Chapitre 15. Séparés

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Genji s'avança le premier vers l'un des blocs noirs, et les autres se dirigèrent vers ceux d'à côté. Se rendre ici aux côtés de héros d'Overwatch était pour lui une expérience tout à fait particulière. Faisait-il partie de l'équipe ? Bien sûr que non ! Tu es là pour Hanzo, c'est tout. Et puis Jack ne le permettrait jamais. Tout de même il appréciait réellement cette petite virée, il était aux côtés de gens qui ne le jugeaient pas à cause de son physique et qui lui faisaient aveuglément confiance alors qu'ils ne le connaissaient que très peu. Il s'était toujours imaginé Overwatch comme un équipe de braves héros au grand cœur et tous capables de faire des discours plein d'espoirs. Mais en les côtoyant, il se rendit compte que la réalité était bien différente. L'équipe était constituée d'êtres divers et variés, que cela soit du Hamster surévolué, au Moine Omniac capable de lévitation, et d'un Lucio, DJ à peine sorti de son adolescence qui passe son temps à faire des blagues et à transgresser le règlement. Et Lena, se dit Genji.

Pourquoi avait-elle choisi de le suivre lui, plutôt que de se conformer aux ordres de Soldat 76, qui est pourtant le sévère capitaine à qui il ne faut surtout pas désobéir. Pourquoi était-elle si gentille avec lui ? Il n'est qu'un cyborg, même pas humain, même pas omniac.

Elle a sûrement mieux à faire que de s'occuper de mes soudain dons de voyances, pensa Genji. S'il lui arrivait quelque chose durant cette escapade, il ne se le pardonnerait jamais.

Mais pourquoi pensait-il autant à Lena alors qu'il était en plein mission ? Il mit un effort considérable à se la sortir de la tête, car il se rendit compte qu'il appréciait de plus en plus sa présence. La savoir ici, à ses côtés, en mission, avec lui et pour lui, le comblait de joie, et il ne savait pas bien pourquoi. Il se maudit lui-même pour avoir pris la décision de séparer le groupe il y a quelques minutes, car à cet instant il désirait tant que Lena soit là, qu'ils passent encore un peu de temps ensemble, comme sur le toit, avant qu'ils ne se séparent pour de bon.

Elle n'est qu'à quelques mètres, finis ça vite.

Genji se surprit une nouvelle fois, déconcentré dans sa mission, par l'image de Lena qui tournoyait inlassablement dans sa tête. Mais pourquoi pensait-il autant à elle ?

Il fut alors ramené à la réalité, brusquement, et observa devant lui une petite entrée qui semblait mener un peu en dessous du grand bâtiment noir. C'était un tunnel, éclairé par une faible lampe. Et la lueur qu'émettait l'ampoule permettait à Genji de voir le fond du chemin. Il ne s'y trouvait qu'un mur, pourquoi diable avait-on construit un tunnel ne débouchant sur rien. Genji s'y engouffra, pensant ne rien trouver à l'intérieur, il ne prévint donc pas Lucio et Tracer. Il marcha pendant au moins trente secondes, avant d'atteindre la fameuse ampoule pendante au plafond. Par une envie incontrôlable, il leva son doigt vers l'ampoule pour en sentir la chaleur, mais avant qu'il ne puisse la toucher, elle s'éteignit brusquement.

Bizarre, pensa-t-il. Il fallait qu'elle s'éteigne juste quand j'arrive. La vision nocturne automatique de son casque se déclencha aussitôt, et il continua à avancer pour atteindre le bout du tunnel. A mesure qu'il avançait, il commença à remarquer un phénomène étrange. La vision nocturne que lui conférait son casque devait lui faire apparaître le monde autour de lui en vert, comme dans les équipements traditionnels, mais là, l'espace était violet. Les murs étaient mauves, ses mains, ses pieds et son torse aussi.

Zenyatta a dû trafiquer un truc. Il continua d'avancer, mais se rendit en fait compte qu'il se trouvait toujours sous la petite ampoule éteinte accrochée à son petit fil. Il n'avait pas fait un pas, depuis qu'elle s'était éteinte. Sa vue flancha un instant mais tout redevint normal, du moins pas tout à fait, car tout était toujours violet autour de lui, et les murs semblaient beaucoup moins espacés qu'avant. Le fond du tunnel semblait quant à lui bien plus loin et même avec sa vision nocturne violette, Genji ne pouvait plus le distinguer. Il se remit à marcher, droit devant lui, et au niveaux de ses yeux, il avait bien la sensation d'avancer, car chaque petite bandelette de béton qui séparait une partie du mur d'une autre, disparaissait de son champ de vision, ce qui voulait dire qu'elle se trouvait désormais derrière lui, mais pas tout à fait, car tous les bandelettes se ressemblaient. En parcourant ce tunnel, il avait donc l'impression d'avancer indéfiniment, vers le fond de celui-ci qu'il n'atteignait jamais. Depuis combien de temps marchait-il ? Impossible de le dire. Avait-il vraiment fait ne serait-ce qu'un seul pas depuis que la lumière s'était éteinte ? Impossible de le dire. Il leva alors la tête et avec un regard déconcerté, constata que l'ampoule était toujours pendue au-dessus de lui et qu'un petit symbole y avait été dessiné. Un crâne, que sa vision nocturne violette faisait briller comme s' il était fluorescent même dans la nuit la plus ténébreuse.

Genji se mit à courir, droit devant lui, et les bandelettes de béton défilèrent encore et encore, toujours les mêmes, indéfiniment, ses jambes, Genji ne les sentaient plus, il avait la sensation de courir dans un rêve, en étant pas totalement maître de ses mouvements. Il semblait courir, mais pas aussi vite qu'il ne le voudrait, puis une sensation horrible s'empara de lui, la même qu'il avait ressenti lorsqu'Ange lui avait demandé de marcher avec ses nouvelles jambes pour la première fois. La sensation que rien ne le retenait au sol, et que s' il faisait un pas, il tomberait dans un abîme infini dont il ne pourrait jamais ressortir. Néanmoins, il n'arrêta pas sa course, si tenté qu'il fut réellement en train de courir, et devant lui, le fond du tunnel qu'il percevait au loin semblait figé. Genji tremblait. Comment était-ce possible, il avançait bel et bien ! Les bandelettes filaient autour de lui. Genji regarda une dernière fois au-dessus de lui et ce qu'il vit le paralysa de terreur. Sur l'ampoule, le crâne fluorescent avait grossi, terriblement grossi, et il remplissait désormais totalement le champ de vision de Genji et il ne voulait plus disparaître. C'était comme si Genji avait fixé le soleil et que désormais une gigantesque tache noire recouvrait ses yeux, une tâche qu'il serait condamné à fixer pour le restant de ses jours. Il tomba à la renverse et sentit bien le sol le rattraper, alors qu'il avait l'impression de tomber dans les ténèbres. Le Crâne violet foudroyant toujours sa vision, il tenta de bouger, mais il ne contrôlait plus rien, ses membres ne lui répondaient pas. Le crâne disparu enfin, laissant le temps à Genji d'apercevoir la silhouette d'une femme au dessus de lui. Une femme dont la chevelure et les doigts griffus dégageait une lueur violette insupportable. Elle semblait pianoter quelque chose dans le vide, et les mouvements de ses doigts avaient des incidences directes sur Genji. Elle lui fit lever le bras, comme une marionnette, et cela la fit rire.

"Dommage pour toi petit omniac, dit-elle avec un accent espagnol très prononcé, tu es tombé dans la gueule du loup."

Puis elle pianota encore quelque chose avec ses doigts et Genji sentit ses forces l'abandonner, il allait s'évanouir. La dernière image qu'il vit avant de plonger dans le sommeil qu'on lui imposait, était l'expression malicieuse du visage de Sombra L'invisible.

Près de l'un des autres grands blocs, Tracer avait rejoint Lucio en vitesse.

"Genji, appela-t-elle dans son oreillette. Genji tu m'entends, tu es où ?" Mais aucune réponse ne vint.

"Tu crois quand même pas qu'il l'ont eu ? Qu'ils l'ont tué ? demanda Lucio inquiet."

Lena ne perdit pas son sang froid.

"Non, il s'est forcément fait attraper. Ils ont dû placer des sentinelles pour surveiller le centre. Si ça avait été des simples gardes, Genji les aurait battu mais là... J'ai crois bien qu'il ait eu à faire à quelqu'un de plus fort que lui. Ils doivent être en train de l'interroger pour savoir ce qu'il fait là.

-Alors ça veut dire que le bâtiment qu'il surveillait était le bon ? Celui qui est tout au bout de la rangée. C'est là qu'ils se cachent.

-Et c'est là qu'ils le retiennent aussi.

-Il faut qu'on y aille, Lena. Je sais pas ce qu'ils vont lui faire.

-Mais il faut qu'on prévienne l'équipe d'abord, dit Lena avec appréhension. C'était déjà dangereux de venir ici à trois mais alors maintenant qu'on est sûr que la Griffe est là, il faut que tout le monde vienne. On arrivera jamais à le sauver à nous deux.

-T'as peut-être raison ouais, répondit Lucio. Je vais les appeler.

-Non, je vais le faire, coupa Lena, c'est moi la responsable de cette mission."

Lucio contempla Lena avec gravité. Mais c'est alors qu'un petit son se fit entendre, un son qui fendait l'air, puis un petit impact au loin. Ces sons furent suivis d'un long glissement, comme si quelqu'un était tiré par un tyrolienne. Lena reconnut immédiatement ce son, c'était un grappin, celui de La Veuve qui prenait de la hauteur. Tracer fit signe à Lucio de ne faire aucun bruit, et tous deux se mirent à courir vers le dernier bloc de la rangée. Arrivés à l'arrière de celui-ci, ils virent une petite trappe d'aération cachée par quelques buissons. Ils retirèrent la cage minutieusement et s'y engouffrèrent.

Overwatch : Naissance d'un HérosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant