Simone

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Ariana Grande – Main Thing

Je suis à l'adresse que Jude m'a donnée. C'est une supérette. C'est là que se trouve le gars à la teinture ringarde. Je n'arrête pas de penser à lui depuis notre dernière rencontre. J'ai ce pincement au cœur comme quand on a l'impression d'avoir oublié quelque chose ou comme quand on n'a pas achevé quelque chose qu'on doit faire. Je ne sais pas comment ni pourquoi je sens que lui et moi avons encore des choses à nous dire. Si ce n'est pas le cas pour lui, c'est le cas pour moi. C'est tout ce qui compte. Et je vais vous dire, je commence à le connaitre alors il n'a pas intérêt à me bouder. Je n'ai pas fait le chemin pour rien.

L'écriteau accroché à la porte dit « fermé » mais la porte est toujours ouverte alors j'entre dans la supérette. Il n'y a personne à l'accueil pourtant j'entends des bruits.

-Hum..., fait-il en souriant. On dirait que c'est toi qui me suis là.

-Ça ne me fait pas rigoler, lui dis-je.

-Ce n'était pas mon intention.

Il me tourna le dos et prit les articles dans le chariot qu'il rangea sur les étagères.

-Et ce n'est pas la peine de t'excuser, ajoute-t-il en se tournant vers moi.

-M'excuser ? fais-je.

-Oui. Tu sais pour le drame que tu as fait l'autre soir.

-Mais qu'est ce qui te fait croire que je viens m'excuser ?

Il me regarde. Je vois à son expression qu'il a bien lu dans mon jeu. C'est fou comme ce gars est dur à berner. Il n'est pas aussi dupe qu'il parait être. Au fond, ça me plait qu'il soit malin et directe mais parfois il me donne juste envie de lui chier dessus.

-Et là tu vas me dire que tu as déjà eu affaire aux filles comme moi, je lui dis.

-Ce serait te mentir.

-Enfin une chose que tu ne sais pas.

-Et aussi, t'as jamais posé les pieds dans cette supérette. Il ne faut pas Sherlock pour

Il continue à ranger les articles dans les étagères. Il semble si indifférent, si simple, si décomplexé...Si différent de moi. Je parie qu'il ne se prend pas la tête et qu'il est du genre à se mêler de ses affaires. Il n'est pas un petit génie mais il n'est pas non plus complètement con. Il n'est pas le gars le plus cool de la terre mais il n'est pas non plus un geek. D'ailleurs, il doit certainement s'en foutre des gens et de ce qu'on pense de lui. Il me fait vraiment penser à Jude. Pas étonnant qu'ils trainent ensemble.

-Pourquoi tu travailles ici ? je lui demande. Je veux dire, t'as pas besoin de ce travail. T'es qu'un lycéen.

-Je m'ennuie.

-Et c'est la seule manière que t'as trouvé de tuer le temps.

-Bah si t'avais pas débarqué ici, j'aurais certainement fini ma journée depuis un bon bout de temps.

Je garde le silence. Il n'a peut-être pas tort mais je n'ai pas l'intention de partir alors que je viens juste d'arriver. Je veux rester là, avec lui. Je veux qu'il me parle, même si c'est pour l'entendre me catégoriser encore une fois.

-Si tu veux tout savoir, je garde ce job parce qu'au moins ici j'ai mon espace, m'explique-t-il.

-T'es un solitaire alors ?

-J'aime juste être seul.

Je me retiens de sourire. Sans lui demander son avis, je contourne le chariot et moi aussi je me mets à ranger les articles dans les étagères. Je sais ce que vous vous dites ; ma communauté se dit : « Simone qui fait l'employée d'épicerie ?! » et mes haters se disent : « Regardez-la lécher le cul de ce mec ! Prête à tout pour se faire démonter. » Mais vous savez quoi ? Allez-vous faire foutre.

-T'es pas obligée de faire ça, me dit-il.

-Faire quoi ?

-T'as surement un tas de choses à faire.

Je le regarde dans les yeux. Chaque fois qu'il me regarde j'ai l'impression qu'il lit en moi comme en un livre ouvert. J'ai l'impression qu'il me sonde. J'ai l'impression d'être à nu devant lui. Ses yeux noirs lui donnent un air si mystérieux que j'en ai des frissons dans les dos. Je m'étonne des sensations qu'il provoque en moi.

-T'as de beaux yeux, je le complimente. Cam !

Il sourit. Oui, je me souviens de son nom. Et d'ailleurs, je crois que je ne l'oublierai plus jamais.

-Tu te rappelles même de mon nom, dit-il avec ce beau sourire à ses lèvres.

-Fais pas chier !

-Ce n'est pas flatteur, un mot si grossier qui sort d'une si jolie bouche.

D'une jolie bouche ? Non, il a dit une SI jolie bouche. Je ne suis pas en train de rêver, n'est-ce pas ? Il me fait des avances.

-Une si jolie bouche ? fais-je. Tu te rends compte que c'est la première fois que tu me dis un truc aussi gentil.

-Oh, arrête ! Je suis sûre que t'es habituée à ce qu'on te dise ça. Et toi non plus tu n'as pas été très tendre avec moi.

-Je te rappelle que tu m'as traité de reine du bal.

-Et alors ? Est-ce que j'avais tort ?

-Bah, c'est offensant la manière dont tu le dis. La vérité c'est que pour toi « reine du bal » c'est une manière moins rustre de dire la race des filles faciles.

-Et ça te dérange que je pense ça ?

-Oui.

Il me fixe, perplexe. Yessss ! Vu comment il me regarde, je devine que je l'ai déstabilisé. Tout compte fait, il n'est pas le seul à pouvoir faire ça.

-Je n'ai jamais pensé que tu es une fille facile..., commence-t-il.

-Simone ! je l'interromps.

-Je ne t'ai demandé ton nom.

Justement.

-Et c'est ce qui me plait le plus.


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