Charlie était stressée.
Mais c'était un bon stresse si quelqu'un le lui demandait, parce qu'elle allait enfin pouvoir commencer à se sentir mieux dans sa tête et avec elle-même.
Bien sûr elle savait que tous ses problèmes ne seraient pas résolus en une heure de thérapie, mais elle savait aussi à quel point cela avait fait du bien à sa meilleure amie au cours des derniers mois.
Le simple fait de savoir qu'elle allait pouvoir discuter avec une personne qui n'était pas là pour la juger, mais qui était là pour l'écouter et la guider avec ses pensées était un soulagement pour elle.
Avant d'envisager de voir quelqu'un, elle ne s'était jamais rendu compte à quel point c'était le bazar dans sa tête et à quel point elle avait besoin de faire sortir tout ce qui n'allait pas.
Mais aujourd'hui elle s'en rendait vraiment compte...- Charlie ? Retentit la voix de la personne à qui elle allait confier toute sa vie dans quelques minutes.
- Oui. C'est moi, mais vous le savez déjà, je pense que Chelsey a dû vous parler de moi.
- Effectivement, mais je n'ai pas le droit de dire de quoi nous avons parlé toutes les deux pendant nos heures de thérapie, tout comme je n'aurai pas le droit de lui dire de quoi nous allons parler...
- J'en suis consciente, répondit l'adolescente, remettant l'une de ses mèches de cheveux brunes derrière son oreille, tout en se levant du siège sur lequel elle se trouvait dans la salle d'attente, mais j'ai bon espoir que le fait que vous soyez aussi la thérapiste de ma meilleure amie vous aides à avoir une meilleure vue d'ensemble qui puisse, et m'aider, et l'aider elle aussi sur le long terme.
- Cela dépend de beaucoup de choses, cela peut être vrai, tout comme cela peut être faux. Tout va dépendre de comment se déroule nos séances. Bien entendu, je ne peux que te conseiller de lui dire que tu viens me voir également, pour le bien de nos séances. Parce que, comme je l'ai dit, je ne peux pas lui dire quoi que ce soit sur mes autres patients, cela fait partie du secret professionnel. La seule raison pour laquelle tu sais qu'elle est ma patiente, c'est parce qu'elle te l'a dit elle-même.
- Je compte lui en parler... Mais pas tout de suite... J'ai besoin d'avoir un peu avancé sur le sujet de mes sentiments pour elle avant de m'ouvrir sur tout cela... Mais ses Mères sont au courant, c'est en fait Isabella qui m'a déposé ici parce que j'avais peur d'être en retard. Nous sommes sorties de cours il y a seulement un quart d'heure. Je ne voulais pas faire mauvaise impression pour ma première session en arrivant en retard, sourit doucement l'adolescente, tout en suivant le Dr. Jones dans son bureau.
- Je vais te dire la même chose que je dis toujours à Chelsey. J'apprécie la ponctualité, mais s'il te plait, ne te met pas dans tout tes états si tu arrives quelques minutes en retard. La vie est faite de bouleversement et d'instants qui ne sont pas toujours prédictibles, même si tu essayes de faire de ton mieux pour les contrer. Je ne veux pas que nos rendez-vous soient source d'une quelconque angoisse. Tu es là pour aller mieux, pas pour te sentir moins bien. Bien sûr, si tu vois que tu vas être en retard de plus d'une dizaine de minutes j'apprécierai un appel, mais plus pour que je ne m'inquiète pas. Je suis psychologue, j'ai tendance à m'imaginer très vite le pire quand l'un de mes patients ne se présente pas à l'un de ses rendez-vous.
- Si ça peut vous rassurer, je n'ai aucune pensée suicidaire. Je me sens bien de ce côté-là... J'ai juste besoin de sortir quelques petits trucs de ma tête pour ne pas rester en boucle sur les mêmes sujets. Sinon je me connais ça va tourner dans ma tête sans arrêt jusqu'à ce que je réussisse à en parler avec quelqu'un... Et comme ce quelqu'un ne peut pas être quelqu'un que je connais, parce que j'ai besoin d'un avis extérieur à la situation, me voilà ici.
- Et bien je suis ravie de pouvoir aider, peu importe la manière. Je suis là pour t'écouter et te conseiller au mieux de mes capacités.
- Génial... Hum... C'est la première fois que je vois une psychologue, alors je ne sais pas vraiment pas quoi commencer...
- Tu vas surement détester ce que je vais te dire, mais pourquoi ne commencerais-tu pas par le début ?
- Oh effectivement, je n'y aurai pas pensé seule, merci, répondit avec une légère pointe de sarcasme l'adolescente aux cheveux bruns, recevant un léger rire en réponse.
- Et bien tu serais surprise du nombre de personne qui n'y pense pas, en fait. Ils ont même tendance à commencer par le milieu, pour ensuite revenir en arrière quand ils se rendent compte qu'un détail de leur histoire peu, en fait, être utile pour que je comprenne toute l'histoire et que je puisse les conseiller au mieux.
- Et bien, je suis désolée, mais ces personnes sont en fait un peu stupides. Cela parait logique de commencer par le point "A", pour arriver au point "B".
- Oh je suis persuadée que Chelsey sera ravi de savoir qu'elle est en fait stupide...
- Je n'ai... Ce n'est pas ce que je voulais dire... Je...
- Je plaisante, ne t'en fait pas, non pas que je puisse parler de ce que nous avons pu nous dire en thérapie, mais en fait, Chelsey a plutôt commencé par le début de son histoire la première fois qu'elle est arrivée ici. En fait, je pense qu'elle m'a fait plus ou moins le même commentaire que toi. Je pense, que sans le vouloir, vous vous ressemblez beaucoup toutes les deux.
- Et bien, c'est ma meilleure amie. Nous passons beaucoup de temps ensemble. Je pense que dans une certaine mesure, nous avons pris chacune certains traits de charactères de l'autre. Et certaines expressions que nous avons l'habitude d'entendre l'une chez l'autre. Je suis assez sûre qu'il y a un terme en psychologie pour ce genre de chose.
- Il y en a un, effectivement, cela s'appelle du mimétisme. Comme lors qu'un enfant copie un parent quand il apprend à manger avec des couverts, ou tout autre apprentissage d'ailleurs.
- Ca a l'air passionnant !
- Mais nous ne sommes pas vraiment là pour faire un cours sur le mimétisme ou tout autre terme utilisé en psychologie. Et si nous commencions à parler de toi et de ce qui t'amène ici ?
- Ouai... Hum... Je suppose que je devais commencer par le moment où ma vie a complètement changé, c'est à dire le moment où j'ai réalisé que ce qui me rendait si mal, que ce qui me rendait aussi déprimée n'était pas juste les hormones normales d'une adolescente... Que c'était plus profond que cela... J'ai décidé d'en parler presque directement à mes parents, une fois que j'avais mis mes idées en place et que j'avais un plan pour tout leur expliquer... Que je me sentais prête à leur expliquer qui j'étais réellement... Parce que je pensais qu'ils seraient là pour moi, même s'ils ne comprenaient pas exactement tout... Parce qu'ils sont ma famille... Mais j'avais tort, j'avais tellement tort...
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Tattooless
General FictionLorsque sonne l'heure des dix ans de chaque enfant sur la planète, un tatouage d'âme-sœur apparait sur sa peau. Un tatouage qui lui permettra de rencontrer la personne faite pour le ou la compléter. Mais Chelsey est différente, à ses 10 ans, aucun t...