Chapitre 9 - Julia

112 8 3
                                    

Je passe une nuit sans me réveiller et le lendemain matin arrive assez rapidement.

Comme prévu, avec plusieurs berlines noires et notamment celle du grand chef, une luxueuse voiture de sport, nous nous rendons au port qui appartient au gang des Cobras. C'est là que l'échange doit avoir lieu.

D'un accord tacite, aucun policier ou forces de l'ordre ne vient patrouiller dans le secteur. Comme s'en vantent mes « compagnons », ils ont le bras long...

Nous arrivons les premiers, la garde rapprochée de Tristan le cernant de près. Les autres membres se tiennent un peu plus loin mais tout autour, pour veiller à ce que tout se passe bien. Ils fument, bavardent et certains sont même installés à de petites tables à taper le carton.

Du coin de l'œil, je vois que Tristan a les yeux rivés sur ma personne. Je reste parfaitement droite et j'attends sagement l'arrivée du gang adverse.

Puis soudain, il s'approche de moi et me prend fermement le menton entre ses doigts avant de relever mon visage vers lui.

– Il paraît que tu as encore fait des tiennes, petite rebelle ? demande-t-il en tournant ma tête sur le côté pour observer le pansement qui dépasse de ma capuche.

– Fous-moi la paix et lâche-moi, réponds-je en me dégageant brusquement de sa poigne d'un mouvement de tête.

C'est à ce moment-là que – sauvée par le gong – on voit une voiture arriver devant nous qui s'arrête à notre hauteur. Trois hommes sortent du véhicule. Le trio du gang adverse est composé d'un homme d'un âge avancé qui semble être le dirigeant. À sa droite, un malabar aux bras aussi gros que tout le reste de son corps, et à sa gauche se trouve un minot qui doit avoir la vingtaine. Mais même s'il semble jeune et aussi novice que moi, il me dépasse d'une bonne tête.

Je me tiens non loin de Tristan . A priori, mon rôle consiste à aller livrer la marchandise, puis récupérer la valise et vérifier que le compte est bon.

Après les salutations et quelques échanges « cordiaux », le moment est venu. Je ne suis pas stressée, juste curieuse de voir comment les choses vont se dérouler.

C'est alors que le chef du groupe d'en face – qui se nomme Giovanni ai-je appris au cours de leur discussion – prend la parole pour ouvrir les hostilités.

– Comme convenu, je vous laisse vérifier avec Aaron, notre nouvelle recrue. Le compte y est, dit-il avec un sourire qui respirait la confiance en soi.

Je regarde Tristan et je constate que chez lui aussi les commissures de ses lèvres s'étirent.

– Même chose pour nous, Padre. Julia, notre petite nouvelle, vérifiera le compte et vous remettra la marchandise.

Apparemment, pensé-je, on peut être mafieux et respectueux. Padre est sans doute le surnom donné au doyen du gang adverse.

Je fais une moue appréciatrice en voyant le fameux Aaron s'avancer, deux valises à la main ; puis, arrivé à une dizaine de pas devant nous, il ouvre l'une d'elles pour nous montrer qu'elle est bien remplie de billets.

Pour ma part je n'en ai jamais vu autant ! Waouh ! Il y en a une palanquée ! Ma culture livresque n'est pas extraordinaire, mais là je ne peux m'empêcher de voir le fameux canard Picsou qui nage dans sa piscine de pièces d'or...

Giovanni n'a que faire de mes pensées et il enchaîne :

– Comme convenu, 25 000 $ dans celle-ci. Pareil pour l'autre, continue-t-il en tirant tranquillement sur sa clope.

MORSURE EMPOISONNÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant