Chapitre 8

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« Enfin ! Je me demandais où tu étais passée, jeune femme ! »

Ismaël venait de les rejoindre, attrapant un tabouret sur la table d'à côté sans rien demander. Son visage dégoulinait d'eau, et Adryanna constata avec surprise qu'il s'était mis à pleuvoir furieusement dehors. Ses cheveux étaient en bataille, et il portait un chapeau particulier de la teinte de la table, qu'il posa sur le dossier de la chaise.

La brune secoua la tête, l'air dépité, rejetant le pincement au cœur qu'elle ressentait à l'idée de ne plus être seule avec Elijah pour répondre à son père.

« J'avais pourtant dit à Andreï de te faire passer le mot sur ma position. J'imagine qu'il doit être trop occupé à dépenser son salaire.

— Ne sois pas trop dure avec ton équipage, Adryanna. Les marins ont besoin de s'amuser, quand ils sont à terre ils ne t'appartiennent plus.

— Ils ne m'appartiennent jamais, père. C'est la couronne qui est leur employeur.

— Si tu le dis, ma fille. Mais qui avons-nous là ? »

Il tourna la tête vers Elijah, un immense sourire aux lèvres. Son regard brillait en permanence, comme si la joie de vivre émanait de lui sans même qu'il ne fasse d'efforts. Il avait l'air heureux, loin de tout problème et contrariété. La mer lui faisait toujours du bien, à chaque voyage il revenait plus détendu. Comme si s'éloigner du présent, de sa réalité, était pour lui un besoin vital. C'était quelque chose qu'il avait transmis à sa fille.

« Monsieur Hopkins lui-même ! Je dois admettre que je ne vous connaissais que de nom, mais je suis ravi de faire enfin votre connaissance.

— Le plaisir est partagé, monsieur Windsor. J'ai beaucoup entendu parler de vous.

— Par cette petite brune, je parie ?

— Hem oui, entre autres. »

Ismaël se mit à rire, et accosta la serveuse pour demander un verre de vin. En face de lui, la brune se retint de dire quoi que ce soit, l'air presque contrarié. Elle se mordit la lèvre pour mieux empêcher ses mots de sortir. A côté, Elijah ne s'était rendu compte de rien, et souriait en regardant Ismaël. Il appréciait déjà cet homme, c'était perceptible. Tout dans son attitude indiquait qu'il était détendu, et qu'il ne se retenait pas d'agir comme il le voulait. La jeune femme retint un sourire. Rares étaient les hommes qui aimaient autant son père, dès le premier regard. Avec lui, c'était du quitte ou double, et elle nota inconsciemment avec soulagement le fait qu'Elijah semblait avoir opté pour le double.

Elle s'était quelque peu affalée sur sa chaise, la cheville gauche reposant sur son genou droit. Ses longs cheveux retombaient sur le devant de ses épaules gênant sa vue, et pourtant elle ne les touchait pas, par habitude. Elle se mit en retrait de la conversation, dans réflexe courant quand elle voulait réfléchir un peu. Pourquoi y avait-il fallu que son père arrive maintenant ? Elle passait un excellent moment avec Elijah, et commençait enfin à en apprendre plus sur lui. Elle aimait ce genre de discussions privées, et même si elle était heureuse de voir son père, elle aurait préféré le rejoindre plus tard. Enfin, Elijah n'avait pas l'air de penser la même chose : son grand sourire et sa façon de s'esclaffer aux plaisanteries d'Ismaël indiquaient même tout le contraire.

Les larmes de la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant