04- Un cœur froissé

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FERMÍN LOPEZ Octobre 2024

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FERMÍN LOPEZ
Octobre 2024

— Fermin...?

Le bruit du bois brisé sous un poids humain derrière moi me fis sursauter. Je n'eus besoin de me retourner, que la personne m'ayant interpellé était déjà assise à côté de moi.

Aspen m'avait suivi. C'était l'une des seules à s'être inquiétée de mon départ inattendu. Je n'avais pas l'habitude de m'emporter, loin de moi l'envie d'être l'ami désagréable, mais la question et l'insistance de Pedro pour que je me dévoile m'avait pris de court, et je n'avais su répondre seulement par la colère.

Il était évident que je m'en voulais d'avoir haussé la voix, ce n'était pas moi. Mais bon Dieu, à quoi s'attendait-il !? Que je mette à dévoiler ma vie privée et mes traumatismes devant presque deux inconnues ?

Je n'sais pas ce que tu as compris derrière la question de Pedro, mais il nous a dit que ce n'était pas ce que tu as compris.

Je tournai lentement la tête vers elle, mes yeux scrutant chacun des détails de son visage que j'avais manqué au café. La manière dont elle mordillait sa lèvre inférieure, ses yeux qui se plissaient à un rythme régulier, tout.

Il ne pensait pas mal, j'en suis convaincue. Et il est pas bien de te savoir vexé.

— Je ne suis pas vexé.

Elle pivota sa tête sur la droite, l'air de dire "Hé ! Je ne suis pas dupe !", puis hocha la tête, ne cherchant pas à me faire parler davantage. J'avais, pour la première fois de ma vie, gâché une soirée entre potes et les retrouvailles d'Amalia et Aspen. Je devais me rendre à l'évidence : ma vie était à l'image des conseils de ma psy : nulle !

J'étais à deux doigts de m'accorder une petite session d'auto-apitoiement quand la voix d'Aspen me sortit de ma tourmente :

Tu veux rester ici, ou tu préfères qu'on rentre ? me laissa-t-elle le choix en recoiffant ses mèches rebelles dans son petit nœud rouge à l'arrière du crâne.

— On peut rentrer, j'imagine... Il n'est pas en colère ?

— Non, il est plus... disons... troublé ?

Je restai silencieux, la culpabilité me rongeant de l'intérieur. Aspen, à mes côtés, ne disait rien, mais je sentais qu'elle attendait quelque chose. Peut-être une explication... Mais je n'avais ni l'énergie, ni les mots pour la lui offrir.

Nous marchâmes en silence, nos pas froissant les feuilles mortes et humides sous nos pieds. Le chemin qui menait à la maison de ma meilleure amie semblait plus long que d'habitude, ou peut-être était-ce le poids de mes pensées qui ralentissait le temps.

Lorsque nous arrivâmes enfin devant la maison, Aspen s'immobilisa brusquement. Je levai les yeux vers elle, et la vis regarder fixement le sol, là où un petit parterre de fleurs sauvages avait pris racine. Elles étaient aussi froissées que mon cœur, mais leur beauté persistait malgré tout.

𝘵𝘩𝘦 𝘵𝘢𝘴𝘵𝘦 𝘰𝘧 𝘰𝘶𝘳 𝘮𝘦𝘮𝘰𝘳𝘪𝘦𝘴Où les histoires vivent. Découvrez maintenant