Chapitre 6

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Devant eux, déjà on entendait les marins et membres du ports français parler, s'exclamant dans des mots à l'accent incompréhensible. Adryanna se tourna vers son père, avançant vers le pont de fortune.

« Navrée, mais je crois ne me rappeler d'aucun de mes cours de français. Sauf pour ce qui est de dire bonjour, peut-être. »

Son père eut un rire dépité en passant son bras autour de ses épaules.

« Ah, qu'est-ce que l'on va faire de toi brunette... Toutes ces heures perdues dans des cours inutiles, si j'avais su...

— Hm, tu n'aurais rien changé. Tu adorais avoir un peu de temps sans que je sois toujours collée dans tes pattes, non ?

— Comment aurais-je pu me lasser de cette petite tête d'ange ? Impossible. »

La corsaire fit une moue dubitative, le taquinant, et les deux éclatèrent de rire au même moment quand ils posèrent le pied sur les pavés. Après des semaines en mer, la sensation était toujours aussi étrange : c'était comme surnaturel, un sol qui ne tanguait ni ne se mouvait au gré des vagues. Perturbée, comme à son habitude, Adryanna regarda son père en râlant.

« La terre ferme ne m'avait pas manqué.

— Et comment le saurais-tu si tu ne la regagnais pas de temps en temps ? »

Elle inclina la tête, réfléchissant à la phrase de son père.

« Un point pour le cartographe. »

Dans un rire amusé, Ismaël se mit à observer ce qui les entourait, et elle ne tarda pas à faire de même. La mode française était encore bien différente de celle des Anglais, bien plus sophistiquée et extravagante. Des femmes arboraient des mouches, ces faux grains de beauté sombres posés un peu aléatoirement sur leur visage, accompagnées de robes-manteaux longues. Elle avait entendu dire que, en France, la mode était au confort et à l'élégance. Dans une petite moue, elle acquiesça. Les autres pays s'inspiraient toujours de la cour de Henri IV.

Un bruit et une agitation sur sa droite lui indiqua que le second navire venait d'accoster, et son cœur se mit à battre un peu plus vite encore. A côté d'elle, Ismaël esquissa un léger sourire amusé.

« Allons, va donc le rejoindre. En tant que meneuse de la traversée, tu te dois de t'enquérir de l'état de son équipage. »

Elle leva les yeux au ciel, mais ne put contenir le sourire qui grandissait sur ses lèvres. Malgré elle, ce qu'elle ressentait déjà pour le jeune corsaire transparaissait dans son attitude et ses expressions. Elle aurait voulu réussir à masquer ses émotions, à avoir un jardin privé à l'intérieur d'elle, mais c'était impossible. Depuis son plus jeune âge, elle n'avait jamais réussi à le faire. C'était probablement la faute de ses pupilles, trop dilatées.

« Et toi ? Où vas-tu aller, père ?

— J'ai entendu dire que les Français étaient un peuple assez... Rigide sur les bords. J'entends donc aller chez des tailleurs de haute couture, et les embarrasser par mon tempérament. Cela te semble être un bon programme ?

Les larmes de la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant