Partie 120 : Parce que ça doit être mon mektoub

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Je n'avais aucune idée sur ce dont il voulait me parler et je ne réfléchissais pas à ce qu'il pourrait me dire. Il pourrait s'agir de tout, il pourrait s'agir de rien, il pourrait s'agir d'une futilité ou au contraire d'une chose importante mais je ne préférais pas me faire de fausses idées, je ne voulais pas être déçu surtout que j'avais un pressentiment, intuition féminine comme on dit, je sentais que j'allais être déçue... encore une fois... mais vais-je avoir raison ? Car parfois mes intuitions sont fausses.

Je devais le voir un week-end et en attendant je me concentrais sur mon travail. Mes parents travaillaient tous les 2 le mois de juillet et ils partaient au bled en aout pour le ramadan.

Sofia & Skander vivaient tous les deux à la maison et Skander avait obtenu son diplôme d'infirmier. Mon bébé c'est une tête, il a toujours voulu faire ça et hamdoullah il avait réussi. Sofia bah elle faisait rien lol. Enfin, elle était galérienne à plein temps sur les bancs de la fac.

Pour ma part, j'avais reçu mes résultats du dut et al hamdoulillah je l'ai eu, mon père a été très fier et ma yemma aussi. Je comptais pas continuer et de chercher du travail après mon cdd inshaallah.

On arrive au week-end où je devais voir Karim car il voulait qu'on parle sah ! On devait se retrouver un dimanche, sur un parking vide d'un centre commercial. Hm chelou, c'était un drôle d'endroit pour donner « rendez-vous » mais pourquoi pas après tout, car avec Karim tout a été chelou dès le départ. Rien que sa rencontre a été chelou pour moi. J'étais pas préparée psychologiquement à le rencontrer, à rencontrer un homme qui m'aurait fait cet effet, à rencontrer un homme qui me ferait avancer, qui me ferait un peu oublier Hatem et qui me ferait des crises de jalousie pour aucune raison. Jamais je n'aurais cru rencontrer un homme qui aurait pris tant de place en si peu de temps mais parfois le mektoub nous surprend, parfois le mektoub nous réserve de belle surprise en soit. Etait-ce ma surprise du mektoub ce Karim ? Le futur allait me le dire, sauf qu'à ce moment là, dans ma vie, je n'en savais rien !

J'arrive tout sourire sur ce parking, et il est déjà là, posé sur son capot, un visage vide d'expression, ma foi pourquoi pas ! J'le salam comme à notre habitude, c'est-à-dire que je lui sers la main.

Il me dit de monter dans la voiture, tout ça en l'illustrant d'un signe de la tête. Alors je m'exécute et je monte. A son tour il monte et il ferme les portières à clés. J'me pose des questions, j'me demande pourquoi il fait ça, j'vois aucune utilité à fermer les portières alors qu'il retire la clé du contact... J'le regard avec des yeux ronds pleins de questions et timidement je lui dis.

-Moi : euh tu voulais qu'on parle Karim ?
-Karim : oué Souad...
-Moi : je t'écoute

Il était pensif, j'l'avais jamais vu comme ça, il a placé ses deux mains sur le volant de sa voiture, et il y a posé son front, on pouvait croire qu'il réfléchissait. Ou peut être il réfléchissait aux paroles qu'il allait me dire...

-Karim : écoute Souad, il y a des choses que j'tai pas dit depuis le début
-Moi : comment ça ?
-Karim : des choses que j'aurais du te dire, je t'ai pas menti wallah mais j't'ai pas tout dit...
-Moi : dit moi Karim.
-Karim : en faite ça fait plus d'un an que j'suis avec quelqu'un

« Ça fait plus d'un an que j'suis avec quelqu'un », wallah que j'me rappel mots pour mots que c'était exactement cette phrase qu'il m'a dit. A ce moment là j'suis tombée de haut, de très haut même. C'était trop beau pour être vrai, j'savais que tôt ou tard j'allais chuter, j'savais que quelque chose se cachait sous cette « relation » amicale, je le savais, j'attendais juste le moment où j'allais tomber une fois de plus. Mon intuition ne m'avait pas trompé. Le pire c'est qu'il me disait ça d'un air triste, grave et dégouté tout en ayant la tête baissée.

-Moi : quoi ? t'es pas sérieux là Karim
-Karim : j'suis désolée Souad wallah j's...
-Moi : Karim mais putain Karim tu t'rends compte de ce que tu fais ? mais putain mais Karim j't'avais demandé tu m'as menti
-Karim : mais j't'ai pas menti, j't'ai dit je patientais et oué je patiente jusqu'au mariage inshaallah
-Moi : à parce qu'en plus tu vas te marier ?
-Karim : je l'ai présenté à ma mère...
-Moi : quoi ? mais tu t'fou d'ma gueule Karim, mais tu cherchais quoi en me parlant ? mais putain tu l'savais que j'commençais à avoir des sentiments pour toi, on est pas des gamins putain (j'avais les yeux rouges, des larmes qui montaient mais pas pour pleurer, c'est parce que j'étais trop zahaf, c'était des larmes de haine, de rage...)
-Karim : MAIS PUTAIN TOI SOUAD. FERME TA GUEULE OK. T'AS CRU QU'IL Y A QUE TOI QUI SOUFFRE ? OH TU CROIS QUE T'ES LA SEULE ? ET MOI ALORS ET MOI TU CROIS QUOI ? ET WALLAH LAHDIM MOI AUSSI J'AI DES PUTAINS DE SENTIMENTS POUR TOI (il avait mis un gros coup dans le volant)
-Moi : ET MOI AUSSI J'PEUX CRIER. TU M'DEGOUTES ET TOI SI TU SOUFFRES C'EST DE TA FAUTE CAR T'AS VU TU M'AS FAIT QUOI ? TU M'AS PARLER, TU M'AS DEMANDER MON NUMERO ET TU LE SAVAIS QUE T'ETAIS AVEC QUELQU'UN
-Karim : TA GUEULE ET TA GUEULE SOUAD. J'SAVAIS PAS QUE J'ALLAIS M'ATTACHER. IL ETAIT TROP TARD J'POUVAIS PU NE PAS TE PARLER
-Moi : TU DEGOUTES. MISKINA TA FUTURE FEMME. LAISSE MOI SORTIR
-Karim : NAN TU SORS PAS
-Moi : MAIS PUTAIN LAISSE MOI SORTIR MERDE. TU M'ETOUFFE LAISSE MOI
-Karim : on en reparlera Souad
-Moi : laisse moi wallah t'approche pu de moi

Il a ouvert les portières et j'suis sortie. J'suis vite partie dans ma voiture et j'suis vite partie. J'revenais pas de la révélation qu'il venait de me faire. C'était trop pour moi, j'pouvais pas pardonner son erreur, enfin si je pouvais lui pardonner car j'suis qui pour ne pas pardonner ? j'suis qu'une créature d'Allah et Allah pardonne alors nous aussi. Mais j'voulais pu avoir à faire à lui. J'étais trop déçue de lui, peut être que j'm'attendais à trop venant de sa part j'en sais rien mais j'avais jamais été autant déçu jusqu'à présent. Même Hatem ne m'avait jamais déçu comme ça, peut être parce qu'Hatem j'lui pardonnais aussitôt ses erreurs, je sais pas.

J'suis rentrée chez moi et j'ai pleuré comme une k-soce, j'ai pleuré de rage, parce que j'm'étais faite avoir. J'avais trop de haine en moi et Karim il essayait de m'appeler. Il m'a tellement soulé que j'ai éteint mon téléphone, j'voulais pas l'entendre, j'voulais pu rien avoir avec lui.

Les jours ont suivi et chaque jour qui passait, il m'appelait, parfois en inconnu mais je répondais jamais alors il m'envoyait des messages, et j'ai répondu...

-Karim « Souad wallah smeh hbiba, j'tiens à toi, j'ai encore besoin de toi »
-Moi « trop tard Karim, zappe wallah, ça se fait pas »
-Karim « parle moi encore, amitié ? »
-Moi « j'peux pas wallah, arrête haychek, c'est pas possible »
-Karim « j'ai été trop vite avec l'autre, j'regrette d'm'avoir engager auprès d'elle »
-Moi « garde tes disquettes pour toi »
-Karim « wallah Sou, aucune disquette, je hleuf pas dans le vent »
-Moi « ok laisse moi maintenant, salam »

En sah, il venait de m'achever, de me tuer, de me blesser, de me casser en mille morceaux.

Les jours suivaient et j'ai puisé ma force dans le dine, comme à chaque fois que j'me faisais abattre Allah était là pour moi, j'restais longuement le front collé sur mon tapis en invoquant Allah.

Karim continuait de m'appeler, il « m'harcelait » mais j'répondais pas, la même à ses messages et petit à petit il s'est lassé et pendant ramadan en aout, il a totalement arrêté de m'envoyer des messages et de m'appeler. J'commençais à vivre pour moi mais j'avais un manque, j'avais ce manque de je ne sais quoi. Enfin si je le savais mais je n'osais me l'avouer.

J'parlais souvent avec Farès et je lui avais raconté le passage foireux de Karim dans ma vie, et Farès voulait le « défoncer ce p'tit pd » selon ses termes lol.

Hakim j'parlais toujours autant avec lui, mais cet été là, il avait décidé de partir les 2 mois en Egypte pour étudier l'islam donc j'avais pas trop de ses nouvelles.

Après cette rupture « amicale » d'avec Karim, j'm'étais de nouveau enfermée. J'étais renfermée, je bougeais plus, je faisais plus rien, j'avais pas la force d'aller au tarawih pendant ramadan. J'avais cette petite routine, boulot, maison et dodo. J'faisais rien d'autre. J'mettais pu un seul pied au quartier, j'sortais pu de chez moi, j'allais plus en ville, mes seules sorties étaient celles pour aller travailler. C'est ma routine pendant quelques semaines, voir quelques mois...

J'avais une routine qui m'a rendu totalement folle car dans ma routine je ne pouvais cesser de penser à Hatem. Dès que j'étais seule c'était le seul et unique homme qui revenait sans cesse dans mes pensées. C'était gueh de l'obsession car dès que je fermais les yeux, c'était son visage qui revenait, dès que j'étais dans le silence, c'était sa voix qui résonnait. Et pourtant je ne l'avais pas croisé depuis quelques mois déjà, aucun signe de vie de sa part, walou, j'savais pas ce qu'il devenait mais je savais qu'il m'obsédait. J'en pouvais plus et c'est là que j'ai décidé d'écrire...

Petite Cendrillon amoureuse du Prince du Ghetto [Chronique]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant