Chapitre 10

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La porte de sa chambre s'ouvrit à la volée, sans qu'elle ne voie rien venir. Allongée sur le lit, une bouteille presque vide à la main, elle eut à peine le temps de cligner des yeux que déjà une silhouette passait l'encadrement de sa chambre, venant s'écrouler à ses pieds. Accompagnée d'une odeur caractéristique qu'elle ne connaissait que trop bien.

Son sang ne fit qu'un tour : son père venait de revenir. Et il n'était pas venu seul, la blonde était à ses côtés, le soutenant d'un bras fébrile qui ne demandait qu'à lâcher, à moitié au sol elle-même.

Se redressant rapidement mais maladroitement à cause de la quantité d'alcool ingérée, elle mit du temps à comprendre la scène qui se déroulait devant ses yeux. Pourquoi la fameuse « Narcisse » soutenait-elle son père ? Et quelle était cette odeur de métal qu'elle sentait ? Du... sang ?

Elle en eut la nausée. Il fallait qu'elle sorte de là, qu'elle... Elle s'arrêta soudainement de réfléchir. Son père dégageait une odeur répugnante de sang. Ce n'était pas normal. Il était blessé. Quand l'information finit enfin par monter jusqu'à son cerveau, elle se redressa immédiatement pour venir s'agenouiller auprès de son père, plus soucieuse que jamais.

« Papa ? Papa qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Elle ne pouvait retenir son angoisse, le visage ayant soudainement blêmi. En face d'elle, la blonde s'était relevée, et avait attrapé le reste d'alcool. Elle fit la grimace.

« Ce n'est pas ce que j'aurais recommandé pour ce genre de blessures. Et on n'en aura pas assez. Je vais chercher quelque chose de mieux, surtout Adryanna faites en sorte qu'il ne bouge pas. La plaie va s'aggraver si on la malmène. »

La brune la regardait d'un air complètement ailleurs. Comment cette inconnue osait-elle lui donner des ordres, et qui plus est concernant son père ? Elle avait beau avoir de l'alcool dans le sang, elle savait très bien que cette femme n'était pas fréquentable, ni recommandable. Et le fait qu'elle ramène son père blessé aurait très bien pu être de son fait. Avant qu'elle ne puisse lui dire quoi que ce soit, la corsaire s'aperçut qu'elle était déjà sortie, en un coup de vent. Elle pesta silencieusement.

« Père, que s'est-il passé ? Que vous a-t-elle fait ? »

Ismaël retint un grognement, la main sur le flanc droit. Il avait les yeux mi-clos, et s'était adossé aussi bien que mal au bord du lit. La tête en arrière, il marmonna de façon incohérente, difficilement.

« Rien. Elle n'a rien fait. C'est la sœur de Makarios, Medvedev. On peut... »

La douleur lui arracha une grimace, et aussitôt Adryanna s'agenouilla à ses côtés pour mieux observer la blessure. Son père continua malgré tout.

« On peut lui faire confiance. »

Il n'avait pas l'air de comprendre que le nom de famille de cette femme ne lui inspirait rien du tout. Elle se retint d'ajouter que c'était une voleuse, et une meurtrière. Son père n'était pas en état de débattre, mais elle doutait sérieusement de ses capacités à faire confiance depuis qu'il avait rejoint cette hors-la-loi pour l'aider. Attrapant un tissu de serviette, elle décala la main de son père et ouvrit sa chemise d'un geste brusque, ce qui lui arracha un hoquet de stupeur. La plaie n'était pas que superficielle, il saignait abondamment. Ce qui semblait être la lame d'une épée avait transpercé jusque cinq centimètres sous la peau, et pour peu que celle-ci n'aie pas bien été nettoyée, la plaie pouvait s'infecter à n'importe quel moment.

« Bon, ça... ça n'a pas l'air d'avoir atteint d'organes. »

La porte s'ouvrit à la volée, sur la blonde qui revenait avec une bouteille d'alcool fort. Elle s'agenouilla aussitôt, débouchonnant le liquide avec ses dents.

Les larmes de la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant