𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗

1.1K 46 14
                                    

"Ce qu'il faut chercher et trouver c'est la douceur sereine d'une inébranlable paix."

𝐉𝐀𝐃𝐄 𝐉𝐎𝐇𝐒𝐎𝐍

Comme chaque nuit depuis que ma vie est brisée, je me retrouve, âme égarée, errant à la frontière du sommeil. Une frontière où les cauchemars, semblables à des monstres d'ébène, refusent ce soir de me capturer. Mon regard se pose sur la fenêtre, un cadre d'où les branches d'un arbre s'élancent et dansent gracieusement, enlacées par les murmures du vent nocturne, tels des amants secrets.

Je suis dépourvue d'émotions, un vaisseau vide voguant sur une mer de désespoir. Mon esprit est prisonnier d'une boucle infernale, une bande de film usée par le temps, projetant sans fin les images de mon enlèvement. Mon cœur est fissuré comme un vieux vase de porcelaine, et mon esprit, brisé à jamais, ressemble à un miroir éclaté, chaque fragment reflétant la douleur d'un passé inéluctable.

Je me lève de mon lit, et mes pas, tels des spectres, tracent des cercles dans la pièce, emportée par un tourbillon de pensées, un maelström de tourments qui me ronge de l'intérieur. Le plancher craque sous mes pieds, écho de ma solitude, symphonie de mon désespoir.

Soudain, une idée, telle une étoile filante, traverse mon esprit. Et si cela pouvait m'aider à me sentir un peu plus humaine, à échapper à cette sensation de cadavre ambulant parmi les vivants ? Je me mets à fouiller frénétiquement dans les tiroirs, chaque geste désespéré, chaque souffle suspendu, en quête de ce qui pourrait devenir un trésor pour mes yeux tourmentés. Enfin, mes doigts rencontrent l'objet tant recherché. Un frisson parcourt mon échine.

Une première cicatrice, une ligne rouge sur le parchemin de ma peau, puis une deuxième, et d'autres encore, jusqu'à ce que le compte soit perdu dans un océan de douleur.

Aïe. Le cri muet de mon âme.

Les larmes commencent à couler, des perles salées dévalant mes joues comme une pluie d'été, mais le vide persiste, implacable. Ma respiration devient saccadée, chaque souffle une lutte, et le monde se met à tourner, une valse macabre autour de moi. Mes jambes, trahies par la douleur, cèdent, me laissant tomber à genoux sur le sol glacé. Je suis une épave, inutile, dégoûtée par moi-même. Comment pourrais-je encore me considérer comme humaine ? Je suis un monstre, un spectre hideux.

— Jade ! s'exclame une voix, dure mais teintée d'inquiétude.

Je sursaute, comme un oiseau effarouché, détournant mon regard de mes poignets lacérés pour le poser sur la silhouette qui vient d'envahir ma chambre.

— Alex, murmure ma voix brisée, un écho lointain.

— Putain, tu fais chier, s'indigne-t-il avant de repartir, laissant derrière lui une traînée de colère.

Je ne suis même pas choquée. C'est un connard, un roc insensible, et il ne changera probablement jamais. Pourtant, une étincelle d'espoir avait survécu après notre dernière rencontre. Avant qu'une autre pensée nocive n'envahisse mon esprit, mon ennemi revient, une trousse de secours à la main, ses gestes soudain plus doux.

-Mais tu fais quoi ?

-Nos chambres sont juste à côté. D'habitude, je t'entends faire des cauchemars. Mais cette nuit, c'était le silence, alors je me suis inquiété.

Alex s'inquiète pour moi ? Un miracle, une lueur dans la nuit. Il attrape délicatement mon bras ensanglanté, et avec un coton imbibé de désinfectant, tapote sur mes plaies, ses gestes aussi délicats que des ailes de papillon.

-Tu n'es pas obligé de faire ça, tu sais.

-Ferme ta gueule.

Des picotements parcourent mon corps, des étincelles sur ma peau, mais je ne réagis pas davantage. Je fixe ses mains, ses gestes, cette danse silencieuse entre nous. Ses mots sont des lames, mais ses gestes sont des caresses. Il finit par ajouter un bandage pour stopper les saignements, et je me mords la lèvre inférieure, sentant l'angoisse monter en moi. La proximité entre nous est un feu, brûlant et inquiétant. C'est la première fois que je suis consciente de ses mains sur moi depuis cet événement traumatisant. Je suis inquiète, mais je lui fais confiance. Alex est un connard, mais pas à ce point.

Love me if you can-TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant