Partie 35 - Nick

92 12 0
                                    


Loki me regarde, surpris de me voir ici. Il est parti sans que j'ai eu l'occasion de lui parler. Je croirais presque à un coup du destin.

Où alors c'est ce moment là qui est un coup du destin, le fait qu'il soit encore là aussi tard. J'ai cru rêver en passant, voyant les lumières de l'étage allumées. Ça aurait pu être quelqu'un qui aurait oublié d'éteindre tout simplement. Mais un espoir, maigre espoir, qu'il soit encore là.

Reste quand même à déterminer ce qu'il faut encore là, à cette heure tardive - tôt ?

Le tic du micro-onde nous fait sursauter tous les deux. Encore. Pour la énième fois de la soirée, nous retrouvons exclue du monde qui nous entoure, et ceux à chaque fois que nos regards se croisent. J'en peux plus de ce scénario à l'eau de rose. On est pas dans un roman pour midinette, où les personnages tombent amoureux au premier regard, et ne voit plus que leur foutu âme-soeur dans leur univers. Dans la vraie vie les choses sont cruelles et moches. Nos sentiments ne sont jamais rendus de la même manière, et l'amour a une valeur sexuelle et commerciale plus que sentimentale.

Pourtant je voudrais décortiquer chaque petit bout de Loki. Mais pas depuis la première fois que je l'ai vu. Mais cette fois où, dans ma salle de bain, j'ai aperçu son dos nu, les cicatrices sur sa peau. Celles que j'ai eu aussi. Mais qui ont fini par partir, tout comme la douleur.

Je ne suis pas amoureux de Loki, il me plait c'est inévitable, m'intrigue, oui il est pire qu'un casse tête chinois. Moi de là dire que ce que cette obsession est de l'amour, c'est aller loin. Trop loin. Trop pour moi, pour nous et sûrement pour lui.

– Tu fais quoi là ?

Il ne me répond pas, soufflant, avant d'avancer dans la pièce. Sortant du micro-onde un bol, avec quelque chose d'infâme et difforme dedans.

– Ton repas de ce soir ? Pourquoi tu n'as pas mangé avant la course ?

Je reste sans réponse, il dépose son bol sur la petite table, sort une bouteille d'eau du frigo. Je regarde autour de moi, sur le canapé de la salle de pause, un plaid rouge qui n'est pas à l'atelier. Au pied du canapé un vieux sac de sport noir usé. De loin, j'entends le ronronnement de la machine à laver.

– Laisse moi juste dormir ici ce soir, je serai plus là demain. Je rendrais ma démission à Samantha et Alexeï, tu n'auras r-

– Attends, de quoi tu parles ? le coupais-je.

Il regard le sol en se balançant d'un pied à l'autre.

C'est là, hésitant qu'il m'avoue qu'il squatte là depuis plusieurs semaines, parce qu'il s'est fait expulsé de son appart. C'est la solution à court terme qu'il a trouvé, et qui n'embête personne. Du moins tant que personne ne le découvrait.

Il me jure un nombre incalculable qu'il ne sera plus là demain. Qu'il ne voulait causer de problème à personne. Mais tout ce que j'entend c'est qu'il va disparaître. Qu'il veut partir loin de moi. J'en exclue presque le fait qu'il n'ai plus de logement.

Tout ce que mon cerveau voit, c'est qu'encore une fois je commence à m'engager vers quelqu'un et que cette personne veut partir.

Je ne veux pas revivre ça, pas une fois de plus.

– Tu vas pas manger ça, prends tes affaires et suis moi.

– Attends, quoi ? Tu ... Tu m'as écouté ? Nick-

Je n'entends pas la fin de sa phrase, entreprenant moi-même d'entrer en mouvement. Récupérant le bol tiède sur la table, jetant son contenu dans la poubelle. Me déplaçant pour le mettre dans le petit lave vaisselle. Loki est interloqué par ce que je fais, ne bouge pas d'un poil. Je continue à me mouvoir autour de lui, sans le toucher, attrapant son sac, y mettant le plaid rouge duveteux.

Russian love - NickolasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant