Chapitre 27 : LIVIE

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J'ai enfin repris mon travail, mes élèves me font du bien, ils sont heureux de me voir. Je ne suis pas moi-même, je ne dors pas beaucoup, n'arrive pas à manger et me cache pour pleurer en permanence. Mes yeux sont marqués et la confrontation avec Benjamin, l'autre matin m'a fait mal. Son projet est bon, mais il veut m'intégrer dedans et comme je n'ai pas dit oui, il m'a grondé comme une enfant en me rappelant, que je ne suis que son employée. J'étais presque contente de le voir mal à l'aise, c'est sûr, mais le voir, le sentir près de moi, m'a fait du bien.

L'autre soir, je pensais que notre relation avait évolué. J'avais bu, mais pas assez pour tout oublier. Pourtant, il est parti sans explication, et il m'a avoué avoir un rendez-vous. Sans doute une femme...

Le soir, parfois, j'ai envie de lui téléphoner. Simplement lui parler, me réconforterait, mais quand il agit comme aujourd'hui, je me dis que je fais bien de ne pas le faire. Je me suis sentie encore une fois comme une merde. Comme avant...

Leslie m'appelle souvent et Steph est passé plusieurs fois me voir pour prendre ma tension et voir comment je me porte. Il me force toujours à manger un peu, apportant parfois des plats à emporter et partageant le repas avec moi. Je me sens si seule...

Je dois vider l'appartement de Mima, mais je sais que je ne vais pas y arriver. C'est si dur sans elle. Elle me donnait l'amour et l'attention dont j'avais besoin. Nos soirées télé me manquent. Je suis en train de ranger des livres sans entrain. Les cours sont terminés et je suis seule dans mon antre. Je peux enfin me laisser aller à lâcher quelques larmes. Je suis debout, la tête en appuie sur une étagère. Je sais que je dois rentrer, mais je n'y arrive pas. J'entends du bruit derrière moi qui me fait sursauter. Je pensais que tous les élèves étaient partis.

Je m'essuie les yeux le plus discrètement possible, reprends mon souffle et me retourne en affichant un sourire faux sur mon visage, qui se décompose en voyant Benjamin devant moi. Je reprends mon masque d'indifférence.

– Oui, Monsieur le Directeur.

– Livie... Chuchote-t-il.

Je me détourne, il n'en fallait pas plus pour que les vannes s'ouvrent encore et je me sens si ridicule. Je veux quitter cet endroit, aller n'importe où, loin de ma vie de merde... Mais Benjamin me retourne et me prend dans ses bras, j'essaie de le repousser, mais il resserre son étreinte, sans rien dire et je m'écroule complètement. Mes sanglots se font si fort, que j'ai mal dans la poitrine. Je ne sais pas vraiment pourquoi je craque comme ça devant lui, alors qu'il m'a encore blessé. Mais je me sens si bien au chaud dans ses bras. Il me câline longtemps en silence, en me caressant les cheveux. Lorsque je me calme un peu, il me laisse m'éloigner pour me regarder, mais je suis trop à fleur de peau pour accepter ce contact.

– Je suis désolée, ça ne se reproduira plus.

– Livie, c'est moi qui m'excuse pour ce matin. Je sais que je t'ai heurté. Ce n'était pas mon intention. Et puis, je veux discuter du projet, je crois que ça peut t'aider à aller de l'avant, et franchement, tu es parfaite pour ça.

– Comme si je pouvais l'être en quelque chose, je souffle.

– Tu l'es de tellement de manières, Livie, me dit-il en me caressant la joue doucement.

Je plonge dans ses yeux, ils sont tristes, reflétant les miens. Il me sourit, mais je vois que le cœur n'y est pas. Il change de sujet d'un coup, comme pour reprendre la main.

– On pourrait aller voir Cédric et Leslie.

– Je vois souvent Leslie, je lui dis.

– Je sais, mais Cèd ne fait que dire qu'il ne te voir pas beaucoup.

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant