𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐗𝐗𝐈𝐈

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"La mémoire est un drôle de brouillard."

𝐉𝐀𝐃𝐄 𝐉𝐎𝐇𝐒𝐎𝐍

La vibrante machine d'acier du jet laisse en arrière-plan un bruit sourd. Mes yeux restent rivés sur la fenêtre. Les nuages, ces ouates flottantes, semblent s'effilocher lentement à mesure que nous prenons de l'altitude. Chaque vibration, chaque soubresaut, est ressenti dans la moelle de mes os, une symphonie silencieuse qui résonne en harmonie avec le chaos de mes pensées.

Je me tourne vers Stanley, cherchant dans ses prunelles automnales des réponses aux questions qui me rongent.

-Stanley ?

Celui aux cheveux d'or roux se tourne vers moi, arquant un sourcil, en attente de la suite de mes propos. Son regard, à la fois scrutateur et indifférent, m'invite à poursuivre.

-Il se passe quoi, au juste ?

Un soupir, lourd de sous-entendus et de frustrations, s'échappe de ses lèvres.

-Ce qu'il se passe, c'est que ces Mexicains de merde en ont après ton joli petit cul parce qu'ils veulent t'utiliser comme poids de pression sur ton père.

Ils ont tort pourtant, mon père, c'est à peine s'il pose ses yeux sur moi. Sa froideur m'entoure comme un manteau de glace, indifférent à mon sort.

-Par contre, toi, tu devrais manger, je ne rigole pas.

-Mais je n'ai pas f-... avant que je ne puisse terminer, mon ventre se met à gargouiller, trahissant ma faim.

-Ferme ta gueule et tiens.

Stanley me tend la même barre qu'il m'avait proposée dans la voiture. Il l'a gardée tout ce temps ? Ce geste inattendu fait naître en moi une vague de gratitude, mêlée à une amertume que je ne peux réprimer.

-Merci, articulé-je en attrapant la barre à contre-cœur et en ouvrant l'emballage. Tu es la personne la plus gentille que j'ai rencontrée parmi les hommes de mon père.

-Normal, j'ai un cerveau comparé à ces cons, et ça ne va rien m'apporter que tu sois mal en point.

Ses mots, bien que brusques, résonnent d'une vérité simple et pragmatique. Le contraste entre son langage cru et l'acte de bonté qu'il manifeste crée une dissonance étrange mais réconfortante. Tandis que je mords dans la barre énergétique, un goût sucré envahit ma bouche, atténuant pour un instant le tourment intérieur qui m'habite.

Le ronronnement du moteur et le bourdonnement feutré de l'appareil créent une atmosphère étrange, presque surréaliste, comme si le temps lui-même s'était suspendu dans cet espace confiné. Je scrute les cieux, cherchant dans l'infini azur une échappatoire à mes tourments. Mon esprit se perd dans les méandres des souvenirs confus, un amalgame de rêves et de cauchemars, indistincts et troublants.

Stanley, à mes côtés, est une énigme que je peine à déchiffrer. Ses paroles, empreintes d'une brutalité froide, sont néanmoins mues par une logique impitoyable. Il semble naviguer dans ce monde de violence et de trahison avec une aisance déconcertante, là où moi je m'y perds.

-Pourquoi... pourquoi veulent-ils me prendre en otage ? Pourquoi moi ?

Stanley détourne les yeux de la fenêtre et pose son regard perçant sur moi, comme s'il pesait chaque mot avant de répondre.

-Ton père... il a des ennemis partout. Des gens qui veulent le voir tomber, des gens qui pensent que te prendre te donnera un pouvoir sur lui. Mais ils ne savent pas à quel point il est prêt à tout pour garder le contrôle. Ils ne connaissent pas l'homme impitoyable qu'il est vraiment.

Love me if you can-TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant