Chapitre 9 : LIVIE

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 Je n'ai pas encore ouvert les yeux que je sais que la journée va être difficile. J'ai un tambour dans la tête, ça cogne fort. J'essaie d'ouvrir les paupières, mais la faible lueur qui entre par les volets me brûle les yeux. Ma bouche est sèche et pâteuse et j'ai mal à l'estomac...

En clair, j'ai envie de mourir ! Je ne boirai plus jamais ! Je bouge un peu, mais la pièce tangue, une envie de vomir me fait courir aux toilettes. Je tombe à genoux devant la cuvette, pour vider le contenu de mon estomac. La transpiration colle mes vêtements à ma peau, je suis encore habillée. J'ai trop chaud, puis d'un coup, j'ai froid. Je ne sais pas comment je me suis retrouvée au lit. La journée d'hier a été horrible et terriblement longue. Je me rince la bouche avant de revenir me laisser tomber sur mon lit. Un verre d'eau est posé sur la table de chevet, avec des comprimés, ainsi qu'une lettre que je lis, en fronçant les sourcils, tellement mes yeux me font mal.

« Livie, je vous laisse de quoi soulager votre gueule de bois...

Je suis désolé pour votre grand-mère, mais soulagé qu'elle aille mieux. Prenez votre journée et saluez Rachel de ma part. C'est une femme adorable.

Reposez-vous un peu et prenez le temps qu'il vous faut pour vous remettre.

Bonne journée, Livie.

Ben.

PS : J'aime beaucoup lorsque vous buvez, c'est très instructif... »

Je relis ce message plusieurs fois, me demandant pourquoi j'ai cette lettre ? Ce qui est écrit est gentil, mais la signature est assez inhabituelle, ce surnom ne m'est jamais venu à l'esprit. Et sa dernière phrase me trouble, parce que lorsque je bois, je n'ai aucun filtre, et ça me fait peur. Je parle déjà à voix haute sans le vouloir, alors là !!!!

J'avale quand même les médicaments avec l'eau qui soulage ma gorge sèche, puis je m'affale sur mon lit. Je suis au bout de ma vie...

Lorsque je me réveille à nouveau, je suis un peu mieux, mais j'ai l'impression d'avoir cent ans. Il est onze heures du matin, je dois me rendre à l'hôpital voir Mima, j'enfile un jean et un pull au hasard, sans maquillage. De toute façon, entre mes pleurs d'hier et ma gueule de bois, c'est inutile. Je ne ressemble à rien !

Je prends le bus pour m'y rendre, parce que conduire serait trop difficile. Je n'ai rien avalé, de peur de vomir. Lorsque j'arrive, les infirmières me disent que je ne peux la voir que deux heures parce qu'il faut qu'elle se repose. Je pénètre dans une pièce sombre, une odeur de désinfectant, caractéristique des hôpitaux, flotte dans l'air. Mima est allongée, des machines enregistrent ses constantes et le bip incessant du moniteur prouve que son cœur bat à un rythme régulier. Hier, il s'est arrêté un moment. Elle a eu un infarctus et j'avoue que j'ai eu la peur de ma vie. La trouver inconsciente comme ça m'a détruite. Je n'ai plus mes parents et Mima est ce qui se rapproche le plus d'une mère pour moi. Elle semble si petite et fragile dans ce lit. Une infirmière pénètre dans la pièce pour contrôler ses constances.

– Comment va-t-elle ? Je demande à voix basse.

– Elle va mieux, mais elle a besoin de repos et de calme. Les médicaments la font beaucoup dormir.

L'infirmière est une femme d'âge moyen, gentille et souriante. Elle prend le temps de me parler et c'est agréable.

– Vous devriez envisager de prendre une aide à domicile ou une dame de compagnie pour la seconder. Le médecin peut faire les papiers si vous lui en parlez.

– C'est une bonne idée, j'ai peur de la laisser seule, je lui avoue.

Elle pose sa main sur mon avant-bras, rassurante, puis elle quitte la pièce. Mima n'ouvre pas les yeux de toute la journée. Demain je ne travaille que le matin, alors je viendrai l'après-midi. J'embrasse Mima sur la joue, triste de voir ses yeux clos, et je rentre chez moi.

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant