Chapitre 36 - Julia

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Je me suis endormie rapidement, du moins en ai-je eu l'impression, mais le parfum qui flotte dans cette pièce m'est familier et c'est ce qui me tire de mes songes.

Mes cauchemars avaient souvent rapport avec Tristan, mais cette fois-ci, son parfum semble trop près, trop réel. Je reconnais l'odeur aussitôt : c'est celle de la chambre dans laquelle il a pris ma virginité...

D'un coup, j'ouvre les yeux, le cœur battant à tout rompre et je me rends compte avec horreur que mes deux poignets sont emprisonnés ensemble comme la dernière fois par des chaînes au-dessus de ma tête. Je suis aussi complètement nue, sauf que cette fois mes jambes sont libres.

Je hurle :

– Qu'est-ce que c'est que ça ? Tristan ! Détache-moi immédiatement !

Ça ne peut être que lui, je reconnais tout : son odeur à lui et l'odeur de cette foutue pièce. Je tente de me détacher, bougeant dans tous les sens, mais en vain. Puis mes yeux s'accoutument à la lumière tamisée, et la faible lueur qui émane de la petite lampe de chevet me permet d'apercevoir ce salaud. Il est là, devant moi, à quelques dizaines de centimètres. Les mains dans les poches, les manches de sa chemise blanche relevées au niveau de ses avant-bras et regardant à travers la fenêtre le paysage, toujours plongé dans la nuit.

Quoi ? Il m'a tirée de mon lit dans mon sommeil pour me ramener ici à mon insu ! Je ne me suis rendu compte de rien. J'ai été droguée ?...

Alors que j'ouvre la bouche pour parler, il me devance, le regard toujours fixé sur l'horizon.

– Julia, Julia, Julia... soupire-t-il d'un air las. Tu m'as encore déçu.

Je me mords l'intérieur de la joue.

Merde, il est au courant de mon escapade et de mon entrevue avec Xavier, mais comment ?

Il se tourne vers moi et plante son regard vert dans le mien, puis s'approche doucement du lit. Instinctivement, je ramène mes jambes vers moi en les croisant, lui faisant comprendre de façon explicite qu'il n'est pas le bienvenu.

– Dois-je te faire comprendre par un autre moyen que tu es à moi ?

Je me pince les lèvres et la panique me gagne quand j'entends ses paroles. Mais je décide de contre-attaquer :

– Si tu veux me punir comme la dernière fois, sache que tu ne me briseras pas cette fois-ci, lui dis-je d'un ton assuré, même si au fond de moi la peur grandit.

Il esquisse un sourire en coin. Mais cette fois-ci, son expression est plus douce, même si ses prunelles semblent dire le contraire : un regard malicieux, perfide et dangereux.

Tout mon corps est parcouru de frissons et je continue :

– Finissons-en : tu m'as utilisée, baisée et sacrifiée. Tue-moi maintenant, lui ordonné-je.

Mais confusément, je sens que cette fois-ci ce ne sera pas pareil.

Qu'est-ce que...

Tristan s'avance vers moi et s'assied sur le bord du lit, pendant que je suis pétrifié. Je n'ose plus bouger.

– Tu m'as appris une chose, ma petite Julia. Tu n'as pas peur qu'on te roue de coups, ton corps ne réagit pas à cette forme de violence, non. Mais par contre, tu réagis à autre chose...

Brusquement, je lance une jambe pour lui balancer un coup de pied en pleine figure, mais il l'arrête d'une main ferme et la bloque, provoquant ainsi ma stupéfaction. Puis il la pose simplement sur son épaule. Il se tourne ensuite et se retrouve maintenant entre mes jambes.

MORSURE EMPOISONNÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant