Philly

Simone

Elaine – Risky

C'est la troisième fois que je vais aux toilettes depuis le début de la soirée. Qu'est-ce qu'il y'a dans ce mélange ? Je ne sais même pas ce que j'ai bu. Je m'emmerde à cette soirée, c'est trop la merde. Moi qui croyais que j'allais passer la soirée avec Cole mais il est trop occupé à animer sa soirée avec ses potes débiles. Il me met en rogne. Je n'ai qu'une envie c'est de me barrer de cette soirée à la con.

Je vois un mec prendre les escaliers pour descendre au sous-sol. Je roule les yeux. Putain, je dois chaperonner les gens et leur dire où ils peuvent aller ou pas maintenant ?

-Hé ! je crie.

Mais il n'écoute pas. Je le suis et je me prends presque la porte au nez.

-Tu ne peux pas entrer ici ! lui dis-je

Il se tourne vers moi. Je ne le reconnais pas. S'il était de notre lycée et qu'il était un pote de Cole je l'aurais su mais sa tête ne m'est pas du tout familière.

-Je veux juste fumer un coup, me dit-il.

C'est un blond ou brun, je n'en sais rien. Il a les cheveux bruns à la racine et blonds aux extrémités. Coiffure démodée depuis deux mille treize. C'est quoi ce goût minable pour le style ? J'ai envie d'éclater de rire tellement ça me fait mal aux yeux.

-Tu ne peux pas rester ici, dis-je à nouveau.

-Je ne vais rien bouger, je veux juste fumer un coup.

-Tu peux faire ça aussi dehors. Et puis t'es qui toi ? Je ne t'ai jamais vu.

-Je suis Cam. On n'est pas du même bahut.

-Ah...Tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre, tu ne peux toujours pas rester ici.

En descendant la dernière marche, je trébuche sur un objet et manque de m'écraser contre le planché. Bon sang ! Il ne manque plus que ça.

-Putain ! Qu'est-ce que je fous là, bordel ?! je crie.

-D'accord, tu es en colère mais ce n'est pas contre moi, me dit-il.

-Ce n'est pas la meilleure soirée de ma vie.

-C'est ton mec qui organise la fête ?

-Ouais. Comment tu sais que c'est mon mec ?

Il s'asseoir parterre et sort un briquet pour allumer sa cigarette.

-Pourquoi tu ne t'amuses pas avec lui ? me demande-t-il.

-Parce qu'il est trop occupé avec lui-même, je lui réponds. Toi qu'est ce que tu fais ici ? T'as pas l'air d'avoir envie d'être là toi aussi.

-Un pote m'a trainé.

Il glousse.

-Tu sais que c'est cliché ? me demande-t-il.

-Quoi ? fais-je, confuse.

-La jolie fille qui aime l'abruti du coin.

Il vient de dire indirectement que je suis jolie. J'apprécie le compliment mais dommage que je ne puisse pas retourner le compliment à sa coloration des années deux mille.

-C'est moi la jolie fille ? je lui demande en souriant.

-Et c'est ton mec l'abruti du coin, me répond-t-il. Pourquoi les meufs comme toi aiment toujours les mecs comme lui ?

-J'en sais rien. Parce qu'ils sont canons.

Je suis tenté de m'asseoir et papoter un peu avec ce mec bizarre. Après tout, qu'est-ce que je perds ? Cette soirée est déjà merdique. Un peu plus ou un peu moins, ça ne change rien. Je m'assois à côté de lui.

-Ouais, elles répondent ça aussi, dit-il.

-Parce que t'en as connu beaucoup de filles comme moi ?

-Elles grouillent les rues.

-Et comment elles sont ?

-Elles sont jolies. Certaines intelligentes et d'autres non mais la seule chose qui reste universelle avec elle, c'est qu'elles adorent les crétins qui vont les faire souffrir.

-Je ne t'ai pas dit que je souffre avec mon mec.

-Tu n'as pas eu besoin de le dire.

Il m'a analysé sans même me connaitre. Ça se voit autant que je suis addicte aux relations toxiques ? Ou alors il a juste entendu parler de notre couple.

-Et toi ? Dans ce monde, t'es qui ? je lui demande, intriguée.

-Bah je suis le mec qui est bon pour aucune d'entre vous. Tu vois ? Celui qu'on considère toujours comme l'ami, le meilleur ami. Celui qui n'a jamais osé traverser la ligne et qui ne le fera jamais.

Je lui prends sa cigarette et je fume un coup.

-Moi, j'aime bien le meilleur ami, dis-je.

-Ouais, ça se voit. Mais tu n'es pas une reine du bal de promo.

-C'est aussi une classe de personne, reine du bal ?

-Oui. La majorité des filles comme toi sont aussi des reines du bal.

-Et l'autre partie ?

-Elles n'ont juste pas encore trouvé leur couronne, me dit-il.

-Et elles sont comment les reines du bal de la promo dans ton monde ?

-Ce sont des filles superficielles qui veulent être belles à tout prix, qui ne vivent que pour le miroir et le reflet qu'il y'a à l'intérieur. Ce sont des filles qui ne se trouvent pas intéressantes à moins que les autres ne le leur disent.

-Et si je te dis que tu viens de me décrire ?

-Je te dirais que toi tu n'es toujours pas une reine du bal.

-Pourquoi ?

-Parce que t'es ici avec moi au lieu de jouer à la copine modèle avec ton crétin de petit-ami.

Je souris. Je lui rends sa cigarette et je me lève.

En fait, je ne suis complètement trompé à propos de ce mec. Ce n'est pas un ringard juste parce qu'il ne ressemble pas aux autres. Il est juste spécial. Et il m'a aussi aidé à me rendre compte que je juge beaucoup sur l'apparence. Même moi. Et je me suis aussi trompé sur son visage. Il a un très joli visage. C'est juste la coiffure ringarde qui cache ses jolis yeux noirs.

-Tu peux lui dire que sa soirée c'est de la merde comme on n'en voit pas beaucoup ? me dit-il alors que je monte les escaliers.

-Ce n'est plus si merdique que ça. Au moins, on a discuté.