ASPEN SANCHEZ
Décembre 2024Je grelotai. De froid, de peur, peut-être des deux. Mon corps semblait pris entre deux forces contraires, figé par la tension qui me tenaillait et secoué par des frissons que je ne contrôlais pas. Le silence autour de moi n'aidait en rien, il amplifiait même chaque battement de mon cœur.
Je craignis de rentrer dans le sas de l'appartement, de monter les deux étages qui nous séparait, et de le regarder droit dans les yeux en lui demandant ce qu'il avait tenté de dire une heure plus tôt. Pourquoi diable était-ce si angoissant ? Je ne savais même pas si je redoutais ses sentiments, ou bien les miens. C'était horrible. Je n'y comprenais et n'y comprendrai jamais rien.
— Allez Aspen... me soufflai-je, dans l'espoir de me motiver.
En vain. Mes doigts restaient toujours posés sur le boitier d'entrée du bâtiment, tandis que mon esprit, lui, était en ébullition.
Je pouvais encore partir. Tourner les talons et faire comme si tout cela n'avait jamais existé. Peut-être que lui aussi hésitait, se disait que c'était mieux comme ça. Mais une autre part de moi, plus forte, me disait qu'il fallait que je fasse face, que je cesse de fuir. Je devais savoir. Même si la réponse était insupportable.
Je fermai les yeux, inspirai profondément, puis laissai mon doigt appuyer sur le bouton. Pour éviter de faire demi-tour comme la lâche que j'étais, je courus dans les escaliers jusqu'à mon étage, et poussai la porte.
Je tombai nez-à-nez avec mon petit frère, qui ne se fit pas une peine pour sauter dans mes bras et m'enlacer comme si sa vie en dépendait. Et, en regardant par-dessus son épaule, je croisai le regard de Fermin, un sourire timide illuminant son visage. D'accord, je l'avouai, il était magnifique. Il se tenait là, appuyé contre le cadre de la porte, les bras croisés sur sa poitrine, attendant que je fasse le premier pas. Un million de pensées me traversèrent l'esprit, mais aucune ne parvint à sortir. Mon cœur battait la chamade, et pourtant, mes lèvres restaient obstinément closes.
— Tu vas bien ? demanda Fermin doucement, son regard planté dans le mien.
Je hochai la tête, incapable de parler, mon corps encore figé par l'angoisse. Teodoro se détacha de moi et s'en alla en trottinant vers le salon.
— Aspie ! Regarde, on a fait le sapin !
Les lumières des guirlandes lumineuses reflétaient dans le regard d'admiration de Teodoro. Chaque année c'était la même chose, il faisait le sapin avec tant de joie que ça devenait un véritable rituel. Ses petits yeux brillaient de fierté, comme s'il venait de créer une œuvre d'art. Malgré tout ce qui pesait sur mes épaules, je ne pus m'empêcher de sourire, le cœur un peu plus léger. Mais ce soulagement fut de courte durée. Mon regard croisa de nouveau celui de Fermin, et l'inconfort revint aussitôt, plus fort, plus écrasant.
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𝘵𝘩𝘦 𝘵𝘢𝘴𝘵𝘦 𝘰𝘧 𝘰𝘶𝘳 𝘮𝘦𝘮𝘰𝘳𝘪𝘦𝘴
Fanfiction𝑭𝑬𝑹𝑴𝑰́𝑵 𝑳𝑶𝑷𝑬Z | Jusqu'à maintenant, la vie d'Aspen était calme, ponctuée par quelques rares soucis entre ses parents. Elle se tenait loin des problèmes, très loin, parce que, comme elle le disait si bien : "La vie est trop courte pour s'at...