Chapitre 13 : LIVIE

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Je ne sais pas trop quoi répondre à sa question. Qu'est-ce que le directeur du lycée fout chez moi en pleine nuit, bourré, avec une moue malheureuse sur le visage ?

– Vous... n'avez pas les idées... Claires et...

– Arrêtez de bégayer comme ça ! Ordonne-t-il. Vous ne craignez rien avec moi, je veux vous protéger. N'aie pas peur, Livie.

Il passe du vous au tu, puis d'un sujet à l'autre. Je dois avoir une tête à faire peur, je me laisse tomber sur le canapé près de lui, il en profite pour prendre ma main et entrelacer nos doigts.

– Ne me chasse pas... je me sens si... seul...

– Benjamin, vous n'avez rien à faire ici. Rentrez chez vous !

Il me sonde intensément dans les yeux, puis son regard parcourt mon visage. Je peux lire tellement de choses dans ses prunelles. Pourtant, je dois me reprendre et rester professionnelle. J'ai très chaud et je frotte ma main libre sur mon pantalon.

– Ne sois pas nerveuse, Livie, murmure-t-il.

– Je ne suis pas... Je ne..

– Pourquoi tu me détestes ?

Il change encore de sujet.

– Non ! Je...

Il se laisse glisser dans le canapé et pose sa tête en arrière en fermant les yeux. Je ne sais pas trop quoi faire pour lui, sa tasse est sur la table basse. J'ai fait un mélange de thé vert, gingembre et de miel. Une recette anti-gueule de bois que je prenais lorsque j'abusais de mes soirées arrosées. Je le secoue un peu.

– Benjamin, buvez votre thé.

– Non, sinon tu vas me mettre dehors ensuite, souffle-t-il avec de la tristesse dans le regard.

Je ne sais pas comment réagir, il a l'air mal, mais j'ai peur de prendre la mauvaise décision.

– Vous pouvez rester sur le canapé pour la nuit si vous voulez.

Un sourire fend son visage, il se redresse d'un coup et me serre contre lui avec maladresse. Puis, il pose un baiser sur le coin de ma bouche et avale sa tasse d'une traite. Avant de se plaindre d'avoir mal à la tête, je lui donne un comprimé et vais chercher une couverture dans ma chambre. Lorsque je reviens, il se masse les tempes en parlant tout seul. Il parle trop bas pour que je comprenne quoi que ce soit à ses marmonnements.

Je pose ma main sur sa tête :

– Vous souffrez ? Je demande.

Il répond par un grognement. Je le plains, le pauvre... J'attrape de l'huile essentielle de menthe poivrée et de l'huile de noix, que je mélange dans un petit ramequin. Lorsque je reviens, il a quitté ses chaussures et son pull, il porte un tee-shirt noir qui laisse entrevoir sa musculature. Sa tête est posée sur le bras du canapé, son bras en travers de ses yeux. J'allume la petite lampe posée sur une tablette près du sofa et j'éteins le plafonnier.

– Benjamin, je vais soulager vos maux de tête.

Il ne répond pas, mais ôte son bras pour me regarder, son regard est voilé et brumeux. Mais je vois de la malice et de la convoitise briller dans le bleu hypnotique de ses pupilles.

– Tu peux faire de moi tout ce que tu désires, Livie.

Je m'installe sur une chaise derrière sa tête, je prends un peu de mon mélange et commence à le passer sur ses tempes en mouvements circulaires et doux. Il clôt les paupières et pousse un petit gémissement adorable qui me fait sourire. Je descends ensuite vers ses oreilles, de chaque côté de sa tête.

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant