Chapitre 4 : BENJAMIN

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 Ma journée est enfin terminée, je suis sur le point de rentrer chez moi, mais avant cela, je voudrais rendre visite à Livie, car j'ai des inquiétudes concernant son petit ami qui pourrait être violent. Les signes sur son visage et sa réaction, quand je l'ai effleurée à l'épaule, me laissent penser qu'elle a été victime de mauvais traitements. Je ne peux pas tolérer ce genre de chose ! Combien de femme meurent sous les coups de leur conjoint chaque jour? Je suis en train de regarder dans les papiers que j'ai pour trouver son adresse, je vais aller jeter un coup d'œil chez elle pour m'en assurer. D'après Madame Blanc, elle aurait entendu des bruits de reniflements dans les toilettes des professeurs, et elle pense que Livie s'y cache souvent pour pleurer. Je me doutais qu'elle résidait dans les environs, puisque nous effectuons nos courses au même endroit.

Pour me rendre à son palier, je suis contraint d'emprunter l'escalier, puisqu'il n'y a pas d'ascenseur. Je cherche les numéros sur les portes, l'une d'elles est ouverte, le numéro trente-cinq, c'est son appartement. Je jette un coup d'œil à l'intérieur en frappant légèrement, et j'entends un faible "oui" qui me répond. Mais ce n'est pas la voix de Livie, c'est une voix plus frêle et plus âgée. J'ouvre la porte, une femme plutôt petite, légèrement penchée en avant, me dévisage avec surprise.

– Vous désirez ?

– Oh ! Je pensais être chez Livie, j'ai dû me tromper, m'excusais-je.

– Vous êtes bien chez elle. Je suis juste venue lui poser ses repas ! Prendre soin d'elle et cuisiner ne sont pas ses points forts, rigole-t-elle avec un sourire affectueux. Vous êtes ? S'enquiert-elle avec curiosité, un sourcil plus haut que l'autre.

Elle me regarde avec des yeux inquisiteurs et malicieux. Je sais que c'est une femme de la famille de la bibliothécaire, elle a les mêmes yeux qu'elle, c'est stupéfiant...

– Je suis Monsieur Novac, le directeur du collège Anatole France.

– Oui ! Monsieur le Directeur, enchantée ! Mais Livie n'est pas encore arrivée.

– Mais non, entrez ! Je vais vous tenir compagnie, voulez-vous un café ? Me propose gentiment la vieille femme.

– Oui, avec plaisir. Madame ?

– Appelez-moi Rachel, je suis la grand-mère de Livie, enchantée de vous rencontrer.

Elle ferme la porte et me dit de m'asseoir avant de venir me trouver dans la kitchenette. C'est une petite femme, très mince, aux cheveux blancs attachés en arrière, et dont le visage est marqué par des rides. L'appartement est petit, mais propre. Je suis surpris par les couleurs vives qui sont un peu partout dans cet appartement. Livie est discrète et effacée, mais son intérieur est tout son contraire. Les murs du salon sont bleu canard, et son canapé est jaune vif avec des coussins noirs, de la même couleur que les rideaux. Le sol et le plafond sont blancs, ainsi que les boiseries. Un grand miroir avec un effet de vague est au-dessus du canapé, ce qui donne une impression de profondeur à la pièce. C'est très chaleureux et agréable. La cuisine est blanche avec des murs du même bleu que le salon. Rachel pose une tasse devant moi, en me proposant du sucre, que je refuse en souriant. Elle met un peu de lait dans sa tasse puis elle vient s'installer face à moi.

– Je suis heureuse de rencontrer une personne qui travaille avec Livie. C'est si rare qu'elle me présente les gens qu'elle côtoie. Elle est un peu sauvage, rit-elle avec une lueur triste dans le regard.

– Oui, elle n'aime pas être le centre de l'attention, mais elle sait défendre ses élèves avec détermination, je lui réponds.

Elle me fixe étrangement, avant de se détourner vers sa tasse pour remuer le liquide, un petit sourire soulevant le bord de sa bouche.

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant