ASPEN SÁNCHEZ
Octobre 2024J'avais récemment eu la merveilleuse idée d'inscrire mon petit frère dans un club de foot un peu paumé du village de notre maison familiale, espérant qu'il se dépense plusieurs fois par semaine.
J'avais une idée bien précise derrière la tête : qu'il en oublie sa vie personnelle. Teodoro était un enfant calme, réservé, et qualifié comme « bizarre » puisque le jeune garçon ne passait pas son temps dans sa chambre à jouer aux jeux vidéos. Non, il était en quelque sorte ma copie ; il lisait énormément, quelques bouquins scientifiques qu'il qualifiait de "passionnants", cuisinait, et aidait nos parents. Et apparemment, cela n'était pas un comportement dit banal pour ses camarades de classe.
L'année dernière, il était rentré en larmes de l'école, trempé (alors qu'il ne pleuvait pas), et pour la première fois de sa vie, nous avait crié dessus. Alarmée, je m'étais rendue dans sa chambre quelques minutes plus tard pour ne pas le brusquer, et entre deux sanglots, il m'avait demandé : "Est-ce que je suis bizarre et moche ?".
Le cœur serré, j'avais immédiatement compris. Il se faisait embêter à l'école. Ces quelques remarques s'étaient rapidement transformées en des actes plus violents. Ses camarades le poussaient dans les escaliers, détérioraient son matériel, l'enfermaient dans des salles de classe, l'arrosaient dans les douches en cours de sport...
Depuis que nous avions pris la décision de le changer d'établissement, il avait l'air plus épanoui, mais n'avait plus cette jolie lueur de bonheur dans ses yeux. Cette flamme s'était éteinte et ne se ravivait que lorsqu'il avait un ballon entre les pieds.
— Et là, j'ai couru jusqu'aux cages, et j'ai marqué Aspie ! s'écria-t-il dans ma voiture, sa voix enjouée camouflant le son de la radio diffusée dans l'habitacle.
— Ne serai-je pas en face d'un futur professionnel ?
Il éclata de rire en passant une main dans ses jolis cheveux châtain en bataille et humide par la fine pluie à l'extérieur.
— Mais non ! Moi je veux être médecin ! répondit-il en levant l'index pour corriger ma faute.
Je le regardai, émue de voir à quel point ce sport lui apportait de la joie. Le voir ainsi, rayonnant et plein d'énergie, me remplissait de bonheur. Je savais que le chemin ne serait pas facile, mais chaque moment de bonheur comme celui-ci valait tous les efforts du monde.
— Qui sait ? Quand j'avais ton âge je voulais être une grande physicienne, regarde où je travaille maintenant...
Il hocha la tête, son sourire ne quittant pas son visage. Je savais que le football ne résoudrait pas tous ses problèmes, mais il lui offrait une échappatoire, une passion à laquelle s'accrocher. Et pour cela, j'étais immensément reconnaissante envers mon cerveau, qui m'avait conseillé de l'inscrire.
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𝘵𝘩𝘦 𝘵𝘢𝘴𝘵𝘦 𝘰𝘧 𝘰𝘶𝘳 𝘮𝘦𝘮𝘰𝘳𝘪𝘦𝘴
Fanfiction𝑭𝑬𝑹𝑴𝑰́𝑵 𝑳𝑶𝑷𝑬Z | Jusqu'à maintenant, la vie d'Aspen était calme, ponctuée par quelques rares soucis entre ses parents. Elle se tenait loin des problèmes, très loin, parce que, comme elle le disait si bien : "La vie est trop courte pour s'at...