"La louange est le commencement du blâme."STANLEY NILLSON
Chicago, deux mille six.
On peut difficilement saisir l'angoisse constante d'un adolescent de seize ans, prisonnier des méandres d'un quartier où la violence s'invite comme une ombre omniprésente, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les préoccupations de mes camarades se concentrent souvent sur les mathématiques ou sur l'art de grimper par la fenêtre pour échapper à la vigilance parentale, tandis que moi, je m'efforce de trouver le sommeil au milieu des éclats de tirs nocturnes et des conflits incessants.
Ici, la fatalité semble tissée dans la trame même de notre existence. Nous vivons entre les murs d'une grande famille dysfonctionnelle où les liens se resserrent autour des enmerdes. Nous sommes les membres d'un gang chaotique où l'objectif premier est simplement de survivre, d'échapper aux pièges tendus par les histoires qui nous engloutissent. Pourtant, j'ai eu la malchance d'être entraîné dans cette spirale infernale.
Ma sœur jumelle, Anna, est la lumière dans ce dédale sombre. Éclatante d'intelligence et de compassion, elle se distingue dans un univers où la bonté semble une denrée rare. Mon vœu le plus cher est qu'elle parvienne à échapper à cette prison de misère pour embrasser un avenir où les horizons sont illuminés par l'espoir. Je rêve pour elle de la grandeur de Chicago, où elle pourrait se réfugier dans une villa somptueuse, loin de la tourmente de notre quotidien.
À chaque retour de l'hôpital, où elle consacre ses journées à guérir les âmes et les corps, je l'imagine enveloppée de l'affection d'une famille épanouie. Dans cette vision sereine, ses enfants se précipitent dans ses bras, et son mari, à la tête d'une entreprise prospère, prépare le dîner avec soin. Je désire plus que tout que sa vie se déploie loin des griffes de ce quartier maléfique, que ses rêves s'épanouissent dans la douceur d'une réalité éloignée des tumultes et des conflits.
Je suis prêt à tout pour la protéger, même aux pires sacrifices. Chaque jour, je traverse ce dédale d'immeubles dégradés et de béton écorché, où l'ombre des deals illicites et des désillusions s'étend comme un manteau sombre. Les cris des mères appelant leurs enfants à rentrer résonnent comme une mélancolie lancinante dans ce décor de désolation.
L'odeur âcre du béton imprègne l'air, mélangée à celle, plus insidieuse, de la misère omniprésente. Le vent, comme une main invisible, effleure ma nuque avec une froideur presque réconfortante, apportant avec lui les murmures des vies brisées et des espoirs éteints.
Les junkies que je croise, affamés et désespérés, me harcèlent incessamment, leur regard fiévreux cherchant à tout prix à me convaincre d'échanger un peu de leur vie contre une dose éphémère. Leurs supplications sont les échos d'une lutte contre la dépendance, contre l'inévitable déclin de leur propre humanité.
C'est dans ce décor morne et oppressant que je vis, un paysage où chaque coin de rue et chaque pavé semble imprégné des luttes quotidiennes et des espoirs déçus. Pourtant, malgré ce quotidien accablant, je me tiens là, déterminé, la volonté d'ériger une barrière entre ma sœur et cette réalité brisée me tenant debout, contre vents et marées.
Je porte le même survêtement gris depuis une semaine, son tissu usé par l'usure. Ce vêtement, devenu mon uniforme quotidien, semble épouser les contours de ma propre fatigue. L'école, avec ses promesses d'un avenir meilleur et ses salles de classe ordonnées, n'est plus qu'un souvenir lointain, effacé par la grisaille de mon quotidien.
L'éducation, autrefois source d'espoir, est devenue un luxe inaccessible, une lointaine relique d'une époque où les rêves étaient encore à portée de main. Jusqu'à ce que mon père décide d'aller en prison pour vol. Aujourd'hui, mon monde est régi par d'autres priorités, par la nécessité de naviguer dans les méandres d'une réalité implacable. Les murs de l'école ne sont plus qu'une barrière entre moi et la survie, une réalité que je ne peux plus me permettre de fréquenter.
Aujourd'hui, je fais face à un client qui dénote du lot habituel. Depuis des mois, je suis ancré au même endroit, et chaque jour, le boss du réseau me prévient par message des visites à venir. Mais cet homme, qui se profile à l'horizon, est une anomalie dans mon quotidien.
Sa peau matte et ses cheveux bouclés, comme des vagues d'une mer lointaine, captent la lumière de la rue d'une manière presque irisée. Il s'avance vers moi avec une démarche tranquille, une assurance qui tranche avec l'urgence et la détresse des clients habituels. Sa tenue, à la fois chic et décontractée, contraste fortement avec mon propre survêtement gris usé et les vêtements dépenaillés de ceux qui viennent habituellement ici. Il arbore un pantalon en lin noir, un chemisier aux de la meme couleur et des chaussures élégantes mais confortables.
Il ne semble pas appartenir à cet environnement rugueux, son apparence dégageant une certaine sérénité qui défie le chaos ambiant. Ses vêtements soignés et son air détendu suggèrent qu'il vient d'un endroit aussi sombre que le mien mais beaucoup plus chic que la morosité qui règne ici.
Je lui tends un pochon usé d'un signe de tête, l'invitant à prendre ce que je lui propose. Mais sa réaction me surprend : il refuse l'offre sans même jeter un regard sur le contenu.
-Je ne suis pas là pour ta merde, mais pour toi.
Intrigué, j'arque un sourcil, attendant qu'il développe. L'homme se redresse, ses yeux d'émeraude perçant à travers la lumière faible des réverbères.
-Je ne vais pas entrer dans les détails tant que je n'ai pas ta réponse, mais ça te dirait de te loger dans The Loop, en échange de te plonger dans l'illégal pour moi ?
La proposition est si inattendue que je n'hésite pas un instant avant d'accepter. Le contraste entre la misère du quartier et l'éventualité d'un logement dans l'un des quartiers les plus prisés de Chicago est trop séduisant pour être ignoré.
L'homme commence alors à expliquer. Il possède un réseau puissant, opérant dans les contrebandes et la prostitution à New York et Santa Barbara. Son objectif est d'étendre ses activités à Chicago, et il me propose d'être son pionnier dans cette entreprise.
-Dans un premier temps, tu seras sous surveillance, afin de vérifier ta fiabilité. Mais si tout se passe bien, tu seras responsable de toute la branche ici.
À ces mots, une vague de réalisme me submerge. J'ai toujours su que ma vie serait plongée dans l'illégal, et cette offre semble être une occasion en or pour changer de décor tout en restant fidèle à ce monde que je connais si bien. Les perspectives de luxe et de pouvoir, en échange d'une immersion plus profonde dans le monde souterrain, sont à la fois tentantes et familières.
Ainsi, je m'apprête à emprunter un chemin où l'ombre et la lumière se mêlent, un chemin où la promesse d'un avenir luxueux semble se dessiner à l'horizon, tout en restant ancré dans les réalités impitoyables de la contrebande.
Je ne savais pas que cette décision serait la pire de toute ma vie.
♥
Salut les gars !!
C'est surement l'un des derniers NDA que j'écris, puisque j'ai finis d'écrire LMIYC je dois juste réécrire quelques passages où je ne suis pas trop satisfaite. Bref je retourne écrire les passages et je vous publie les derniers chapitres qui vous manques. Je vous parlerais dans le NDA de l'épilogue et dans les remerciments.
IG/TIKTOK: tessblack_
♥
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Love me if you can-TOME I
RomanceUn amour qui devait réparer peut lui aussi laisser des cicatrices. La capitaine de l'équipe d'athlétisme, Jade est emprisonnée dans une relation amoureuse plus que toxique. Élève brillante son avenir est tout tracé vers la réussite. Mais du jour au...