Chapitre 16 : BENJAMIN

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 Livie s'est fermée, son corps s'est comme affaissé, puis elle s'est mise à pleurer sans raison. Je n'ai pas compris son changement d'attitude subit. C'est comme si elle m'avait claqué la porte au nez. Ses larmes m'ont perturbé, je suis paumé. Je l'appelle mais elle part en courant, je dois signer des papiers, je ne peux donc pas la suivre immédiatement. Lorsque nous sortons avec Camille, qui est une amie de longue date et aussi mon avocate, Livie a disparu. Camille attaque :
– Putain, mais qu'est-ce que tu as foutu ? Tu as bu et tu t'es battu, Ben !
– Ce mec allait violer Livie ! Je n'ai pas réfléchi, j'étais furax ! je me défends.
Je prends mon téléphone pour l'appeler, mais elle ne décroche pas, je recommence une fois, deux fois, mais toujours rien. Je lui laisse un message :
– Livie, je ne sais pas pourquoi tu es partie. Je suis inquiet, j'arrive !
Je raccroche et me tourne vers Camille pour la serrer contre moi.
– Merci d'être venue nous libérer. J'allais devenir fou là-dedans !
– D'après ton voisin de cellule, vous n'avez pas fait que discuter ? me questionne t-elle en me regardant avec exaspération.
– Pas maintenant, Cam ! Je suis crevé et je dois aller chez Livie !
– OK ! On en reparle plus tard, je vais chez toi aussi.
– Merci encore. Je sais que je suis chiant, mais je ne pouvais pas le laisser faire.
– Il va falloir que l'on parle d'elle, Ben ! sourit-elle enfin de meilleure humeur.
– C'est compliqué ! Je bosse avec elle et elle est... je ne sais pas...
– Rien n'est compliqué dans la vie, prends du plaisir, amuse-toi et vois où ça te mène !
Cam a toujours été comme ça, à prendre tout ce qu'elle peut sans se soucier du reste. Elle aime les plans culs sans conséquences. Puis elle reprend, plus sérieuse :
– A part qu'elle soit différente pour toi, plus importante.
– Je ne sais pas...
– En tous les cas, je t'ai rarement vu aussi perturbé par une femme, ce n'est pas anodin, Ben.
Elle prend ma main et finit par s'éloigner, je me dirige vers chez Livie. Je monte les marches deux par deux, pressé de voir comment elle va, mais lorsque je frappe, elle ne répond pas. La dernière fois que je suis venu, elle s'est occupée de moi, elle m'a aidé et j'ai trouvé ça si bien... Sentir sa main sur ma peau, ses caresses bienvenues. Personne ne m'avait jamais touché ainsi. Et que dire de notre étreinte. Même si ce n'était pas le lieu, la sentir mouillée pour moi, l'entendre gémir, goûter sa peau, l'entendre jouir en s'abandonnant complètement à moi... J'ai envie de recommencer, mais cette fois, je veux l'avoir sous moi, la faire me supplier de la faire jouir, la prendre en m'enfonçant profondément en elle jusqu'à ce que je me sois assez gorgé de son corps.
Je frappe encore, mais aucun bruit ne résonne. Je suis persuadé qu'elle n'est pas ici, elle m'a fui. Je rentre chez moi les épaules basses et complètement déprimé, je suis heureux de trouver Camille sur le canapé avec Steph. Mon frère regarde une émission, tandis qu'elle lit. Un sourire éclaire son visage en me voyant. De loin, on pourrait penser à un petit couple, qui regarde la télévision le soir, après le repas. Camille hausse les sourcils en me faisant signe de les rejoindre. Je sais qu'elle va me changer les idées, en discutant ou en faisant l'imbécile.
Le lundi, je me rends au travail, espérant voir Livie, et pouvoir lui parler, mais je ne me rappelais pas que j'avais des rendez-vous concernant le projet pédagogique de l'année, soit le projet danse école. Ils doivent m'expliquer aujourd'hui comment cela se déroule, ce qu'il y a en jeu et tout, et tout... Je n'en ai pas envie, mais Madame Blanc, m'attend avec la pochette de projet et tout un tas d'informations qui ne m'intéresse pas du tout. Je regarde surtout les devis, décidant de prendre celui qui est au milieu, ne voulant pas choisir le plus bas.
J'ai envie d'aller retrouver Livie, voir si elle va bien. Mais je ne le peux pas et lorsque j'ai enfin un moment à moi, il est quinze heures. Je parcours les couloirs jusqu'à arriver dans la pièce dans laquelle elle se retranche toujours. Lorsque je pénètre dans la bibliothèque, les élèves sont studieux, je ne vois pas Livie, mais j'entends sa voix douce, qui explique un exercice de math à une élève avec patience. Mais lorsqu'un autre adolescent me salut, elle lève enfin les yeux. Elle est très maquillée aujourd'hui, encore plus que d'habitude, les marques des coups donnés par le gars sont apparentes. Le maquillage ne camoufle pas tout. Je ne me suis même pas inquiété du fait qu'elle ait été frappée. Je suis en dessous de tout. Mais ses yeux montrent autre chose, elle a beaucoup versé de larmes, c'est évident. Elle se détourne en palissant, et s'excuse auprès de son élève pour partir dans une allée, loin de moi. Je ne la laisserai pas faire, elle doit m'affronter. La sentir dans mes bras s'abandonner, a été si plaisant...
Je la suis, mais elle bifurque et se prend les pieds dans une lanière de sac, part en avant, mais se rattrape en jurant à voix basse :

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant