Philly

Simone

Mandy Moore – Fifteen

-Vous n'auriez pas vu ma vitamine C ? demandé-je à Cassie et May qui étaient allongées sur mon lit.

May était sur son téléphone, sur la page Instagram de Hailey Bieber. Elle n'a pas arrêté de liker toutes ses publications depuis l'annonce de sa grossesse. A croire que le fait de savoir que Justin Bieber, son chanteur préféré, attend un enfant la ravie plus que sa première fois. Quant à moi, je ne sais pas ce qu'elle trouve d'aussi exceptionnel sur la femme de ce dernier. Enfin à part sa superbe marque, Rhode.

-Non, je ne sais même pas ce que c'est, répond May en me lançant un regard à la dérobée.

-Ça ne m'étonne pas vu l'éclat ridicule de ta peau, répliqué-je.

May me fusille du regard. Je lui tire la langue.

-Et toi, Cassie ? demandé-je en me tournant vers la concernée.

-Tu parles de ta vitamine C ? Celle que tu refuses que j'utilise ?

-Oui. Et dès que je la retrouve, tu n'auras toujours pas le droit de la toucher.

-Tu sais quoi ? Garde le pour toi, vocifère-t-elle. D'ailleurs pourquoi tu as besoin de tous ces trucs. Moi je ne vois pas trop la différence que ça fait sur ta peau.

-On est deux ! S'exclame May.

-C'est normal, ce n'est pas à toi que je veux que ça plaise mais aux mecs.

Elle ricane tout en tournant les stupides pages de son magazine sur les robes de mariées. Je ne peux pas m'empêcher de lui dire le fond de ma pensée.

- Pourquoi tu feuillettes ça ? Tu ne vas jamais te marier.

-Arrête ça ! Intervient May. Simone, tu sais très bien qu'elle rêve du jour de son mariage depuis qu'elle a huit ans.

Ma vie est un rêve. Ma vie a d'ailleurs toujours été un rêve depuis toute petite. Je ne suis pas en train d'exagérer, croyez-moi. Toutes les filles autour de moi rêvent d'être moi. Elles n'ont pas besoin de le dire, je le sais. Alors je suis bel et bien en droit de dire que j'ai une vie de rêve. Je sais qu'en ce moment je suis en train de faire des jalouses et même des jaloux mais ce n'est pas grave, j'aime ça ! On ne va pas se mentir, j'adore que les regards soient sur moi. J'aime que les autres filles me regardent avec envie, ça me procure un sentiment de grandeur. Sans se mentir, qui n'aime pas être belle ?

Dans mon cas, je sais que je suis belle et ce depuis l'âge de sept ans. C'est à cette âge que j'ai gagné mon premier concours régional de beauté.

Ce que vous n'imaginez pas c'est à quel point c'est dur d'être belle et SURTOUT de le rester !

-Je sais, je suis sa cousine. C'est de moi qu'elle se servait comme cobaye pour ses cérémonies.

-Tu te souviens de ça ? me demande Cassie en souriant.

-Ouais, je m'en rappelle. Tu as épousé Ben Affleck, Jacques Cousteau, Joe Manganiello, et oui...il y'avait aussi LeBron James, William Levy, et Leonardo DiCaprio.

-Mais bon Leonardo DiCaprio jeune ein !

-William Levy? Fait May, en arquant un de ses épais sourcils bruns.

-Oui, c'est le mec le plus mignon sur terre. Il a joué Alexandro Lombardo dans la célèbre télénovela de deux mille neuf, « Sortilegio », dit Cassie avec de grand gestes.

-Télénovela ? Parce que vous regardez des télénovelas ?

-Pas nous. Nos mais nos mères sont Mexicaines, qu'est-ce que tu veux ? Lui dis-je.

-Et pourtant vous ne savez pas dire un seul mot en espagnol.

-La ferme !

-A votre avis, qui sera la dernière d'entre nous à se marier ? demande Cassie.

On se regarde toutes. La réponse à cette question était évidente. Sans hésiter...

-Jude !! crie-t-on en chœur.

Ça fait remonter des souvenirs ! Petites, Cassie et moi on a prévu nos vies des dents de lait jusqu'au jour où on en aura plus. On a chacune écrit une liste de ce qu'on voudrait réaliser une fois grande. Je ne sais pas si elle a encore la sienne mais la mienne est dans une boite dans mon chevet de lit. Chaque nuit avant de dormir, je la lis. Je vais vous confier un secret, sur cette liste je n'ai accompli qu'une chose ; être jolie. J'aurais pu avoir le Ken parfait mais au lieu de ça j'ai eu Cole Jensen.

C'est parfois dur de m'avouer que je n'ai pas la vie de rêve que les gens croient que j'ai. Tout le monde pense que ma vie tourne autour de la beauté et de la popularité, que je suis la poupée Barbie tout droit sortie de son emballage. Je préfère qu'ils croient ça que de voir le revers de la médaille. C'est ça qu'on dit non, le revers de la médaille ?

J'ai grandi à Chicago avec ma mère avant qu'on ne vienne s'installer à Philadelphie. Je n'ai pas connu mon père mais le père de Cassie a toujours tenu ce rôle dans ma vie. D'ailleurs, il m'a plus souvent dit que je suis jolie qu'il ne l'a dit à sa propre fille. Quant à ma mère, elle est très Chicago. Chaque fois qu'elle me voit sortir en mini culotte ou avec une jupe très courte, elle me lance un « Vas-y, ma fille ! Moi aussi mon corps était comme ça ! ». Si je tiens autant à la beauté, c'est d'ailleurs grâce à ma mère. Oui, j'ai dit grâce et non à cause parce que vie difficile ou pas, j'adore être belle.

-Alors ? dis-je à ma mère en lui montrant la robe que je porte.

-C'est quoi ça ? me demande-t-elle avec une grimace.

-Ma robe ! Comment tu la trouve ?

Je tourne sur moi-même.

-Trop simple. Pas assez osé, me répond-t-elle

-Oui, je ne veux pas trop m'exposer. Cole n'aime pas ça.

-Cole ??

-Ouais m'man. Cole, mon copain. Il dit qu'il ne veut pas que les autres garçons

-Sauf que ce n'est son corps, à ce Cole de merde. Et tu ne l'avais pas plaqué ?

-Non, on a fait une pause. On était en froid mais maintenant, on est de nouveau en couple.

-Oh ma fille !

Maman dépose son bol de céréales sur la table et me regarde en prenant son air de

-Tu tournes en rond, tu le sais ça ? Quand tu plaques un mec, tu devrais apprendre à passer à autre chose.

-Je t'ai dit que je ne l'ai pas plaqué.

-Oui, une pause...C'est pour les connes ça. Tu sais les pauses c'est synonyme de célibat pour les hommes. Combien de filles tu crois qu'il a baisé entretemps ?

Je baisse la tête. Je n'ai pas envie de penser à ça pour le moment.

-Et puis depuis quand il te dit comment tu dois t'habiller ? ajoute ma mère.

-M'man...

-Pas de m'man. Je vais te dire une bonne chose. Quand tu te mets en valeur pour que d'autres mecs te regardent, ça lui montre que d'autres personnes te désirent et comme ça, il se montrera plus attentionné.

-Je n'ai pas envie de le rendre jaloux. Chaque fois que je le fais, ça se retourne contre moi.

-Parce que tu le fais mal. Tu ne sais pas comment t'y prendre avec les hommes.

-Oh bien sûr ! Et toi tu sais tellement t'y prendre avec les hommes que tu es mère célibataire et que tu ne t'es toujours pas trouver un mec avec qui vivre, lui dis-je, agacée.

Je ne veux pas la blesser mais elle m'énerve à faire sa madame je-sais-tout alors qu'elle ne vaut pas mieux que moi. J'en ai marre qu'elle se mêle de ma vie, c'est un enfer. Le pire c'est qu'au final, elle va faire comme si elle n'a rien entendu.

-Porte ta jupe en cuir bordeaux. Avec un haut décolleté, tu seras superbe ma chérie, me dit-elle en souriant.

Vous voyez ? Comme si elle n'a rien entendu.