Chapitre 22 : BENJAMIN

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Madame Blanc pénètre dans mon bureau avec le courrier. Nous échangeons quelques banalités et elle repart travailler. Je prends les lettres qui me sont adressées, la secrétaire ouvrant les autres. Il y en a deux, un devis pour des cours de danse pour le projet « danse-école », et une enveloppe qui contient une lettre manuscrite. Lorsque je commence à la lire, j'ai du mal à le croire. Une lettre de démission !!!!!

Je quitte mon bureau en quatrième vitesse et passe devant Madame Blanc en lui disant que je m'absente pour la journée. Je prends ma voiture et me dirige vers chez Livie, cette fois, elle ne va pas y couper ! Je frappe comme un fou sur la porte, mais elle n'ouvre pas. Le vacarme alarme le concierge qui finit par venir me demander ce que je fais. Je lui explique que depuis le décès de Rachel, je n'ai pas vu Livie et qu'elle ne s'est pas rendue à son travail. Je ne lui parle pas de sa lettre de démission, voulant mettre toutes les chances de mon côté, afin qu'il déverrouille la porte. Il finit par accepter de se servir de son double de clés. Il me prévient tout de même qu'il ne me laissera pas seul à l'intérieur. J'ai peur de ce que je vais découvrir. Livie aimait Rachel si fort et se sentait si mal à cause de mon frère...

Mais l'appartement est vide ! Je regarde partout, mais aucune trace d'elle. Rien n'a bougé depuis la dernière fois que je suis venu. La vaisselle lavée par Leslie est toujours en train de sécher sur l'égouttoir et rien d'autre n'a été déplacé... Où est-elle ? Elle n'a personne d'autre...

Je suis déboussolé, chaque jour, je me rends chez elle et elle n'y est pas. Il n'y a aucune trace de son passage. Le concierge ouvre à chaque fois la porte pour moi, et semble inquiet aussi, il me dit de prévenir la police de sa disparition et je décide de l'écouter. Après deux heures à poireauter, on prend enfin ma déposition et je réponds aux questions posées. Je leur demande d'interroger le concierge, qui est d'accord avec moi. Livie n'est pas du genre à disparaître comme ça, en abandonnant travail et logement. Je ne fais pas mention de sa lettre de démission, je n'en ai d'ailleurs parlé à personne. Je dois d'abord éclaircir les choses, la retrouver. La reprise du travail lui serait bénéfique. Les élèves la réclament souvent et se plaignent de son absence. Ils m'ont expliqué qu'elle ne répondait pas au téléphone. Je suis obligé de dire que quelqu'un est mort dans sa famille et qu'elle a besoin de temps. J'explique pareil aux autres professeurs, un soir, alors que tous me demandent si elle va revenir ou si nous allons avoir une remplaçante.

– Écoutez, Madame Carron vit une période difficile. Elle va revenir, mais nous ne savons pas quand.

– A-t-elle le droit de faire ce genre de chose ? Demande Madame Fonta.

– Elle est en arrêt-maladie suite au décès de sa grand-mère, je leur explique.

– Oh, je suis désolée pour elle, compatit Madame Pache, avec une expression vraiment peinée sur son visage.

– Il y en a d'autres qui perdent leur mamie sans s'absenter si longtemps ! Cela fait presque deux semaines qu'elle n'est plus là et le travail des élèves s'en ressent, se plaint Sylvie.

– Il me semble qu'à l'infirmerie, le travail de Livie ne vous est d'aucune utilité ? Je l'informe avec virulence.

– Bien sûr, mais les élèves parlent et ils ont du mal à s'en sortir ! Siffle-t-elle, d'un air hautain qui m'exaspère.

– Écoutez, je sais que Livie ne se livre pas beaucoup. Mais elle a perdu ses parents, lorsqu'elle était toute petite et sa grand-mère l'a élevée. Elle n'a plus de famille et parfois, nous avons besoin de temps pour nous remettre des aléas de la vie.

– C'est vrai que ça ne doit pas être facile, compatit Monsieur Fortant.

Les autres polémiquent, jusqu'à ce que je hausse le ton pour les faire taire. Je ne sais pas si je dois leur parler de la disparition de Livie, mais les gendarmes vont venir enquêter ici aussi.

– Il y a quelque chose que je vais vous dire, mais qui ne doit pas être divulgué aux élèves. Vous serez sans doute convoqués de toute façon.

Je les regarde tous dans les yeux, avant de finir ma phrase. Je sais qu'ils vont être surpris. Livie a quand même quelques collègues bienveillants autour d'elle. Un avis de recherche a été diffusé pour la retrouver. Elle n'a pas été revue depuis le soir de l'enterrement, elle est portée disparue.

Des oh mon dieu, la pauvre et j'en passe sont prononcés. Tout le monde est sur le cul. Et moi, je suis tellement inquiet pour elle que je suffoque...

Les frères Novac; tome 1 : AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant