chapitre 31

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      À l'aube, Mike longeait le hall de l'hôtel, seul. Il avait ressenti le besoin de se vider l'esprit. Torturé de pensées aussi négatives l'une que l'autre, l'homme réalisait que pour la première fois depuis dix ans, il avait vraiment peur. Ce n'était pas l'inconnu ni la mort qui le guettait. Non, ce qui lui retournait l'estomac était de partir en laissant sa fille et Max. Surtout sa fille. Elle avait perdu sa mère, privée de grandir avec une figure aussi importante, et voilà que son père allait manquer le reste de sa vie, les moments les plus importants. La vie lui paraissait injuste. Il avait longtemps pensé qu'on ne lui réservait que des mauvaises surprises mais il se dit que toutes ces difficultés se répercutaient sur Lucy. Ça ou alors elle avait hérité d'une vie maudite, comme celle de ses parents maltraités dans leur enfance suivie d'une éternité de malheur. Au moins, ils avaient pu être misérables ensemble.
      Alors qu'il vagabondait dans les couloirs, le téléphone de Mike sonna et il se figea en découvrant le nom de Jay. Le sachant en contact avec sa fille, il n'avait pas espéré un échange direct avec lui. Ce fut avec les mains tremblantes que le trentenaire décrocha.
     — Jay ?
     — Salut, Mike. Comment tu te sens ?
     — Je survis, répondit-il dans un soupir.
     — C'est déjà ça, concéda le policier.
     Il l'imaginait presque sourire de l'autre côté. Assis dans la cafétéria de l'hôtel, Mike bût une gorgée de soda et admira les chiens, qui jouaient dans la cour, à travers la vitre.
     — Il paraît que tu avais une info à nous donner.     
     — Tu vas droit au but, souligna Jay sans surprise.
     — J'attends un miracle depuis bien trop longtemps, admit Mike.
     — Alors il se pourrait bien que je te le donne aujourd'hui.
     — Je t'écoute.
     Les battements de son cœur accélérèrent. Jay marqua un bref silence, avec seul le bruit de feuilles manipulées pour le couvrir. Il se racla la gorge pour reprendre et énonça un nom qui fit frémir Mike à travers des mauvais souvenirs.
     — Franklin Powers. Il a été un de tes clients.
     — Oui... Il a perdu sa femme, dit Mike. Par ma faute, d'après lui.
     — Ça se discute.
     Mais il ne développa pas son commentaire. Piqué à travers ces mots, Mike préféra ne pas réagir et le laissa parler de sa trouvaille.
     — Je comprends pourquoi c'était impossible de lui trouver un alibi. Il avait des personnes pour le protéger. Ses amis policiers l'ont couvert ce jour-là. Devine quoi ? Il était en cellule de dégrisement plus de dix heures et quand Megan a été assassinée, il y était toujours. Si on ne l'avait pas couvert, il aurait quitté les forces de l'ordre à ce moment-là.
     — Mais pourquoi ? bafouilla Mike. Qu'est-ce qu'il a fait pour devoir y rester si longtemps ?
     — État d'ivresse portant atteinte au public. Il se comportait dangereusement, répondit-il.
     — Ah... C'est donc pour ça qu'on ne trouvait rien sur lui, aucune trace de ce jour-là et il ne pouvait même pas répondre à nos questions.
     Jay répondit par l'affirmative. Mike se perdit dans ses pensées, cela en faisait un suspect de moins. Désormais, seuls trois figuraient toujours dans la liste. Joey Black, un ancien mafieux qui ne lui pardonnait pas la folie de son enfant. Andy Diaz, un fanatique de la célébrité qui avait perdu son job dans les services secrets à cause d'une blessure irréversible. Et enfin, Nikolaï Cunningham, un millionnaire qui avait perdu toute sa richesse se noyant dans la drogue dure. Ce dernier suspect qui avait été retrouvé dans de curieuses circonstances.
     — Et aussi, Lucy m'avait envoyé le dossier concernant un des suspects, Nikolaï Cunningham.
     — Oui, il aurait été assassiné.
     — Je ne pense pas que l'homme qui a été arrêté l'ait tué. J'ai bien analysé le dossier et il me paraît confus. Bâclé. Malheureusement, je ne peux pas intervenir mais je peux te dire que ça pourrait être l'œuvre de quelqu'un d'autre.
     Sans surprise. Ce doute ne l'avait pas quitté depuis qu'il avait appris son assassinat. Le timing lui paraissait suspect et Jay venait de le renforcer dans sa conviction. Ces nouvelles informations allaient enfin permettre au trio d'avancer dans leur enquête. Peut-être qu'ils devanceraient le temps, une course contre la montre qui livrait le même dénouement dans toutes les versions existentielles.
     — Le tueur serait donc toujours dehors... Sa mort coïncide avec notre retour en ville, quand on voulait interroger tous mes anciens clients. Tu penses qu'il pourrait y avoir un lien avec la mort de Megan ?
     — C'est une piste à suivre, approuva Jay.
     L'espoir fit gonfler son torse. Ces derniers temps, être optimiste devenait plus difficile et il avait désormais l'impression que la vie lui accordait un indice pour conclure son histoire avant qu'elle ne l'arrache aux personnes qui allaient rester derrière.
     Son ami huma, la voix vibrant d'hésitation. Il semblait réfléchir aux choix de mots, à la formulation de sa phrase, avant de se lancer en se confondant de bégaiement.
     — J'aimerai bien te revoir avant que-
     Il marqua une pause involontairement, les mots lui étant arrachés mais les deux hommes se comprenaient. Le temps leur passait sous le nez, toutes ces années perdues à rater tant de choses.
     — Enfin tu sais ce que je veux dire, bafouilla-t-il.
     — Avant que je meure. C'est pas un gros mot, Jay. Tu peux le dire.
     — C'est vrai...
     — Mais oui, moi aussi j'aimerai bien. Tu sais, rattraper le bon vieux temps.
     Des vieux souvenirs resurgirent dans son esprit, des moments qui lui manquaient. Parfois, Mike voulait revenir à la vie qu'il avait, avant qu'elle ne s'effondre. Le dernier mois était le meilleur de sa vie. Il sortait de temps en temps avec son meilleur ami, s'abonnant aux mêmes activités et échangeant sur le plan amoureux — jusqu'au sexe, un des sujets favoris de Jay lorsqu'il était adolescent — tout en appréciant chaque seconde de la compagnie de sa petite-amie. Cette période était la meilleure, d'autant plus que son père était à peine présent. Mike voulait tant y revenir et arrêter les aiguilles du temps pour vivre éternellement dans ce rythme. Mais la réalité l'avait rattrapé. Les avait rattrapés.
      Mais il pensait à Lucy. Un miracle de la vie. Si elle n'avait jamais existé, Mike était convaincu qu'il serait mort avec Megan. C'était pour elle qu'il se levait quand il voulait tout lâcher. C'était principalement pour elle qu'il se rebutait à trouver l'assassin de Megan. C'était pour elle qu'il gardait espoir, même quand tout lui démontrait que c'était peine perdue. C'était principalement pour elle qu'il refusait l'opération afin de ne pas perdre des précieux moments ; mourir avant l'heure n'était pas une option. C'était pour elle qu'il voulait survivre à tout prix, chaque seconde était à prendre.
     La voix de Jay le sortit de sa transe, il finit son verre de soda en l'écoutant.
     — Faisons ça. J'ai trois jours de congés dans deux semaines. M'éloigner de mon foyer me ferait un grand bien, lâcha-t-il par dépit.
     — Oh, des ennuis au paradis ?
     — On peut dire ça... Malheureusement, les choses sont compliquées en ce moment.
     Se demandant s'il était en droit de l'interroger à ce sujet, Mike se heurta au départ soudain de son ami qui l'excusa à cause de son travail.
     — On se revoit dans trois semaines !
     — Oui, sans faute ! promit Mike avec enthousiasme.
     Et son cœur se remplit de joie en reconnaissant la même dynamique dans la voix de Jay.
     Une fois l'appel terminée, Mike se leva de table, laissant un pourboire à l'employé et s'en alla pour rejoindre la chambre où Lucy et Max dormaient toujours. Cependant, une question pesait dans son esprit.
     Est-ce qu'il va appeler Lucy pour l'informer de ses découvertes ? Même s'il sait que je le dirais dans tous les cas... À quoi bon ? Il ne le ferait pas... Si ?
     Après les soupçons de Max, il devait bien se l'admettre, c'était un doute semé qui ne le quittait pas. Il ne savait pas pourquoi il s'était laissé atteindre mais la possibilité d'une connexion ambigüe le rendait nerveux. Se demandant ce que cela signifierait si Jay venait à la contacter malgré leur échange, Mike pénétra dans l'ascenseur avec un air soucieux. Est-ce que cela signifierait que Max n'avait pas eu tort dans ses insinuations ? Ne pouvant se faire à l'idée, il chassa cette absurdité de son esprit et traversa le couloir une fois arrivé à l'étage. Ayant acheté des viennoiseries, il rentra dans la pièce et comme il s'y était attendu, Lucy se réveilla instantanément, attirée par l'odeur. La jeune femme bondit du canapé et vola deux croissants. Cet enthousiasme amusa Mike qui se demandait d'où lui venait sa gourmandise. Personne dans sa famille ne semblait vouer une attention particulière à la nourriture, pas comme Lucy qui s'y abandonnait à l'excès. Il se souvenait avoir lu quelque part que cela pouvait s'expliquer par un sentiment de vide que l'on chercherait désespérément à combler. C'était une éventualité qui pesait dans l'esprit de Mike. Depuis la découverte de sa maladie, il avait commencé à remarquer certaines choses qui lui avaient toujours échappé.
     — Ch'est trop bon ! jubila Lucy.
     Le sourire aux lèvres, il admira le visage de sa fille qui s'était illuminé en dévorant le deuxième croissant. Il reconnaissait ce même détail, un tic déjà présent depuis son enfance ; celui de se dandiner en mangeant un aliment qu'elle adorait.
     Quant à Max qui traînait des pieds, il choisit un pain au chocolat qu'il entama d'une petite bouchée. Ses yeux étaient si marqués par la fatigue que Mike se demandait s'il avait vraiment dormi cette nuit. Il s'en voulait presque de l'avoir arraché de son sommeil à cause de sa crise.
     — Jay m'a appelé.
     Lucy releva sa tête, lançant un coup d'œil vers son téléphone éteint un peu plus loin. Curieux de sa réaction, Mike l'observa mais ne put déceler la moindre expression suspecte sur son visage. Il réalisait qu'il avait trop pris au sérieux les mots de Max mais justifiait ses doutes par le nombre de fois où les soupçons de Max s'étaient avérés corrects. Rapportant les mots de Jay, il vit une lueur d'espoir s'allumer dans le regard de sa fille. Ce n'était pas souvent qu'elle surgissait.
     — Je le savais ! s'écria-t-elle. Sa mort avait forcément un lien avec notre retour. Ça posait problème qu'on se rapproche de la vérité !
     L'avancée de l'enquête laissa Mike envisager la possibilité que son souhait serait exaucé, celui de survivre assez longtemps pour connaître la vérité, trouver le coupable qui lui avait arraché sa femme.
     Quand la conversation se finit, Lucy saisit son téléphone et le rangea dans sa poche aussitôt. Elle fut la première à utiliser la salle de bain, suivie de Max. Lorsque ce fut au tour de Mike, les deux autres décidèrent, à l'initiative du trentenaire, de se promener dans le petit parc qui longeait l'hôtel. Quelques enfants jouaient dans le bac à sable tandis que deux petites filles aux cheveux blonds courraient vers les balançoires. Max et Lucy s'assirent sur un banc boisé et se perdirent dans la vue éblouissante de la nature. Il leur fallut même un moment avant de briser le silence.
     — Je suis désolé.
     Lucy se tourna vers lui, lançant un regard interrogateur.
     — Pour avoir dit ces choses à propos de toi et Jay. Ce n'était pas à moi de dire quoi que ce soit.
     — Ce n'était pas à toi ni à papa de faire des remarques.
