𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈𝐈𝐈

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"Sex and money."

𝐉𝐀𝐃𝐄 𝐉𝐎𝐇𝐒𝐎𝐍

Stanley finit par se garer devant un hangar délabré, perdu dans une zone reculée de Chicago. Le ciel, d'un gris perle pesant, confère à l'atmosphère une gravité presque sensible. À cette heure de la journée, le crépuscule devrait teinter l'horizon de nuances pourpres et dorées, mais il demeure dissimulé derrière une épaisse couche de nuages moroses. Celui aux cheveux couleur d'automne m'indique de le suivre d'un faible hochement de tête.

Mon corps a enduré bien des tourments ces derniers jours pour des raisons qui se dérobent à ma mémoire défaillante. Ma peau, normalement métissée, a viré à une pâleur spectrale, conséquence inévitable de ma fatigue accablante. La seule couleur visible sur mon visage est le vert maladif et le noir profond de mes cernes, véritables vestige de mon épuisement mental et physique.

Nous avançons vers le hangar, ses immenses portes rouillées témoignent d'un passé industriel révolu. À l'intérieur, une lumière crue éclaire l'espace vaste et poussiéreux. Des silhouettes se meuvent dans l'ombre, des murmures étouffés parviennent à mes oreilles. Le décor est planté pour une scène tragique.

-Beaucoup de cartel blanchissent leur argent dans des clubs de strip-tease. commence Stanley. Donc, ton père s'est lancé dans le trafic de prostitution, et c'est moi qui gère tout ça.

Cette révélation me terrifie. Cet univers m'effraie de plus en plus. La pièce semble se refermer autour de moi, les ombres s'étirant, menaçantes.

-M... mais elles sont consentantes ? balbutié-je, ma voix à peine un murmure, étouffée par la peur qui s'empare de moi.

Stanley me regarde, ses yeux reflétant une froideur inhumaine. Il me répond d'un calme glacial, une acalmie incongrue face à l'horreur de la situation.

-Pas toujours, réplique-t-il, ses mots résonnant comme un glas funeste.

Je suis submergée par une vague de panique. Mon esprit se débat pour comprendre la portée de cette réalité sordide. Les visages des femmes que j'ai vues défilent devant mes yeux, chacun porteur d'une histoire de souffrance et de résignation.

Stanley continue, détaillant froidement les rouages de cette entreprise macabre. Il explique comment les clubs de strip-tease servent de façade pour des activités illicites, comment l'argent sale est blanchi et réinvesti. Les femmes, souvent trompées par de fausses promesses ou contraintes par la force, deviennent des pions dans un jeu de pouvoir et de profit.

Chaque mot de Stanley s'enfonce dans ma conscience comme une lame de glace. L'immensité du hangar, avec ses lumières crues et ses ombres mouvantes, semble se dissoudre dans une obscurité oppressante. Mon cœur bat la chamade, et une sueur froide perle sur ma peau.

-C'est un monde où la morale n'a pas sa place, continue-t-il, sa voix impassible. Ici, tout est question de contrôle et de domination. Tu devras apprendre à naviguer dans cet environnement si tu veux survivre.

L'idée de survivre dans un tel environnement me semble insupportable. Je sens les murs se rapprocher, ma respiration devient haletante. Les visages des femmes, leurs yeux empreints de désespoir, restent gravés dans mon esprit.

Stanley observe ma réaction, un sourire cherchant à me rassurer aux lèvres.

-Tu devras apprendre rapidement, dit-il en se détournant. Il n'y a pas de place pour l'innocence ici.

Je reste là, figée, essayant de comprendre comment mon père a pu m'entraîner dans cet enfer. Les cendres de ma vie passée semblent si lointaines, et la réalité présente si implacable. Je n'avais jamais autant réalisé l'ampleur qu'aujourd'hui. Le monde que Stanley décrit est une ruine sans fin, un labyrinthe où la lumière de l'espoir est une illusion cruelle. Pour l'instant, je suis perdue, une marionnette dans ce théâtre de l'horreur, cherchant désespérément une échappatoire à cette nuit sans fin.

Love me if you can-TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant