Enh-yal 〘Enhypen〙

Chapitre 37

Nous restions ainsi, assis l'un à côté de l'autre. Il ne disait plus mots depuis une dizaine de minutes. Je pu constater avec grand plaisir qu'une fois sa conversation terminée, Jake alla rejoindre un groupe de métayers hommes pour la compétition de tir à la corde. Monsieur Park et lui échangèrent un regard complice, et retirèrent leur veste en les jetant sur un fauteuil plus loin. Ils remontèrent leurs manches et allèrent rejoindre d'autres domestiques au service de la famille royale. 

- Tu n'y vas pas ? ai-je demandé à Riki.

Il échangea un regard entre moi et le groupe qui se préparait, se leva et alla rejoindre en posant son verre, la compétition. 

Génial.

Il remonta ses manches, mais garda néanmoins sa veste. Jake souriait, comme je ne l'avais jamais vu avant. Voyant le prince du Japon rejoindre l'activité, Yang Jungwon ne se fit pas désirer plus longtemps et à peine avais-je eu le temps de le reconnaître, qu'il se retrouvait déjà en chemise au milieu de tout le service de la couronne. Cela ne pouvait me faire plus plaisir. Je souriais, fière de mes amis. Les domestiques étaient aux anges, comme moi. Un fermier les taquina sur leur allure qui paraissait fébrile. Jake et Park Sunghoon échangèrent un regard, puis rirent en cœur. Yang Jungwon ne tenait plus en place. Il se contenait pour ne pas sautiller sur place. Finalement, nous nous ressemblons un peu tous, nous ne sommes que de jeunes gens à l'âme affaiblie par la souffrance que nous avons ressenti en fonction de nos parcours. Mais nous restons tous des êtres humains, similaires les uns aux autres.

Tous les garçons attrapèrent la corde, Jake au début de la file, faisant face au métayer de l'autre camp devant lui. Park Sunghoon se tenait juste derrière lui, vêtu d'une chemise blanche bouffante. Derrière lui, deux de nos valets, suivi de Riki, notre chauffeur et Yang Jungwon. Un homme âgé d'une quarantaine d'années annonça que la compétition allait commencer. Je m'étais levée de mon fauteuil. J'ai rejoint la longue rambarde en métal qui tenait le tissu tendu au dessus de ma tête et m'y suis agrippée. Au son du sifflet, tous leurs muscles se raidirent. Jamais je ne les avais vu si concentrés. Ce n'était donc pas un mythe, les hommes sont compétitifs. Tous étaient concentrés, acclamés entre rires, cris, encouragements. Je me suis surprise à les soutenir intérieurement. Tous commençaient à atteindre un teint de peau chaud, mais restaient muets. J'avais l'impression que la corde ne bougeait pas vraiment... 

- Allez, les garçons... ai-je murmuré. 

Concentrée sur la compétition, je ne pris guère attention à la silhouette passant près de moi. C'est quand il enleva sa veste et alla rejoindre le groupe de ma famille que je le reconnus. Mon cœur fit un bond. D'où sortait-il ? Il apparut si chastement que je n'eus même pas le temps de lui adresser un mot. Le brun se positionna derrière Yang Jungwon, attrapa fermement la corde et cria. 

- Pour la Reine !

À ces mots, les huit redoublèrent d'effort, emportant la corde dans leur chute sur la pelouse. Des cris victorieux s'échappèrent de la bouche de chacun, ainsi que des fermiers vaincus. 

- Félicitations ! La couronne l'emporte ! s'exclamèrent les métayers.

Je les ai rejoins, fière. 

- Félicitations à tous. Vous méritez une pause. ai-je dit en leur montrant les verres posés à disposition.

 Les domestiques me remercièrent, Monsieur Park fit de même, tandis que les quatre autres garçons restèrent là, à m'entourer. Jake se releva d'un simple geste, secoua son pantalon, alla récupérer sa veste posée plus loin, tandis que Riki se relevait, sorti un mouchoir de sa poche piur éponger son front et son cou. Jungwon se releva en riant, les yeux plissés, les joues rouges. Heeseung, lui, est resté assis, là.