     Il virevolta et plongea ses yeux dans les siens, laissant voir sa vulnérabilité. Même si cela n'avait été qu'une petite prise de tête, Max avait détesté se confronter à la jeune femme.
     — C'est vrai, concéda-t-il. Ce n'est pas une excuse mais je m'inquiétais.
     — Il n'y a pas de soucis à se faire là-dessus, rétorqua Lucy.
     — Bien sûr, bien sûr... Bref, je voulais m'excuser.
     — Je te pardonne, bien évidemment.
     Son sourire lui mit du baume au cœur, qui s'allégea dans un soulagement. Lucy reporta son attention dans le parc où d'autres enfants affluaient et Max remarqua la nostalgie qui émanait d'elle. Comme si Lucy sentait son regard se peser sur elle, sa voix se porta naturellement avec une rare douceur.
     — Voir tous ces enfants jouer me rappelle l'époque où j'allais au parc tous les jours avec maman.
     — Ah oui ? Vous n'étiez que toutes les deux ? demanda-t-il.
     — Oui, répondit-elle en souriant. C'était notre moment... Après le parc, on allait acheter une glace. Peu importe la saison. Maman était comme ça, et moi aussi. Quand je me réveillais le matin, j'avais toujours hâte de l'après-midi pour remettre ça.
     Il acquiesça et regarda les enfants dans le terrain de jeu. Leurs cris ne l'atteignaient pas ce matin, se laissant porter sur un nuage. Comme toujours, la compagnie de Lucy était agréable puisqu'il avait l'impression de pouvoir être entièrement lui-même. Néanmoins, ce n'était pas un sentiment que Max pensait partagé. Gardant le fond de ses pensées dans l'ombre, il y avait toujours le mystère pour envelopper Lucy. Même s'il essayait, ce n'était qu'une petite partie qu'elle voulait bien dévoiler, enfermant à jamais certaines émotions qui la mutilaient.
     — Et ton père, il ne venait pas avec vous au parc ?
     — Non, dit-elle avec tristesse. C'était à une période où il travaillait beaucoup, deux jobs à la fois. Quand maman a décidé de reprendre ses études, je ne suis plus retournée au parc seule avec elle. La dernière fois, c'était-
     Et elle se paralysa, des larmes lui montaient aux yeux. Les clignant, elles roulèrent le long de ses joues. Surpris de la voir dans un tel état sans contexte, Max tourna son corps vers Lucy et la contempla longuement sans la presser. D'elle-même, la jeune femme finit sa phrase malgré le nœud dans sa gorge.
     — La dernière fois, reprit-elle, c'était quand on a vu Louis.
     Son grand-père paternel. L'homme effrayant qui avait bouleversé la vie de ses parents. Lucy se souvenait encore trop bien de cette rencontre traumatisant qui lui avait montré une différente facette de sa mère, une vulnérabilité qu'elle n'avait jamais soupçonnée.
     À l'évocation de ce souvenir douloureux, Max se rapprocha et posa une main sur son épaule, la pressant avec tendresse.
     — Je suis désolé que tu aies eu à voir ça.
     Il se souvenait que Lucy n'avait jamais parlé de ce moment que Mike avait découvert quelques mois plus tôt. Un sujet qui n'était pas revenu sur la table, comme s'il avait voulu l'éviter. Une réaction qui ne l'étonnait pas. À travers ce silence, Lucy n'avait jamais pu digérer ce traumatisme, évacuer la souffrance qui en avait résulté dans son cœur.
     — Est-ce que ça te soulagerait d'en parler à ton père ? demanda-t-il avant même de réfléchir.
     — Ça ne sert à rien, souffla Lucy.
     — Je ne te forcerai pas mais penses-y.
     Le rappel de ses jours comptants leur brisa le cœur. Bientôt, ils ne seraient que tous les deux. Max s'était surpris, à quelques occasions, de regretter cette maladie. Il pensait que Mike devait survivre pour rester auprès de sa fille, réparer ses anciennes erreurs, avoir une chance de se construire une véritable relation familiale. Une vie où ils n'auraient pas à vagabonder, à courir dans une quête dont le dénouement n'était pas promis. Bien sûr, Max voulait être dans le tableau. Être tous les trois, dans une nouvelle vie, cette fois-ci pleinement vécue. Une stabilité comme il l'avait toujours rêvée. Savoir que désormais cette chance ne lui serait jamais accordée lui brisait le cœur.
     — Ou bien, quand tu en ressens le besoin, tu peux m'en parler.
     Elle tourna la tête pour le regarder mais ne dit rien. Gêné, Max continua dans sa lancée ; il tenait à qu'elle sache qu'il serait toujours présent en cas de besoin. À tout moment. N'importe où. Les yeux fermés.
     — Je sais que je ne suis pas ton père, c'est donc différent. Il y a des choses que je ne saurais pas faire...
     — Non, l'interrompit Lucy. Ne dis pas ça. C'est vrai, tu n'es pas mon père mais ça fait bien longtemps que je te considère comme tel. J'en ai deux !
     — Ça m-me fait plaisir que tu dises ça...
     Les yeux ébahis, Max était ému par ses mots qui l'avaient touché en plein cœur. Il l'avait toujours vue comme sa fille mais n'avait jamais pensé que ce serait réciproque. Résistant contre l'envie de la prendre dans ses bras, un geste qu'il préférait la laisser initier, l'homme lui pressa légèrement l'épaule.
     — Je ne dis pas ça pour te faire plaisir... Enfin si ! Mais je tiens à que tu le saches. C'est ce que je ressens. Je sais que je ne l'ai jamais exprimé, alors je te le dis maintenant.
     — Merci de me le dire, répondit Max. Ça me tient à cœur.
     — Je sais, et je ne pense pas que tu fais un meilleur père que papa. Il est comme il est, et toi aussi, mais j'ai l'impression que toi, tu me vois vraiment pour moi.
     Ne comprenant pas à quoi elle faisait allusion, le trentenaire la dévisagea avec une expression significative qui vola un sourire chez Lucy.
     — Bon, c'est vrai, je ne suis pas claire dans ce que je dis. C'est tout simplement que quand tu me regardes, tu me vois moi. Et papa, il ne me voit pas moi... c'est maman qu'il voit. Je ne suis que son portrait et un rappel constant de ce qu'il a perdu. Une représentation de la renaissance et de la mort. J'ai été construite le premier jour de leur nouvelle vie et dans la disparition de ma mère, c'est seulement à travers mon visage qu'il peut la retrouver. Tu vois, quand je me suis teinte les cheveux, je n'ai vu que de la déception, de la tristesse et de la colère. Parce que je lui avais enlevé la seule chose à laquelle il s'accrochait... le reflet de ma mère chaque jour. En changeant mon apparence, je lui volais son image.
     — Non, je crois que tu te méprends... Il tient sincèrement à toi.
     — Oui, j'ai compris ça. Enfin, sa maladie lui a fait réaliser certaines choses, j'imagine. Mais je ne peux pas effacer toutes ces années à me sentir comme la copie pâle de ma mère. À des périodes, il ne supportait plus de la voir sur moi et à d'autres, il me regardait même dormir. Je crois qu'en l'associant à moi, il s'attendait à voir les mêmes réactions, les mêmes goûts, la même personnalité. Pendant longtemps, j'ai essayé de lui ressembler le plus possible, à un point que je me suis perdue dans mon identité. Et quand, enfin, j'ai choisi de vivre à travers moi-même et pas dans l'ombre dans ma mère, son regard a changé. Il ne s'était plus intéressé. J'étais juste là, dans son champ de vision. Là sans être là. Je sais que les choses se sont améliorées mais je ne peux pas laisser couler cette injustice. Sauf que papa est malade, il va bientôt mourir. Je ne peux plus accepter la colère en moi. À quoi bon ? Je la réprime, encore une fois. Parce que je sais que si je la laisse éclater, je regretterais toute ma vie d'avoir perdu mon père comme ça.


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Pour compenser mon absence, j'ai publié les quatre derniers chapitres en une fois. La rigueur n'est pas une de mes qualités naturelles, malheureusement !
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