𝐋'𝐈𝐌𝐏𝐄𝐑𝐀𝐓𝐑𝐈𝐂𝐄 𝐃𝐄𝐒 𝐅𝐄𝐌𝐌𝐄𝐒

Chapitre 15 - P3

ℳ𝒶𝒾

~~~

Les allées du palais sont calmes à l'étage. Seuls nos pas résonnent doucement, bien que Rose marche tellement lentement devant moi que j’ai l’impression de traîner des pieds à son rythme.

Il doit être environ 21h30. Je me sens légère après cette soirée. Le buffet était tout simplement délicieux et l'ambiance était parfaite, une vraie réussite !

En repensant à la commandante, je dois avouer qu’elle n’était pas tout à fait comme je l’avais imaginée. Elle dégageait une froideur certaine malgré son sourire poli et des manières impeccables. C’est une drôle de nuance, je trouve... Nous n'avons pas réellement eu l’occasion d’échanger beaucoup, elle était surtout absorbée par sa conversation avec Rick. J’aurais aimé mieux la connaître, mais quelque part, ça m’a rassurée d'avoir une certaine distance avec elle pour une première rencontre.

En fin de compte, j’ai passé la majeure partie de la soirée avec Rose. On s’est assises tranquillement, un petit verre de champagne à la main, à parler de musique et de bouffe. Rien de bien sérieux, mais c’était exactement ce dont j’avais besoin. La soirée était sans pression, simplement agréable.

Enfin... presque sans pression. Rose a tout fait pour que personne ne devine notre secret. Elle n’a quasiment rien mangé, à peine touché à son verre. À plusieurs reprises, je lui ai demandé comment elle allait, mais elle répétait sans cesse que tout allait bien.

La seule chose qui lui a fait réaliser qu'elle poussait peut-être un peu trop loin son corps, c’est quand je lui ai fait remarquer que des gouttes de sueur dévalaient sa tempe. Maintenant, je la suis dans les couloirs, elle s’est enfin décidée à partir se reposer.

La jeune femme semble à bout de force, ses mains tremblent légèrement. Elle s’appuie de plus en plus sur les murs pour rester debout. La situation devient progressivement alarmante.

Je me hâte sur quelques petits mètres pour l'atteindre. Ma main se pose dans son dos où je la sens fébrile.

- Madame Wakins aurait peut-être dû ne pas rester ce soir, tu ne penses pas ? Lui adressé-je.

- J'ai des responsabilités... Je dois encore accueillir l'équipe d'Asami, demain. Sa voix est d'une lourdeur...

- Je tiens vraiment à ce qu'on appelle une médecin, Rose. Je sais que c'est pas vraiment l'heure pour, mais si demain tu ne peux pas rester au lit, ce serait la moindre des choses...

Elle avale difficilement, son visage pâle et inexpressif. Je ralentis la cadence, voyant qu’elle ne répond pas. Elle commence à devenir chaude et à transpirer de nouvelles gouttes qui perlent sur son front.

- Rose, on l’appelle ? Insisté-je doucement.

Elle secoue la tête avec un effort visible.

- Non, on verra demain. Je vais aller dormir. Bafouille-t-elle.

Sa voix se fait de plus en plus faible, elle chancèle. Je pose ma main sur son bras, la trouvant brûlante au toucher.

- Tu es brûlante, tu peux pas simplement aller dormir dans cet état. Il faut vraiment qu’on appelle quelqu’un pour t’examiner, tu comprends ?

Elle lutte pour garder les yeux ouverts, son visage marbré de sueur.

- Je suis fatiguée... Je veux juste dormir...

- Non, je ne vais pas te laisser comme ça, tu ne pourras rien dire pour me faire changer d'avis, tu m'avais promis...

De plus en plus affaiblie, la reine commence à s'accrocher à moi, cherchant du soutien alors qu'elle vacille de plus en plus. Soudain, la panique monte en moi. Les larmes me montent aux yeux. Mon rythme cardiaque s'accélère et je sens un poids écrasant dans ma poitrine.

- Je suis là... On... On va aller te coucher, je vais t'aider, d'accord ? Supplié-je en essayant de garder ma voix stable malgré l’émotion.

Ses genoux fléchissent soudainement, elle tombe à terre, les yeux mi-clos. Je me précipite à ses côtés, la maintenant fermement contre moi.

- Rose, réponds-moi. Dis-moi quelque chose, s'il te plait.

Elle reste immobile, les yeux fermés et la respiration saccadée. Aucune réponse de sa part, elle ne répond plus. Je la secoue légèrement, une vague de panique m'envahissant alors que je la sens s'évanouir. Son corps devient peu à peu lourd et inerte dans mes bras.

- Non, non ! Il faut absolument que tu restes éveillée !

En proie à une terreur qui me contrôle, je crie à l'aide, ma voix cassée par la peur.

- S'il vous plait ! Aidez-moi, j'ai besoin d'aide ! La reine perd connaissance !

Les larmes coulent abondamment sur mes joues. Je suis désemparée, je n'arrive plus à réfléchir, mon esprit est noyé dans l’urgence.