𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈

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"Le trop de confiance attire le danger."

𝐉𝐀𝐃𝐄 𝐉𝐎𝐇𝐒𝐎𝐍

Au sommet de cette tour majestueuse, au cœur vibrant de Manhattan, mon cadavre repose, figé dans le temps, sur le canapé immaculé du salon. Le sang, coagulé, macule mon jean gris d'une teinte sombre. Les larmes ont creusé des sillons sur mes joues livides. Mon regard, vidé de toute étincelle, demeure immobile, impassible. Les hommes de mon père murmurent des paroles inaudibles, leurs lèvres à peine frémissantes. Je me refuse à accepter la réalité de cette scène lugubre.

L'un d'entre eux s'approche enfin de moi. Ses cheveux coupés court, d'un brun si clair qu'ils évoquent les nuances chatoyantes de l'automne, confèrent à sa silhouette une douceur trompeuse. Vêtu d'un jean sombre, il s'accroupit pour se mettre à ma hauteur.

-Comment tu te sens gamine ? murmure-t-il d'une voix grave mais feutrée.

Mes iris cherchent les siennes, mais mes pleurs silencieux brouillent ma vision. Malgré ses efforts pour dissimuler son arme, je la distingue, menaçante et inévitable.

Le silence enveloppe la pièce, lourd de non-dits et de tristesse. Mon esprit est englué dans une torpeur, refusant d'affronter la vérité qui s'impose. L'homme devant moi, semblant percevoir mon désarroi, fronce légèrement les sourcils, une lueur de compassion dans le regard. Mais je suis dans l'incapacité de faire confiance à qui que ce soit.

Il tend une main, hésitante, pour effleurer mon visage, mais s'arrête à mi-chemin, comme s'il craignait de briser la fragile bulle de chagrin qui m'entoure. Son souffle est presque inaudible lorsqu'il reprend la parole, plus doucement encore :

-On va arranger ça, d'accord ? Ton père nous trouvera une solution.

Je ferme les yeux, luttant contre l'envie de céder à l'abandon. Chaque battement de mon cœur résonne comme un écho douloureux, martelant ma poitrine. Les souvenirs affluent, me submergent, me ramenant à des temps plus heureux, où l'insouciance n'était pas un rêve lointain mais une réalité tangible.

La porte du salon s'ouvre brusquement, interrompant notre tête-à-tête silencieux. Un autre homme entre, plus âgé, avec une expression sévère. Ses traits sont marqués par les années, chaque ride racontant une histoire de luttes et de sacrifices. Il jette un regard rapide autour de lui avant de poser ses yeux perçants sur moi.

-Il est temps de partir, dit-il d'une voix ferme.

L'homme aux cheveux d'automne se redresse, hochant la tête. Il me lance un dernier regard, empreint de résignation et de détermination. Il se penche à nouveau vers moi, murmurant doucement :

-Avant de partir, il faut que tu te changes. Suis-moi.

Je me lève lentement, sentant mes jambes vaciller sous le poids de la fatigue et de la douleur. Il me conduit à travers le dédale de couloirs sombres, jusqu'à une chambre adjacente. L'air y est frais, et la lumière tamisée filtre à travers les rideaux épais.

Il ouvre une armoire massive, en bois d'acajou, révélant une sélection de vêtements soigneusement disposés. D'un geste, il indique un pull beige ainsi qu'un jean bleu foncé.

-Mets ça, m'ordonne-t-il doucement.

Je saisis la tenue avec des mains vacillantes et me dirige vers la salle de bain attenante. Dans un élan désespéré, je fais jaillir l'eau de la douche, espérant que sa chaleur effacera les vestiges de cette nuit de tourments. En me dévêtant, mon regard se pose sur mon reflet dans le miroir, où mon corps meurtri me renvoie l'image crue et impitoyable de ma réalité. Chaque ecchymose, chaque cicatrice, chaque stigmate sur ma peau m'enracine davantage dans cette tragédie inéluctable.

Love me if you can-TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant