27.

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Je suis émerveillée.
Cette ville n'a rien que je ne connais pas, mais c'est son symbole qui m'émerveille.
Le fait que des gens vivent ici, sans oppression, sans limites et sans craintes.

Libres.

Les toits des maisons sont affaissés et les vitres sont cassées. La route est pavée et on devine que les Sauvages l'ont réparée à quelques endroits seulement. Ça ressemble vraiment aux petits villages que l'on nous montrait sur des photos : des maisons à deux étages, des minuscules balcons, des velux. La seule différence ici, c'est que l'on voit bien que le village à traversé le temps.

Je vois le visage heureux d'Edan. Jude et les jumeaux sont tout aussi émerveillés.

- C'est gigantesque, déclare Judith.

Nous lâchons tous un rire ce qui attire les regards des habitants.
Soudain, un grand bruit se fait entendre : quelqu'un a lâché une grande corbeille en bois et nous dévisage, apeuré. Puis à l'aide de ses deux doigts qu'il met dans sa bouche, il siffle tellement fort que j'ai envie de couvrir mes oreilles de mes mains. Toute la rue se tourne vers l'homme et il nous ponte du doigts pour attirer l'oeil sur nous. Tous s'immobilisent, on peut voir plusieurs émotions traverser leurs visages. Ils ne bougent pas jusqu'au moment où un petit bonhomme court en nous tournant le dos. Tout le monde le suit en courant en poussant parfois des cris stridents et nous voilà seuls dans cette petit rue pavée.

- Ils vont prévenir le Grand-Maître, dit Edan. Levez vos mains en l'air et mettez-vous à genoux. Ils vont comprendre.

Nous obéissons à ses ordres. Après plusieurs minutes d'attentes, des dizaines d'hommes se dirigent vers nous. Ils ont le visage fermé et menaçant.

- Restez où vous êtes ! Cri l'un. Ne bougez pas !

Je crois apercevoir des lances en bois surmontées d'un pique en pierre dans leurs mains mais ils sont habillés très simplement avec des pantalons en lin et des tuniques de la même matière.

- Que voulez-vous ?! Reprend le même homme.

Il est grand et trapu. Ses épaules carrées sont supportées par un buste imposant et des jambes musclées.
Edan répond.

- Je suis Edan. Chasseur. Numéro trente-quatre. Je reviens avec mes amis pour me libérer de la ville.

Un silence s'installe pendant lequel l'homme nous dévisage un par un.
Je n'ose pas bouger, j'ai peur de leurs lances, j'ai peur de leurs yeux.

- Comment s'appelle le Grand-Maître ?

Cette question semble être une question test.
Si nous répondons quelque chose de faux, je devine à quoi vont servir ces lances.
Cette fois-ci le silence se fait pesant. Le monde semble s'être arrêté de fonctionner.
Par sa voix forte et grave, Edan répond sans hésitation :

- Alphonse !

Tout le monde se détend.
Les hommes piquent leurs lances dans le sol et celui que je devine être le chef s'avance vers nous.

- Vous pouvez vous lever.

Sa voix toujours autoritaire est un peu moins froide mais nous n'en sommes pas moins terrifiés.
Il a serré la main d'Edan et lui administre une tape dans le dos.

- Je savais que tu allais revenir mon grand, tu es un homme brave.

Edan hoche la tête et je me rapproche de lui. En me voyant, il sourit puis prend ma main. Je la saisis avec impatience. Cela fait trois jours que nous n'avons pas eu notre intimité. Trois jours que nous ne sommes pas embrassés et la chaleur de sa peau me manque.
Le contact de sa paume me redonne presque vie et il m'attire à lui pour poser sa main sur ma taille, je pose aussi la mienne sur sa taille et je ferme les yeux.

GéniteursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant