MORSURE EMPOISONNÉE

Chapitre 38 - Jason

En voyant le corps sans vie de Julia gisant par terre, une vive douleur en coup de poignard traverse mon corps. Je sens que je blêmis et je suis pris de tremblements. Aussitôt, une image s'impose à mon esprit : celle du corps de Francesca, ma fiancée, que j'avais aussi découvert inerte, exsangue, mort.

Alors que tout le monde tire de part et d'autre, les Highster et les Cobras se livrant un dernier combat, en y ajoutant les derniers survivants du gang de Lorenzo, mon attention reste focalisée sur son corps.

Sans réfléchir, je m'allonge et je rampe vers elle. Par miracle, il semble qu'il y ait un consensus tacite pour l'éviter, créant un périmètre de sécurité dans lequel aucune balle ne pénètre. C'est comme si personne ne devait la blesser davantage, alors qu'elle n'est déjà très certainement plus parmi nous.

Je réussis à l'atteindre sans me faire toucher, puis j'attrape son corps et l'attire contre moi. Il faut maintenant que je nous tire de là pour nous mettre à l'abri des coups de feu. Je la tire péniblement sur la dalle en ciment, puis je m'adosse contre le mur froid et la serre entre mes bras de toutes mes forces.

– Julia... soufflé-je.

Du sang continue de s'écouler de ses deux blessures, l'une à la poitrine et l'autre dans le dos. Je sens encore son pouls, mais il est tellement faible que je crains qu'elle meure à tout instant. Je prends alors son visage entre mes mains tremblantes.

Je refuse qu'elle meure, je ne la laisserai pas mourir.

Alors que je défais ses liens, j'entends des sirènes au loin et je sais que d'autres policiers vont arriver.

Vite, ma Julia, on se tire d'ici. Je t'emmène...

Tout autour de moi, je vois des corps inertes. Un véritable bain de sang. Il m'est impossible de savoir s'il y aura des survivants et lesquels auront la chance de revoir le soleil. Mais pour l'instant ma seule préoccupation est que Julia vive.

Au fond de moi, je refuse de revivre la même tragédie qu'avec Francesca.

Je me relève rapidement et je la soulève sans difficultés dans mes bras, me dirigeant ensuite vers une sortie encore libre. Dehors, j'arpente les rues vides à la recherche d'un hôpital. Ce doit être mon jour de chance car une ambulance apparaît soudain dans mon champ de vision.

Sans hésitation, j'allonge Julia par terre à côté et je me mets au milieu de la route pour leur bloquer le passage. Surpris sans doute, l'ambulance pile et l'un des ambulanciers descend, pendant qu'un autre se dirige vers Julia.

– Sauvez-la !! Elle va mourir !! hurlé-je en leur désignant le corps.

– Vite ! Sur le brancard !!

Tous s'affairent auprès d'elle, l'installent sur le brancard et stoppent l'hémorragie évidente du mieux qu'ils peuvent.

– Vous êtes ?

– Son père ! mentis-je.

– Que s'est-il passé ?

– Une balle perdue...

– Montez, monsieur. On y va.

Je dis n'importe quoi pour ne pas être séparé d'elle et je bondis à l'arrière du véhicule. Là, je vois les soins que le médecin et les infirmiers prodiguent pour tenter de la maintenir en vie par tous les moyens.

Je me fiche bien de moi. Tout ce que je veux c'est qu'elle s'en sorte saine et sauve.

L'ambulance fonce vers l'hôpital le plus proche et, arrivés sur place, ils l'emmènent en soins intensifs. Bien que le personnel tente de me laisser dehors, j'impose ma présence.