Chapitre 5 : LIVIE

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 Je ne sais pas ce que le directeur du collège est venu faire ici, je suis perturbée. Je n'aime pas recevoir les personnes chez moi. À part Mima, personne ne me rend visite. Mais qui viendrait de toute façon ? Je n'aime pas le savoir là et sa façon de prendre soin de moi avec la crème tout à l'heure m'a bouleversée. J'ai même laissé une larme couler, l'affection d'un homme ne fait plus partie de ma vie depuis des lustres. Je suis seule depuis si longtemps. Depuis une époque que je veux oublier...

Benjamin revient s'installer face à moi, son sourire arrogant m'énerve, même s'il a un charme indéniable. Je ne peux m'empêcher de me questionner sur sa présence. Il finit par répondre à ma question.

– Je vais vous laisser gérer ce conflit, mais je suis vraiment... extrêmement en colère, insiste t-il, d'une voix forte, de ne pas l'avoir su cette après-midi. Vous auriez dû me le dire immédiatement!

Il refait son excès d'autorité qui me gonfle tant, je lève les yeux au ciel en soufflant. Cet homme est étrange !

– Livie ! Ce n'est pas une plaisanterie ! Comment réagiront les autres élèves en réalisant qu'ils peuvent vous frapper sans être renvoyés ?

Il attrape le plat et nous sert, naturellement comme si c'était chez lui, il est culotté tout de même. C'est mon patron, alors je laisse couler, mais il doit voir le feu dans mes yeux, parce qu'il s'excuse.

– Désolé, je suis malpoli de vous servir chez vous, mais vous êtes blessée, alors je vais m'occuper de vous ce soir, et je ne vous demande pas votre avis, affirme-t-il autoritaire.

Je croise les bras sur ma poitrine, comme une enfant boudeuse. Je sais que je dois avoir l'air ridicule, mais j'y suis habituée. Il pouffe en relevant la tête vers moi.

– Vous êtes en train de bouder, Livie ? C'est très... Puéril, me lance-t-il encore en souriant.

– Putain de fossette !

Son gloussement me montre que j'ai encore parlé à voix haute, mais en regardant son sourire et en voyant la fossette trop sexy sur sa joue, je n'ai pas pu m'en empêcher. Je dois avoir le teint cramoisi, je ferme les yeux un instant, le temps de me reprendre. Putain, mais que je suis conne ! Je prends ma fourchette et me mets à manger en l'ignorant. Il fait de même, le silence s'étire, mais devient paisible. La tension quitte mes épaules, ma tête est moins douloureuse, mais lorsque j'ouvre la mâchoire, un tiraillement se fait sentir. C'est désagréable. Benjamin, qui semble à l'écoute des autres, me demande d'une voix basse :

– Vous souffrez ?

– Ma mâchoire me fait mal en mâchant, mais ce n'est rien.

Sa mâchoire carrée se contracte à mes paroles. Ses deux billes topazes sont fixées sur moi, hostiles.

– Pourquoi ne voulez-vous pas que je les sanctionne ?

– En temps normal, ils ne m'auraient jamais touché ! C'était un accident ! Les défend-elle à nouveau.

– Vous en êtes sûre ?

– Oui !

Elle ne développe pas, comme souvent. Certaines femmes parlent en permanence, mais elle est toujours succincte. J'insiste :

– Pourquoi ?

– Ils ne sont pas méchants, ils étaient désolés. Pouvons-nous cesser d'en parler ? S'exaspère-t-elle.

– Vous n'avez pas peur de perdre votre crédibilité auprès des élèves ?

Je réfléchis à sa question, un moment. Il patiente en mangeant tranquillement. C'est étrange de le voir manger à ma table. Mais je me surprends d'un coup à apprécier de pouvoir discuter avec une autre personne, de ne pas prendre mon repas seule, dans un silence pesant. Ma solitude me pèse de plus en plus, mais je dois le calmer, je ne veux pas que les gamins en pâtissent.

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant