Chapitre 38.

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C'est une Charlie extrêmement hésitante qui sonna à la porte de la maison des Mères de sa meilleure amie.
Elle ne savait pas exactement encore comment formuler sa demande, mais elle espérait sincèrement qu'arrivée devant les trois femmes qui élevaient Chelsey et qui c'étaient toujours montrées si gentille avec elle, elle allait avoir trouvé quoi dire et surtout, comment le dire.
Entendant le bruit des clés tournant dans la serrure, Charlie serra doucement les poings, avant d'inspirer et d'expirer profondément, afin de se donner du courage.

- Charlie ? Retentit la voix surprise d'Amelia, salut ? J'espère que tu n'espérais pas voir Chels', elle n'est pas à la maison pour le moment...
- Je sais... Hum... En fait c'est vous, ou Isabella, ou même Ella, que j'espérais voir... Si vous avez un moment à m'accorder...
- Bien sûr ! Est-ce que ça va si c'est juste ou moi ? Ou tu veux que nous attendions Isa et Ella ?
- Ça me va si c'est juste vous... Je... J'aimerai juste que Chelsey ne le sache pas pour le moment...

Amelia fronça doucement les sourcils, mais acquiesça ensuite, avant de diriger Charlie en direction du salon, non sans avoir fermé la porte d'entrée derrière elle.

- Avant toute chose, s'il te plait, arrêtes de me vouvoyer. Je pense que j'ai déjà dû te le dire environ vingt fois, mais je ne désespère pas de réussir un jour à te faire utiliser ce maudit tutoiement.
- Désolée... C'est l'habitude je suppose. Mes parents m'ont toujours dit que je devais vouvoyer les adultes, que c'était une marque de respect.
- Et bien oui, tu peux et c'est même tout à ton honneur de toujours suivre certaines des choses que tes parents t'on apprit. Mais est-ce que tu vouvoies ton oncle et ta tante ?
- Non, je ne vois pas pourquoi je devrais les vouvoyer, ils sont de la famille.
- Et bien considère que nous sommes de la famille nous aussi. Donc tutoie nous.

Charlie sentit les larmes lui monter aux yeux sans qu'elle ne puisse s'en empêcher.
Elle savait plus ou moins que les Mères de sa meilleure amie la considérait comme faisant parti de la famille, parce que Chelsey le lui avait dit de nombreuses fois auparavant.
Mais c'était différent de l'entendre directement de la propre bouche d'Amelia.
Charlie ne savait pas vraiment comment l'expliquer, mais ça donnait à cette phrase une toute autre dimension.
Elle avait vraiment envie d'y croire cette fois et elle espérait que c'était vrai, surtout avec ce qu'elle s'apprêtait à demander.

- Très bien, je vais essayer de le faire, mais je ne vo... Ne te promets rien.
- Essayer c'est bien, sourit Amelia avec enthousiasme, avant de tapoter le dossier du canapé du bout de ses doigts, assieds-toi, je vais aller nous chercher quelque chose à boire. Quelque chose te ferait plaisir ?
- De l'eau serait bien, merci beaucoup.

Acquiesçant doucement, Amelia laissa Charlie seule quelques instants afin d'aller chercher les boissons, laissant le temps à Charlie pour se reprendre et s'asseoir confortablement sur le canapé.

- Et voilà, un verre d'eau pour toi. Si tu veux autre chose, n'hésites pas à me le demander.
- Et bien... Je veux autre chose... Enfin je souhaiterais autre chose et je comprendrais parfaitement si vous refusiez, parce que je ne sais pas quand je pourrais vous rembourser... Et quand je dis vous c'est dans le sens Isabella, Ella et toi, ce n'est pas... Je ne te vouvoie pas...
- Hey Charlie, tu peux tout me demander, ça va bien se passer, la pire chose qui puisse arriver est que je te dise non, alors tu ne risques pas grand-chose en soit.
- Ouai... Hum... Je suppose que tu sais pour Chelsey et ce qu'elle ressent pour moi...
- Oui, je suis au courant, je sais aussi que vous avez parlé et que ça a l'air d'aller bien entre vous deux depuis. Est-ce qu'elle a fait quelque chose pour te rendre mal à l'aise ? Est-ce que tu voudrais que je lui en parle ? C'est pour cela que tu es là ?
- Non, ce n'est pas ça... C'est... J'ai réalisé que j'aurai peut-être moi aussi besoin de voir une psychologue... Pour pouvoir parler de tout ce qui m'est arrivé, mais aussi pour tout mettre au clair dans ma tête... J'en ai parlé avec mon Oncle et ma Tante, mais ils n'ont pas les moyens de me payer les séances de psy pour le moment. Ils ont essayé de voir s'ils pouvaient me mettre sur leur mutuel. Mais comme je ne suis pas vraiment leur enfant, ils ne peuvent pas le faire... J'ai essayé de demander à travailler plus d'heures au Diner où je travaille déjà le samedi, mais si je fais ça, je devrais laisser tomber mes activités extra-scolaire et ça me pénaliserait pour rentrer à l'université l'année prochaine et ça pourrait me coûter la bourse que je suis sur le point d'obtenir... Alors je me suis dit que peut-être, vous pourriez m'aider en me prêtant un peu d'argent... Pour que je puisse prendre quelques séances chez un ou une psychologue... Je vous rembourserais le moindre centime bien sûr... C'est juste que je ne sais plus vers qui me tourner pour obtenir l'aide dont j'ai besoin...
- Tu ne vas rien nous rembourser Charlie. Et bien sûr que nous allons t'aider, répondit la jeune femme, ses yeux brillants de larmes mal contenue.
- J'y tiens... Même si tu me considère comme faisant parti de la famille, ce n'est pas vraiment le cas et je ne veux pas être redevable de quoi que ce soit à qui que ce soit. Même si les personnes sont toi, Ella et Isabella et que vous êtes toujours géniales avec moi.
- Tu sais. Même si je comprends ton besoin d'indépendance et que d'une certaine manière j'aurai certainement agit de la même façon si c'était moi qui demandais de l'aide... Tu as le droit de pouvoir compter sur ta famille, qu'elle soit de sang ou non, en cas de coup dur. Et je peux te l'assurer, même si un jour tu te disputes avec notre fille et que vous ne vous parlez plus, tu pourras toujours compter sur nous et n'agirons jamais de manière à ce que tu penses que tu nous es redevable d'une quelconque manière.
- Je sais que vous n'êtes pas ce genre de personne, je n'en ai jamais douté, c'est moi... J'ai besoin de me dire que je peux m'assumer...
- Tu as 16 ans Charlie, tu n'as pas à porter le poids du monde sur tes épaules... Laisse-moi t'aider... Laisse-nous t'aider...
- Je...
- Tu sais, si personne ne m'avait tendu la main quand j'en avais besoin, je ne serais pas là où j'en suis aujourd'hui. Si je n'avais pas décidé d'accorder un minimum ma confiance aux autres, je n'aurais jamais donné leur chance à mes âmes-sœurs et je serais surement toujours dans le Sud de la France, à vivre chez mes parents en essayant de ne pas me faire remarquer par qui que ce soit, et surtout pas par les deux personnes sans qui je ne me verrais plus vivre maintenant.
- Je ne peux pas croire qu'Ella ou Isabella vous aurait laissée rester loin d'elles sans se battre.
- Oh elles se sont battues pour s'assurer que je reste à leur côté, même quand cela n'allait pas. Tout comme je vais me battre pour toi et pour m'assurer que tu puisses devenir une adulte bien dans sa peau.
- Même si je brise le cœur de Chelsey ?
- L'amour ne se contrôle pas Charlie. Je le sais et Chelsey le sait également. C'est pour cela que malgré le fait qu'elle ait des sentiments pour toi, elle n'attend rien de toi autre que de continuer à être ton amie, si tu veux toujours d'elle en tant qu'amie.
- Bien sûr ! Chelsey est ma meilleure amie avant tout ! Je ne sais pas ce que je serais devenue sans elle en arrivant ici. Je pense qu'elle m'a clairement sauvé la vie à de nombreuses reprises et même si je suis un peu blessée qu'elle ait décidé de m'ignorer comme ça pendant des jours, je comprends aussi un peu pourquoi ça a été dure pour elle et je suis prête à passer au-dessus de cela. Parce que comme tu le dis, l'amour ne se contrôle pas.
- Bien. Alors s'il te plait. Laisse-moi t'aider, laisse-moi prendre en charge tes séances chez le psychologue sans te demander de les rembourser en retour. Parce que si l'amour ne se contrôle pas, la famille et l'environnement dans lequel tu née et dans lequel tu es élevée n'est pas quelque chose que tu peux contrôler. Mais les choix que tu fais par la suite, ça c'est quelque chose sur lequel tu as du contrôle.
- Je... Je ne sais pas quoi dire...
- Dis simplement que tu acceptes. Laisse-nous t'aider à ce que tu te sentes bien, à ce que tu puisses devenir la personne que tu as toujours voulu être.

Charlie savait qu'elle n'obtiendrait pas gain de cause sur le sujet, que la meilleure façon pour elle de pouvoir obtenir l'argent dont elle avait besoin pour ses séances de thérapie était d'accepter l'aide des Mères de sa meilleure amie.
De plus, ce n'était pas comme si Amelia lui demandait quelque chose de complètement dingue et irréalisable.
Elle lui demandait simplement de ne pas lui rembourser des séances de psy.
Et même si Charlie voulait être plus indépendante, elle savait aussi quand il était nécessaire d'accepter l'aide qu'on lui donnait.

- Très bien j'accepte ton aide. Mais seulement parce que tu ne me laisses pas le choix.
- Je sais. Je suis une horrible personne, lança avec une pointe d'amusement Amelia, faisant un léger clin d'œil en direction de l'adolescente.
- Un jour je trouverais le moyen de te rembourser pour ce que tu as fait pour moi aujourd'hui et ce que tu feras dans les prochaines semaines.
- Que dirais-tu de ne pas chercher à me rembourser et plutôt, d'un jour, quand tu seras une adulte bien dans sa peau, de faire la même chose pour une jeune fille perdue, qui aura besoin d'aide.
- Je pourrais faire ça ouai... En fait c'est même une excellente idée ! Sourit l'adolescente avec enthousiasme, faisant sourire Amelia en retour.
- Bien ! Si cela est réglé ! Est-ce que tu m'aiderais à préparer le repas de ce soir ? Ella ne va pas trop tarder, mais je préfèrerai vraiment qu'elle ne s'approche pas de la cuisine. Toi comme moi, nous savons très bien que ce n'est pas une bonne idée de la laisser être à moins de 100 mètres de la cuisine d'une quelconque façon, sous peine de voir un accident se produire.
- Oui effectivement, je me souviens encore de la dernière fois. Elle a vraiment failli mettre le feu à se torchon de cuisine. C'était assez impressionnant à voir.
- Parfois je me dis que la seule raison pour laquelle elle a atteint l'âge adulte sans trop d'encombre, c'est simplement parce que son Père était pompier et qu'il a pu éteindre tous les petits incendies qu'elle a allumé dans la cuisine et qu'il savait quoi faire si elle s'empoisonnait avec la nourriture qu'elle venait de préparer. Je n'ai jamais posé la question, mais je pense qu'ils devaient avoir le numéro du centre antipoison en numérotation rapide, juste au cas où. Personnellement c'est ce que j'ai fait et Chelsey et Isabella ont fait de même depuis quelques temps. Je pense qu'elles ont eu peur depuis la dernière fois où elle nous a ramené un champignon de sa balade qui s'est avéré être un champignon vénéneux.
- Non, elle n'a pas fait ça !?
- Oh crois-moi, quand il s'agit de cuisine, tu peux t'attendre à tout avec Ella Grant.

Oh ça, Charlie voulait bien le croire.
Elle avait entendu assez d'histoire sur les talents de cuisinière de la Mère de sa meilleure amie pour savoir qu'il valait mieux ne jamais accepter quoi que ce soit de comestible de sa part, sous peine d'avoir une très mauvaise surprise.

- Est-ce que tu as déjà entendu parler de la fois où elle a failli brûler la cuisine parce qu'elle n'avait pas mis d'eau dans ses pâtes ? Demanda Amelia, tout en guidant l'adolescente en direction de la cuisine, lui racontant l'une des plus célèbres histoires sur l'une des rares fois où l'Américaine avait été autorisée à entrer dans la cuisine de leur maison et où, encore une fois, cela avait quasiment fini en véritable catastrophe...

TattoolessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant