Simone

4 2 0
                                    

Marshmello ft Anne Marie – Friends

Oh merde ! Ça fait trente minutes que j'attends Cole devant le gymnase. Qu'est-ce qu'il fout ? Soulever des altères et courir comme un chien ne peut pas prendre autant de temps. Il était censé finir l'entrainement il y'a une demie heure déjà. Si ça se trouve, il est entrain de draguer une pompom girl. Putain, c'est trop ! Je commence à saturer. Ce gars me tape sur le système. Je sais ce que je vais faire ; je vais partir et au moins comme ça j'aurais une raison de l'engueuler.

Je fais demi-tour mais à la dernière minute, je me décide à l'attendre encore un peu. C'est vrai, je n'ai pas envie qu'on se dispute pour la énième fois cette semaine à cause de trente minutes. De surcroit, ce n'est pas comme si j'ai quelque chose à faire.

Je m'arrête dans le parking du lycée et devinez qui je vois ? Je reconnaitrais cette teinture même à cinquante mètres de loin.

-Quoi ? Mais c'est une blague ?! je m'écrie.

Il se tourne vers moi. C'est lui, le mec à la teinture du siècle dernier.

-Mais qu'est ce que tu fiches ici ? je lui demande.

-Quoi ? fait-il.

-Tu me suis ou quoi ?

-C'est à moi que tu causes ?

Non mais est qu'on peut être plus désespéré que lui ? Trente secondes de discussion lui ont laissé croire qu'il avait la moindre petite chance avec moi. Alors soit il est complètement con ou alors il est vraiment naïf. Je dois être irrésistible pour qu'il fasse le trajet jusqu'à mon lycée alors qu'il n'est pas du coin.

-Bah oui, dis-je. Là, t'es clairement en train de me suivre.

-Te suivre pourquoi ? me dit-il. C'est toi qui me parles.

Il fronce les sourcils. Oh non, mon beau, défroisse ! Personnellement, je trouve que c'est mieux de les arquer. Au moins comme ça les rides apparaissent moins rapidement qu'en les fronçant.

-Ah mais je te reconnais. T'es la meuf de l'autre soir non ? Celle de la...

-Mon pauvre chéri ! Ecoute, je ne sais pas ce que tu t'es imaginé mais ce n'est pas parce que toi et moi on a papoté pendant dix secondes que je suis forcément intéressée par toi.

-Pardon ??

-Oui, c'est vrai. Comment tu peux croire que je peux m'intéresser à quelqu'un comme toi ?

Il pouffe de rires. Surement parce qu'il se sent stupide.

-Quelqu'un comme moi ? répète-t-il. C'est-à-dire ?

-Tu vois ce que je veux dire. Ne me fais pas dire des trucs qui pourraient t'offenser involontairement.

-Je vois. Je ne suis pas venu pour toi.

Quoi ?

-Quoi ?! je fais.

-Oui, je ne suis pas venu pour toi, me dit-il. J'attends quelqu'un.

Je ne peux m'empêcher de rire. Je sais ce qu'il veut faire, on m'a fait ce coup tellement de fois. Comme il a honte que je lui aie mit un râteau, il veut noyer le poisson pour avoir moins honte.

-Toi ? Tu attends quelqu'un ici ? lui dis-je, incrédule.

-Oui, me répond-t-il sèchement.

-Ça ne sert à rien de mentir. Tu sais ce n'est pas si grave, tout le monde se trompe. T'as pas besoin de mentir...

-Putain, c'est fou comme tu te crois importante ! Puis que je te dis que j'attends quelqu'un.

-Qui ça ?

-Une pote.

-Dans mon bahut ?

-Ça doit juste être une coïncidence.

-Pourtant je ne t'ai jamais vu ici avant...

-Même si tu m'avais vu, est ce que tu t'en souviendrais vraiment ?

Il n'a pas tort. Mais quoi ? Est-ce qu'on peut m'en vouloir de ne pas me souvenir de son affreuse teinture ? Il est tellement ringard que ça me donne presque envie de me crever les yeux.

-Pff ! Toujours la même chose, continue-t-il.

-Quoi ?!! je lui crie sur un ton presque agressif.

-Non, rien.

-J'aime pas quand les gens font ça. Si t'as quelque chose à me dire, dis-le-moi clairement.

-Tu devrais descendre de ton piédestal.

-De quel putain de piédestal tu parles ?

-Celui sur lequel t'es. Les gens comme toi pensent que les gens comme moi gravitent autour d'eux.

-Les gens comme moi ?!

C'est quoi son problème ? Qu'est ce qu'il entend par les gens comme moi ? Ceux qui existent ? Qui brillent ? C'est juste un rageux qui ne supporte pas d'être dans l'ombre. Vous n'allez peut-être pas me prendre au sérieux mais moi j'en ai marre que les gens me prennent pour ce que je ne suis pas. Mais il a raison. Les gens comme lui sont très différent des gens comme moi.

-Et toi alors ? je lui dis. T'arrêtes pas de catégoriser les gens mais tu ne sais que dal sur moi. Tu sais comment on appelle ça ? Des préjugés.

-Est-ce que j'ai eu tort à propos de toi ? Est-ce qu'au moins tu te souviens de mon nom ?

Je garde le silence. Bien évidement que je ne me souviens pas de son nom. On a discuté que quelques secondes et franchement, ça ne m'intéresse pas. Je suis même sûre de l'avoir oublié dès que j'ai posé le pied hors de la pièce. Oui, je ne me souviens plus de son nom et puis quoi ? Qu'est ce que ça veut dire ? Qu'il a raison sur toute la ligne ?

-Cam ?

On se tourne tous les deux vers Jude qui marche vers nous.

-Qu'est-ce que vous fichez là tous les deux ? nous demande-t-elle.

-Tous les deux ? fais-je. Attends, tu connais ce mec ?

-Oui, c'est un pote.


PhillyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant