Chapitre 40

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Le reste de la soirée se déroula sans encombre. Leonid et Elijah avaient toujours eu une relation de père et fils, ce qui créait une belle complicité. La jeune femme, elle, aurait pu rester des heures à les écouter discuter, sans sentir le besoin de rajouter quoi que ce soit. Elle adorait le ton de voix posé, propre aux deux hommes avec qui elle se trouvait. Et surtout, elle aimait la diversité de leurs conversations. Ils pouvaient passer du débat philosophique sur l'achat de biens étrangers à leur repas préféré, et cela en l'espace de quelques minutes seulement.

Elle sourit en entendant la fin de la phrase d'Elijah.

« Je pense malgré tout que, pour un jeune homme, une éducation dite convenable n'est pas celle que l'on retrouve sur un bateau. »

Etouffant un rire, elle se permit de rentrer dans la conversation.

« Voyons, cher Elijah, serais-tu en train de sous-entendre que mon éducation laisse à désirer ? »

Il se mit à bredouiller.

« Non, enfin ce n'est pas ce que j'ai dit... L'éducation des bateaux reste très utile, et surtout elle apprend la réalité de la vie. »

Leonid les écoutait tous deux, un léger sourire quasiment imperceptible aux lèvres. Plus Elijah débattait, plus il semblait perdre l'avantage sur l'aplomb remarquable de sa fiancée. Il essaya de l'aider, lâchant dans un rire doux :

« Que cela soit vrai ou non, je trouve pour ma part que votre éducation, Adryanna, peut laisser à désirer, surtout quand on constate la façon dont vous vous tenez à table. »

La jeune femme jeta un coup d'œil instinctif à sa jambe repliée, dont le pied reposait sur le bord de la chaise, et à son bras passé autour de la chaise voisine pour plus de confort, et éclata de rire.

« Sur ce point, vous m'avez eu ! Je plaide coupable... »

Elijah se pencha vers sa fiancée pour lui embrassa la tempe en riant avec taquinerie.

« Que ferais-je sans vous Leonid ? Jamais je n'aurais le dernier mot avec cette corsaire têtue ! »

Elle lui pinça les côtes en le raillant.

« J'ai raison et tu le sais, capitaine de trois sous ! »

Se chamaillant encore quelques minutes, les deux corsaires ne s'arrêtèrent que quand ils furent à bout de taquineries, le regard brillant d'amusement et d'affection. Ce qu'ils n'exprimaient pas à haute voix, leurs yeux le disaient sans détour. Leur attachement indéfectible, leur loyauté à toutes épreuves, et surtout leur amour incommensurable. Tout se lisait dans la façon qu'ils avaient de se regarder.

Leonid ne voulait pas les couper, mais il se sentit obligé de le faire quand Elijah se leva pour aller ranger la vaisselle. L'ancien esclave aimait faire les choses lui-même, et il pouvait se montrer très obstiné à ce sujet.

Les larmes de la merOù les histoires vivent. Découvrez maintenant