# Ryder
J'attrapai une autre caisse remplie de bocaux de féculents et de boîtes de conserves. Nous avions passé une bonne demi-heure à essayer d'ouvrir un portail roulant électrique coincé par l'humidité. De l'autre côté se trouvait des cartons destinés à être livrés dans des grandes surfaces ou des restaurants. Nous étions arrivés avec trois grosses voitures pour être sûrs de pouvoir ramener un maximum de choses. Les cartons étaient imbibés d'eau. On était obligé de les défaire et de prendre seulement la nourriture.
Nous étions deux par voiture et c'était mon frère qui m'accompagnait. Il semblait calme, en tout cas, il ne s'était pas opposé quand je m'étais proposée de l'accompagner. Ce qui m'a au début surpris, puis j'étais vite monté dans la voiture avant qu'il change d'avis. Il avait conduit dans un silence de plomb et ça ne m'avait pas dérangé. De temps en temps, je sentais bien que je l'agaçais. De temps en temps ? Bon ok, très souvent. Bien qu'on soit frère, nous étions très différents. J'étais le genre de gars qui allait montrer ses gros muscles, se la péter et partir au quart de tour. Alors que Maël était plus du genre à observer, à réfléchir, à avoir toujours un coup d'avance sur les autres. Il s'énervait aussi, mais pas de la même façon. Si j'aimais être entouré et prendre la vie beaucoup moins au sérieux que Maël. Mon frère aimait régler les problèmes seul parce qu'il était sûr de pouvoir compter sur lui. Alors qu'en équipe ... il était obligé de faire attention aux autres, leur dire ce qu'il fallait faire, les guider .... Ҫa prend beaucoup plus de temps que d'avancer tout seul.
Il y a cette phrase qui dit : « Seul on va vite, à plusieurs on va loin ». Il n'en a rien à faire d'aller loin. Avec lui, il faut que les choses avancent, que les gens ne prennent pas trois ans à réfléchir, à comprendre. C'est ce qu'on lui reprochait souvent en tant que soldat. Avant que des tarés décident de refaire le monde, il était chef de groupe. C'est souvent remonté aux oreilles de notre père qu'il aurait dû être espion et pas soldat. Parce qu'un espion travaille seul, qu'il est discret et qu'il a toujours un coup d'avance. Alors qu'un soldat avance avec son unité, ses frères d'armes. Maël n'avait pas cette vision des choses. Ҫa faisait de lui un soldat exceptionnel. Il réfléchissait vite et par conséquent réagissait vite. Je voulais tellement lui ressembler, avoir ses qualités.
***
J'étais assis côté passager dans la voiture sur le chemin du retour et pour une fois mon frangin fermait la marche. Alors qu'il était concentré sur la route, je lui posai une question qui le prit un peu au dépourvu :
- Est-ce que tu penses que c'est une connerie moi et Cassia ?
Il fronça les sourcils. Il avait très bien compris ma question, c'était juste qu'il ne s'y attendait pas.
- Pourquoi tu me demandes ça à moi ? Et pourquoi ce serait une connerie ?
- 1, c'est toi que j'ai sous la main. 2, parce que vu le monde dans lequel on vit, ce n'est peut-être pas sérieux.
Sauf erreur de ma part, ce n'est pas vraiment son domaine les relations humaines. Et en plus d'être celui que j'ai sous la main, c'était mon frère.
- En même t...
- Tu penses qu'il aurait dit quoi papa ? le coupais-je.
- Est-ce que tu l'as sous la main ? dit-il tout d'un coup sèchement.
Faire référence à notre paternel n'était peut-être pas la meilleure des idées. Dès qu'on l'énonçait, Maël se braquait, s'énervait. Ҫa lui était même arrivé de devenir complètement fou de rage une fois. Il s'était mis à taper dans les murs et même notre mère n'avait pas réussi à le calmer. D'aussi loin que je me souvienne, ça a toujours été compliqué entre notre père et Maël. Cependant je ne pouvais pas m'empêcher de l'imaginer nous réprimander, nous dire ce que nous devions faire ou ne pas faire dans telle ou telle situation.
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Survie avec un peu d'espoir
ActionDes retours de vacances ils en ont connu un paquet mais celui-là ... Roxy, étudiante, rentre de vacances avec sa famille. Maël, militaire, est en permission avec son frère. Rien ne les prédestinait à se croiser...