Chapitre 5 - Julia

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Habillée ainsi en petite tenue, mes longs cheveux noirs toujours maintenus par ma haute queue de cheval, je me contemple dans le miroir qui trône au milieu du vestiaire.

Je suis assez petite, très menue et la nature ne m'a pas gâtée au niveau des seins et des fesses. Mais bon, je ne suis pas hideuse non plus et mes courbes soulignent ma silhouette harmonieuse. Enfin, celle dont je me contente depuis 19 ans...

Mon regard se dirige alors vers les hauts talons sur lesquels je suis perchée.

Je ne pensais pas que ça pouvait faire aussi mal aux pieds, moi qui n'ai jamais quitté mes éternelles baskets !

C'est alors qu'on frappe à la porte, mais avant même que je réponde, celle-ci s'ouvre sur Jason. Il me rappelle que mon heure est venue d'un ton toujours aussi ferme et froid.

– C'est l'heure.

Je m'enroule dans la robe de chambre en soie noire avant de le rejoindre, et nous traversons la boîte de nuit peuplée d'individus peu recommandables.

D'un coup d'œil, je vois Michael le mec châtain, attablé. Il joue aux cartes avec ses acolytes. En me voyant, ses yeux s'écarquillent de surprise et les coins de sa bouche se relèvent d'un sourire des plus moqueurs. Il sait ce que je vais endurer, et visiblement ça le met en joie. À côté de lui, ses complices ne tardent pas à le rejoindre et tous me dévisagent avec des sourires ironiques.

Sales chiens ! pensé-je.

Jason me pousse un peu brutalement dans le dos, me faisant buter sur ces satanés de talons sur lesquels je me tords les chevilles, et me fait entrer dans un lieu qui est plus calme mais dont l'atmosphère est d'autant plus pesante. A priori, c'est là que tout va se passer, là où mon corps ne va plus m'appartenir. Il referme la porte derrière moi, me laissant seule, livrée à mon sort.

La lumière rouge, rose ou violette, m'éblouit un peu et, quand mes yeux se sont habitués, je vois plusieurs hommes. Ils sont assis sur un canapé en cuir brillant autour d'une table basse sur laquelle trônent des bouteilles d'alcools divers, des cigares et d'autres produits illicites.

Plus loin, quelques gardes du corps de l'organisation veillent à ce que rien ne dérape.

Parmi les hommes assis sur le canapé, je distingue un homme dont la taille doit frôler les deux mètres et qui arbore une splendide moustache à pointe bouclée. À côté de lui, un autre homme aux cheveux roux flamboyant, mi-longs, tombant sur la nuque, qui termine sa cigarette. Puis, un homme... beurk ! Rien que de voir son front luisant de sueur et son ventre proéminent me donne des haut-le-cœur.

Et enfin, lui, Tristan.

Quand ce dernier rencontre mes pupilles, je vois ses yeux émeraude se plisser légèrement et me sonder jusqu'au plus profond de mon âme. Dans d'autres circonstances, je lui aurais trouvé un charme et une beauté sans nom et j'aurais volontiers succombé, sans doute comme toutes les femmes qui ont eu le malheur de le croiser. Mais lui, ce diable, ne souhaite qu'une chose : me détruire.

Qu'il me détruise, j'en ai plus rien à foutre.

Actuellement, je ne ressens plus rien, pas même la peur. Ce n'est pas moi qui vais réagir, mais eux.

– Viens là.

La voix de Tristan donne le ton : le spectacle va commencer, comme mon calvaire. Du moins c'est ce que je pense. Ma passivité habituelle m'aide et, malgré la surprise que je leur prépare, je me comporte comme une bonne petite « esclave » et j'avance comme une marionnette.

MORSURE EMPOISONNÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant