𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗

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"Le pire des désespoirs c'est celui qui touche le cœur. En silence."


𝐉𝐀𝐃𝐄 𝐉𝐎𝐇𝐒𝐎𝐍

Le plan tourne en boucle dans mon esprit, tandis que les graviers crépitent sous mes pas légers, résonnant comme un écho de mon anxiété.

Me rapprocher de la victime, l'isoler, et commettre l'acte.

Ma première mission.

Amalia est la cousine du monstre qui m'a retenue en otage deux fois et la fille de celui qui a relégué mon consentement au second plan. Des frissons parcourent mon dos tandis que ma gorge se noue. Des larmes menacent de couler alors que je revis ces souvenirs terrifiants.

Et si je méritais tout simplement cela ? Chaque personne a une mission sur terre. La mienne est probablement d'être le punching-ball humain de ceux qui ont souffert dans leurs vies. Je n'arrive pas à accepter l'idée que ceux qui infligent la souffrance ont, eux aussi, été les défouloirs de quelqu'un autrefois.

Mes yeux cherchent désespérément à croiser les siens, ceux qui me captivent à chaque rencontre, ceux de celui qui m'a fait croire qu'il m'aimait. Depuis que je t'ai repoussé, j'ai l'impression d'être devenue une épidémie mortelle à éviter à tout prix.

Pour les hommes, nous ne sommes que des objets de satisfaction. Selon la race de celui qui est face à nous, il y a deux échappatoires possibles si nous refusons : confondre notre refus avec une approbation, ou partir comme si, depuis le début, nous n'avions jamais été importantes.

Pourquoi me fuis-tu quand j'ai le plus besoin de toi ? Était-ce donc des promesses vides lorsque tu disais que ce n'était pas grave si je n'étais pas prête ?

D'une grande respiration, je recentre mon esprit sur la mission, reconstituant mentalement le portrait de ma cible.

Ses origines hispaniques ne transparaissent absolument pas sur son visage ; sa peau claire et ses cheveux flamboyants dominent ses traits. Je me demande à quoi peut bien ressembler sa génitrice.

J'étais censée éliminer sa sœur le lendemain, mais le dîner a été reporté d'une soirée.

Tu ne vas pas réussir ta mission.

Putain, encore cette voix qui revient sans cesse à chaque situation stressante, n'arrangeant rien. La terreur de commettre mon premier meurtre m'étreint. Je pince légèrement ma robe noire longue pour faciliter ma montée des marches.

Mon souffle se coupe et ma main se pose délicatement sur mon cœur, cherchant à sentir ses pulsations, alors que je réalise l'ampleur de ce que je m'apprête à faire. Par simple vengeance, mes doigts vont ôter la vie d'une jeune femme. Être spectatrice d'une tragédie et en être l'actrice principale sont des expériences totalement différentes, douloureuses chacune à leur manière. Le traumatisme reste, en toute circonstance, inéluctablement douloureux.

Mes mèches brunes, laissées au naturel pour une fois, caressent mon cou, poussées par le vent frais. Le ciel reflète parfaitement l'enfer qui se joue dans ma tête ; les nuages cachent la lune et les étoiles, privant la nuit de toute source de lumière.

Dans la salle, la foule se meut dans une série de gestes mécaniques. Les douces notes de musique jouées par les violonistes atteignent rapidement mes oreilles. Une accalmie s'installe progressivement dans mon esprit à mesure que je m'intègre à la réception.

Petite fille, j'avais idéalisé ce genre de réception où Cendrillon rencontre son prince charmant. Jamais une seule seconde je n'aurais imaginé vivre un tel rêve devenu cauchemar.

Love me if you can-TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant