Chapitre 10 : Benjamin

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Sachant que Livie doit travailler ce matin, j'en profite pour aller voir Rachel. Cette vieille femme est une personne que je ne connais pas vraiment, mais elle m'a touché plus en quelques minutes, que beaucoup en plusieurs années. J'ai menti à l'infirmière en disant que je faisais partie de la famille. Mais elle m'a laissé venir, sans chercher la vérité. Elle dort lorsque j'arrive, alors je m'installe sur le fauteuil pour travailler sur mon téléphone en répondant à des mails, puis en passant des commandes. Lorsqu'elle ouvre les yeux, elle me semble frêle et j'ai l'impression qu'elle a pris dix ans en quelques jours. Elle me sourit en me reconnaissant :

– Je... excusez-moi... ma gorge me brûle... à cause des tuyaux qu'ils m'ont enlevés.

Sa voix est basse et cassée, mais ses yeux pétillent. Elle me tend la main et je me lève pour la saisir en m'approchant du lit. Sa peau est froide, fine et fripée dans la mienne.

– Bonjour, Rachel, comment vous sentez-vous ?

Elle hausse les épaules en soupirant. Je ne peux m'empêcher de sourire à son expression. J'attrape le bouquet que j'ai posé parterre près du fauteuil et je lui tends.

– Tenez, c'est pour vous souhaiter un bon rétablissement.

– Merci... Vous n'auriez pas dû.

– Ce n'est rien ! Livie travaille ce matin, j'ai pensé que vous aimeriez un peu de compagnie, je lui explique, en rougissant de façon ridicule.

Depuis quand est-ce que je rougis devant une femme ? Encore moins une grand-mère ! Je me sens un peu con sur le coup. Elle me fait un sourire doux. Je lui donne un peu d'eau, qu'elle avale avec plaisir. Nous restons un petit moment silencieux, puis elle reprend la parole, d'une voix plus claire.

– C'est très obligeant de votre part. Je m'inquiète pour ma petite fille, elle n'a même pas dû manger hier soir, je n'avais pas fait de repas d'avance. J'étais trop fatiguée ces derniers jours. Elle va dépérir, se plaint-elle.

– Mais non, elle prendra soin d'elle ! Je la console.

– Si vous la connaissiez ! Elle se démène et se bat pour les autres, mais dès qu'il s'agit d'elle, elle s'en fiche ! Ajoute-t-elle.

– Ne vous inquiétez pas Rachel, je lui ai fait livrer une pizza hier soir, et j'ai laissé des macarons près de sa cafetière à l'école ce matin, je lui avoue en sentant mes joues chauffer une fois de plus.

Merde, depuis quand n'ai-je pas rougi comme ça ? Lorsque j'étais adolescent, sans aucun doute. Elle serre ses doigts sur les miens et pose son autre main sur sa poitrine, le même tic que sa petite fille.

– Merci de prendre soin de ma Livie. Ma seule peur est qu'elle se laisse aller...

Je passe un moment avec elle, nous avons une conversation légère et les pauses ne sont pas embarrassantes. Elle me parle un peu de Livie. De son souhait qu'elle rencontre quelqu'un pour qu'elle ne soit pas seule, lorsqu'elle mourra. Me parle de la relation de Livie avec un mec nommé Mathieu, ils sont restés deux ans ensemble. Elle ne sait pas ce qu'il s'est passé, mais elle a été détruite à leur séparation, et elle a beaucoup changé depuis. Je n'ose pas faire mon curieux et l'interroger, ce serait déplacé. Alors je la laisse s'épancher. Lorsque je la quitte, il est presque midi et je me dis qu'elle sera ravie de me revoir. Je lui propose dont de lui rendre visite chez elle, lorsqu'elle ira mieux, et elle est heureuse de ma proposition.

Lorsque j'arrive sur le parking, les élèves sont déjà rentrés chez eux. Mais je dois prendre des documents pour travailler chez moi cet après-midi. J'aperçois Livie sortir au pas de charge par la porte du lycée. Son expression est difficile à déchiffrer, mais elle semble vraiment très en colère. Lorsqu'elle arrive sur le trottoir, ses poings sont serrés, ses sourcils froncés, et tandis que je m'approche d'elle, elle se penche en avant en jurant.

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant