le couvercle allait à tout moment voler en l'air à cause de l'ébullition.

L'arrivée de Malo eut le don de casser cette atmosphère de tension. Il remarqua les traits du visage de Leslie tirés, fixa Maël les sourcils froncés, puis commença à pouffer de rire sous leur regard meurtrier. Je souriais de plus en plus prête à partir en fou rire avec lui sans trop de raison. Ok j'étais peut-être un peu fatiguée à ce moment-là. Mais qu'est-ce que ça faisait du bien de rire.

           - Vous verriez vos têtes ! s'exclama-t-il joyeux.

Son sourire ressemblait à un rayon de soleil. Après avoir analysé un peu plus la tête de Leslie et Maël, j'explosai de rire. Maël fut surpris et me regarda, interloqué, mais je n'y faisais pas attention. Je riais à en avoir mal au ventre. Je riais. Je ne savais pas pourquoi, mais je le faisais et je n'en avais rien à faire de ce que penseraient les autres. Je riais parce que peut-être que demain, je ne pourrais plus le faire. Ce séjour avec les tarés qui veulent recommencer le monde, rien que ça. Ce séjour avec eux m'avait permis de prendre conscience, même si je le savais déjà, que le monde avait changé. Ҫa avait été comme une confirmation. Cette fois j'en étais sûre, plus de retour en arrière possible, plus d'illusion à avoir, le monde dans lequel j'avais grandi n'était plus. Le monde dans lequel j'allais devoir survivre avait émergé.

Le regard dur de Maël, n'empêcha pas Malo de rire, bien au contraire, ça ne fit que l'encourager à continuer :

          - Oh ça va ... on rigole ! lança-t-il.

          - On est plié de rire c'est vrai. Qu'est-ce qu'on se fend la poire, rétorqua sarcastiquement Leslie, qui n'était pas vraiment en train de rire.

Il nous fallut un petit peu de temps pour nous calmer avec Malo. A force Leslie avait fini par sourire. Mais Maël s'il ne souriait pas extérieurement, j'étais presque sûre que dans sa tête, il souriait. Une fois vraiment calmée, je remarquai le visage tiré de Leslie. Il n'y avait pas seulement de la fatigue, quelque chose la tracassait.

Survie avec un peu d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant